Suite à la démission d'Aurélien Rousseau du fait de son désaccord avec la loi immigration - ce qui est tout à son honneur - une nouvelle ministre de la santé fait fonction depuis trois jours. C'est la sixième à occuper ce poste en six ans, après Agnès Buzyn Olivier Véran Brigitte Bourguignon François Braun et Aurélien Rousseau.
En France, une personne visée par une enquête judiciaire depuis plusieurs mois, en l'occurence Agnès Firmin Le Bodo, peut être nommée ministre par intérim. Que lui est-il reproché ? Eh bien tout simplement d'avoir reçu alors qu'elle était pharmacienne des cadeaux d'une firme pharmaceutique (ce n'était pas des stylos, les cadeaux, mais un peu plus de 20 000 euros de produits de luxe) alors que c'est interdit, et qui plus est sans les avoir déclarés. De ces faits et de ce qu'ils impliquent, Mediapart s'émeut.
Pendant ce temps, le système de santé s'effondre chaque jour un peu plus. À Strasbourg où je vis, après le déclenchement du plan blanc il y a quelques jours, une unité mobile de pompiers a été installée aux urgences de l'hôpital pour désengorger un peu l'attente des ambulances amenant des patients. Ces pompiers ne sont pas formés aux gestes médicaux, les patients ne seront pas pris en charge et soignés plus rapidement, il s'agit juste d'une salle d'attente supplémentaire.
Qu'a dit Agnès Firmin Le Bodo peu avant l'ouverture de l'enquête judiciaire la concernant, au moment où l'assemblée nationale a voté l'abrogation de l'obligation vaccinale des soignants contre le covid, ce qui aurait permis qu'ils puissent reprendre le travail sereinement ? Que c'était "inacceptable".
Chacun sa conception de ce qui est acceptable ou non.
En cette fin d'année 2023, la loi du 5 août 2021 reste en vigueur puisque son abrogation n'a pas été traitée au sénat. Du jour au lendemain, par simple décret, des soignants pourraient donc à nouveau être écartés du système de soins. Alors que le fait d'être vacciné contre le covid ne garantit strictement rien quant à la protection d'autrui, tout le monde le sait maintenant.
Aurons-nous un ou une septième ministre de la santé au mois de janvier, un.e ministre qui, plutôt que de boire du champagne, puisse travailler à ce que la santé ne soit pas traitée comme une marchandise et le système de soins comme une entreprise ?