Il y a celle qui est reçue par son chef, en amont et pour préparer sa réintégration. Il lui explique ce qui a été pensé pour le retour des personnes "suspendues", proposition d'affectation dans un autre service en cas de collègue réticent, travail en doublure pendant deux mois pour les infirmiers, ensemble des salariés prévenus d'avoir à faire bon accueil aux professionnels qui reviennent car ils ont été courageux.
Il y a l'infirmière qui, avant même la parution du décret, reçoit une lettre en RAR lui annonçant son affectation le 15 mai sur un poste de secrétaire médicale, et en cas de non présentation sa radiation.
Il y a l'éducateur qui se voit attribuer un poste dans les services du ménage.
Il y a ceux qui attendent, et n'ont aucune nouvelle.
Il y a aussi tous ceux qui reçoivent des courriers en RAR les informant d'avoir à se présenter à un entretien ou même à un poste dès le lendemain. Parfois le jour-même, en fonction du moment où ils récupèrent le courrier.
Alors que cela fait 20 mois qu'ils ont été brutalement éjectés, parfois 20 mois qu'ils n'ont pas travaillé.
Il y a ceux qui se voient proposer un poste très différent dans son organisation pratique de celui qu'ils avaient avant la suspension.
Il y a tous ceux qui ne peuvent envisager d'y retourner et qui cherchent la meilleure issue.
Il y a celle à qui il est demandé de faire prolonger son arrêt maladie qui arrive à échéance cinq jours avant la date de "réintégration" annoncée.
Il y a ceux à qui leurs collègues disent qu'ils ont eu raison dans leur refus.
Il y a celui qui est applaudi par ses collègues lorsqu'il arrive dans la cour de son établissement. Mais que sa cheffe ne salue pas.