Le 16 mars 2020, un billet de blog important a été publié sur Mediapart.
Ce jour-là, veille du grand confinement qui a vu les rues se vider et la vie modifiée en profondeur, chacun essayait de se préparer, parfois en écrivant ou réfléchissant à ce qui nous arrivait, souvent en prenant des dispositions concrètes. Files d'attente s'étirant devant les magasins, provisions absurdes et rayons dévalisés, masques et distanciation sociale ont marqué cette dernière journée d'une façon très particulière, dans une ambiance de peur et d'incrédulité générale.
Ce jour-là, le président de la république a martelé que nous étions "en guerre".
A ce moment-là, des choix financiers sans précédent ont été faits par le gouvernement, aides pour soutenir les entreprises dont l'activité avait subitement dû cesser et, surtout, investissement dans l'industrie pharmaceutique avec en particulier l'achat massif de vaccins.
Durant cette période totalement inédite, certains ont d'emblée replacé cette crise sanitaire dans son contexte, son origine liée à nos modes de vie modernes où l'humain ne respecte plus le vivant et circule de manière effrénée.
Dès le confinement, les scientifiques qui alertent depuis des décennies ont interrogé similitudes et écarts entre crise sanitaire et crise climatique.
Des ONG se sont mobilisées pour intégrer ce que nous vivions dans une réflexion globale, avec l'espoir que ce qui était en cours pourait être pris en compte pour arriver à réfléchir et à freiner notre fuite en avant vers la catastrophe climatique et environnementale à venir.
Ces penseurs, celui du billet et ceux-là, veulent un vrai changement de paradigme.
Lors du confinement, certains d'entre nous ont entrevu la possibilité et l'intérêt de vivre autrement. Bien peu au final ont fait le pas. Car très vite la vie a repris comme avant. Seule l'adaptation à ce qui continuait à être nommé "crise sanitaire" ou même "état d'urgence sanitaire" nous a occupés, entretenue par des contraintes répétées et des injonctions à une vaccination présentée comme la solution miracle pour retrouver notre vie d'avant. Alors que dans l'épreuve traversée collectivement avait surgi l'espoir d'un tournant vers une vie différente, nous sommes revenus en arrière.
Pourtant les scientifiques continuent à alerter sur ce qui est en cours, et aura des conséquences bien plus graves qu'une pandémie qui suit son évolution naturelle et dont la létalité reste au final heureusement très faible. Nous aurons probablement à faire face à d'autres crises sanitaires plus graves, lors desquelles nous devrons de toute évidence faire appel à des moyens différents de ceux déployés depuis près de trois ans pour lutter contre le covid.
Et n'est-il pas plus qu'urgent de considérer la globalité des changements en cours pour affronter au mieux ce qui nous attend et aller vers la vie à venir ?
Que faudra-t-il pour que le réel problème, celui du changement climatique qui s’accélère inéluctablement, soit enfin pris en compte à sa juste mesure ? Faudra-t-il que nos maisons soient détruites par des événements climatiques majeurs ? Que nos robinets se tarissent ? Que nos proches meurent de pathologies respiratoires liées à la pollution ?
À quand un "état d'urgence climatique", avec des mesures fortes et efficaces ?
Ce qui a pu être mobilisé lors de la crise du covid, l'ampleur des mesures prises et des moyens déployés, alors qu'en ce qui concerne le changement climatique notre gouvernement reste étrangement inactif, ne peut qu'interroger. La question des intérêts financiers immédiats en jeu est certainement centrale dans les actions mises en œuvre, mais l'absence de projection dans un avenir pourtant proche et qui nous concerne tous, chacun de nous, nos enfants et nos petits-enfants, questionne.
La peur d'une mort proche et le fait d'être soi-même directement et actuellement touché par un phénomène seraient-ils les leviers indispensables pour que nous réagissions, leviers sans lesquels notre aveuglement et notre léthargie reprennent inexorablement le dessus ?