C’est un cri du cœur, un appel, une interpellation, presque une injonction : à l’heure où vous visitez Marseille, nous vous rappelons l'urgence d'une véritable révolution dans nos usages et infrastructures pour l'eau, notre bien commun.
La situation actuelle de cette ressource stratégique est critique à tous les égards. Des conflits armés éclatent à travers le monde, alimentés par la quête de contrôle de l'eau. Nous sommes désormais confrontés à un réel danger de pénurie d'eau à l'échelle nationale, dans nos propres territoires. Cette crise de l'eau ne touche pas seulement notre approvisionnement, elle affecte également la précieuse biodiversité, ajoutant une pression supplémentaire sur la faune et la flore déjà fragilisées.
Il suffit de se remémorer les mots inspirants de Nelson Mandela : "La véritable richesse d'une nation réside dans la santé de son peuple et dans l'abondance de ses ressources en eau." Face à cette situation, il est de notre devoir de réagir avec une détermination renforcée, à tous les niveaux. Nous devons agir collectivement, exiger des changements systémiques et mettre en place des politiques ambitieuses pour une gestion durable de l'eau. Il en va de notre avenir et de la préservation de cette ressource vitale pour les générations à venir.
Marseille est en première ligne et votre gouvernement en a déjà pris conscience. À l’écoute des alertes, vous avez présenté un plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau, 53 mesures que nous saluons. Cependant, face à une situation aussi alarmante, il est essentiel d'agir plus vite et plus fort.
La sécheresse, le manque de pluie et l'épuisement des nappes phréatiques sévissent chez nous. Les fleuves de Marseille sont à sec près de 10 mois sur 12. Pire, le grand Rhône, notre voisin, menace de disparaître d'ici 2070, conséquence inévitable du dérèglement climatique.
Marseille, "hotspot" de biodiversité, est sensible aux conséquences du changement climatique. Les canaux de Marseille et de Provence seront insuffisants pour endiguer les conséquences de demain.
La crise a en réalité déjà commencé : nous n’avons pas connu d’hiver et l’alerte sécheresse préfectorale est déclenchée depuis le mois de février. Et dans le même temps, votre action est insuffisante. Au moment où la Cour des comptes pointe que la gestion de l’eau “en France est inadaptée à la raréfaction de la ressource”, vous continuez de soutenir les méga-bassines, allant jusqu’à dissoudre des mouvements comme celui des Soulèvements de la Terre.
Entendez le tsunami qui submerge, il faut agir et vite ! Vous nous répondez “responsabilité individuelle”. Les gestes individuels ont leur importance, mais ils ne suffiront pas. Il est illusoire de croire qu'une simple campagne de sensibilisation sauvera notre planète. La responsabilité ne peut reposer uniquement sur les individus.
Nous prônons une véritable révolution des pratiques, une transformation profonde de nos modes de fonctionnement. Il est temps d'agir collectivement, de demander des changements systémiques et de mettre en place des politiques ambitieuses pour une gestion durable de l'eau. Notre avenir en dépend.
Mettons un terme à la privatisation de l'eau, à son détournement au profit des intérêts mercantiles. Réorientons les priorités : préserver et redonner à l'eau sa juste place.
Nous demandons à l'État de réguler fermement les consommations d'eau inutiles et accessoires qui portent préjudice à la ressource. Il est impératif de privilégier des usages et modes de production sobres en eau, respectueux du cycle de la ressource. Des dérogations préfectorales accordées aux golfs et aux hippodromes doivent cesser. Des millions de litres d'eau douce sont perdus et déversés chaque année dans l'étang de Berre à St Chamas.
Pour les collectivités, les chantiers à entreprendre sont d'une ampleur considérable, les marges de progression sont immenses : réparer et entretenir des réseaux d'eau vieillissants, optimiser la gestion des canalisations et déployer de nouveaux réseaux intelligents, mettre en place plusieurs circuits d'eau distincts (eau potable, eaux usées, eaux pluviales, eaux retraitées...) pour permettre de nouvelles utilisations qui éviteront demain de laver les rues et les places ou d'arroser les espaces verts avec une eau potable pourtant si précieuse ! De plus, l'absence de réseau secondaire et de récupération des eaux pluviales a un impact de plus en plus néfaste sur l'état écologique de notre mer Méditerranée.
Et pour accomplir ces transformations, nous avons besoin d'aide, rapidement !
Faites de ce moment à Marseille le temps d’une prise de conscience collective, d’un changement de paradigme. Vous avez l’occasion de proposer une nouvelle vision de l’eau. Œuvrons pour un avenir où cette ressource vitale est préservée et partagée par tous.
Eau secours, Monsieur le Président !
Christine Juste (Adjointe au Maire de Marseille déléguée à l’environnement), Perrine Prigent (Conseillère municipale, conseillère métropolitaine de Marseille), Didier Jau (Maire des 4ème et 5ème arrondissements de Marseille), Jean-Marc Signes (Conseiller d'arrondissement des 11e et 12e arrondissements de Marseille, conseiller métropolitain), Marie Ebermeyer (Conseillère municipale à Le Tholonet), René Tassy (Adjoint au Maire de Gignac la Nerthe), Chahidati Soilihi (Adjointe au Maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille en charge de la Solidarité et de l’écologie populaire), Nassurdine Haidari (Militant écologiste, responsable associatif), Christian Caroz (Ex-adjoint au Maire de Martigues), Christian Pellicani (Conseiller métropolitain, Président National du MNLE Réseau Humanité Nature, Bertrand Connin (Conseiller municipal à Septème-les-Vallons), Caroline Rimbaud-Minot (ancienne Conseillère municipale de Martigues), Hélène Haensler (Conseillère municipale à Salon de Provence)