Ils sont cinq, il est 17 heures, ils frappent à la porte de 익산 노동자의집 (la maison des travailleurs Iksan) "Pang obsoyo."( pas de chambre)) je reconnais qu'ils sont philippins, au moins pour trois d'entre eux, je vais apprendre par la suite en mixant le coréen et l'anglais que les deux autres sont du Sri Lanka et de l'Indonésie Ils se sont battus dans leur dortoir et le patron les a expulsés; beaucoup de travailleurs immigrés dorment dans des dortoirs au coeur même des entreprises,les couples mariés sont séparés, perdre son travail, c' est aussi perdre son lit! La confiance s' installe , les explications arrivent, Les mots se succèdent aux mots, l'alcool, une petite pièce ou il faut vivre à cinq au milieu de trois cultures, la nourriture, les habitudes, les mots qui manquent pour se parler, des conditions de travail difficiles, l' absence de femme et le clash: les mots et les poings qui pleuvent sur celui qui dans son délire alcoolique s'est laissé aller à fracasser 2 bouteilles de Soju au milieu de la petite chambre commune. De quoi nous faire méditer sur la richesse des différences qui ne peuvent s 'exprimer réellement que si les conditions sont réunies pour cela. Il faut une distance assurée pour pouvoir se réjouir de la rencontre. il est plus facile à un parisien habitant dans un appartement de disserter sur les richesses des diversités que pour cinq travailleurs migrants rassemblés dans l'espace réduit que le satchangnim (le patron) a bien voulu leur laisser. J'aime la poésie surtout Neruda mais pour l'instant il faut se remettre à tâtonner , écouter ,accompagner. Ils seront accueillis dans notre foyer sauf un, celui avec lequel ils se sont battus, il faut trouver une chambre pour lui, ne pas prendre le risque d' une nouvelle bagarre. Une nuit au yogwan (petit hôtel). On appelle le patron il doit reprendre celui qui a été battu, les autres ne veulent pas retourner dans cette usine.Un seul repas par jour, un salaire de 500 euros par mois dont la moitié sera utilisée pour vivre ici, leur principal regret pas d' heures supplémentaires dans cette entreprise pour pouvoir gagner plus...ils ont fui la misère , ils ont des projets de retour, des enfants à envoyer à l'école, des parents à soigner, il faut gagner de l'argent le plus que l'on peut.... C'est aussi cela lutter pour le monde des travailleurs! La nuit s' installe enveloppée du son de la pluie de mousson,ils sont des milliers a travailler dans la nuit et les autres à enfouir leur peine ou un visage lointain au coeur du sommeil.
Billet de blog 1 juillet 2011
Pas de chambre 방 없어요!
Ils sont cinq, il est 17 heures, ils frappent à la porte de 익산 노동자의집 (la maison des travailleurs Iksan) "Pang obsoyo."( pas de chambre)) je reconnais qu'ils sont philippins, au moins pour trois d'entre eux, je vais apprendre par la suite en mixant le coréen et l'anglais que les deux autres sont du Sri Lanka et de l'Indonésie Ils se sont battus dans leur dortoir et le patron les a expulsés;
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