
Agrandissement : Illustration 1

"Ce qui est triste est ce sentiment de ne pas avoir assez d'argent pour acheter à manger". Philippe (anonyme de la rue Brezin, Paris 14)
(1) La légèreté n'est pas pour les pauvres. C'est la tension nerveuse du manque de confort - d'emploi fixe relatif aux compétences - qui enrage, révolte, rend rebelle. Être léger, conservateur, à la cuirasse tendue, ou replié sur un idéal de beauté Grecque est fait pour les petits bourgeois qui manifestent allègrement leur absence de pensée. Tel est le nouvel âge du décervelage. Une société de petits conforts, de consommation et des "loisirs forcés". Wall-Disney tutélaire des puissances des divertissements. Comme dit Cynthia Fleury : "La majorité de ceux qui mènent une vie absurde ne sont pas encore conscients de ce malheur. C'est la vie qu'on les contraint à mener qui les empêche de percevoir qu'elle est absurde. Voilà pourquoi ils ne font rien contre elle. Mieux : même ce qu'ils font à côté de cette vie absurde est quelque chose qu'on fait à leur place, quelque chose qu'on leur livre. [...]. Ils s'acquittent de leur plaisir servilement, tout aussi servilement qu'ils s'acquittent de leur job.". La légèreté, ne se conjugue pas avec la dimension tragique et empathique - non embourgeoisée - de la vie. La pauvreté économique n'est que rarement comprise. Même les travailleurs sociaux - qui sont mes étudiants depuis 5 ans - pensent qu'il faut ne pas être dépressif, avoir la foi, revenir et revenir telle une vague incessante au devant des organismes sociaux. Leur souci est de se croire libres. Car ils ne sont, la plupart du temps pas suffisamment instruits, en économie, sociologie, sciences politiques et déterminations diverses (biologiques et médicales) pour entendre et prendre conscience du manque de liberté dans lequel nous sommes. La petite clause-moyenne n'a nullement à l'esprit : la teneur de ses chaines. S'ils se croient libres, cela est pour éviter de penser. Regarder le grand spectacle obscène à la télévision, qui leur fait office de "bruit de fond"... - faux-bourdon structurant leurs pensées ; ainsi des cris des enfants, les couches, les sorties adolescentes, des courses incessantes, des visites chez le pédiatre, de la maladie chronique et psychosomatique qui revient sans cesse : les angoisses... - le bal continue : fait de weekends organisés à la mer ou à l'étranger, de travail esclavagiste qui ponctue les trois-quarts du temps, parfois on souffle, c'est la rencontre d'un coup d'un soir, au champagne et ça continue : réveil, enfants, robotisations du corps, petit déjeuner, bureau ou tâches diverses avec les collègues, "re-tour-enfants, sport et musique, goûter, dîner, on gueule, parfois c'est cinéma ce qui change un peu de Ushuaia et puis enfin c'est le retour au lit. "Bonne nuit, les petits !". Evidemment, avec insomnie. Parce qu'on est pas pour les psys, les les nuits sans insoumises sont des nuits où l'on ne sent pas souffrir. Ce n'est pas ce que nous cherchons... Monothéistes, nous sommes. Alors, mais que dire de plus ? Les pauvres sont les prolétaires de la culture, les individus privés de leur savoir, de leur technique de métier, de leur richesse sociale. La vie de pauvre est celle de gens qui, du fait de leur amour de la "nature", ne lisent plus.
(2) "Pour commencer, nous allons faire les petites choses faciles. Petit à petit, nous nous attaquerons aux grandes. Et, quand les grandes choses seront faites, nous entreprendrons les choses impossibles". disait Saint François d'Assise. Se déprendre de la sidération, de la domestication ; la est la joyeuse liberté. L'mancipation est une des plus belles choses qui soit offerte par la vie. La fascination verbale relève du fascisme. D'ailleurs, il n'y pas d'ailleurs, tout est ici ; présent. Dans la pauvreté immédiate - non libérale, sans images, sans spectacle, sans cravates, sans toute la sempiternelle mascarade - car d'une société pourrie de l'intérieur nous n'en voulons pas... Pauvres, ermites, vivant de peu ; nous vivons heureux. Là est une puissance. vivre en ne délirant pas sur les objets (l'avoir), vivre pour l'esprit et sa modeste dignité, libre et non pour cette excrément miroir de l’ égout, qu'est l'argent.
Je vis sans désirer d'objets. C'est une force de l'âme. Ni propriétaire, ni salarié, ni attaché à "une meute" ou une fratrie, pas plus que devant répondre à des ordres de quiconque, tel un taureau en liberté, volcanique, évitant toutes formes de castrations ; je m'adonne à l'ORDRE. Ce sont les mots, il s'agit de mettre en ordre les mots, les signes, les peintures, les dessins, les petits morceaux de bonheur. Musicalités. Entrelacées sous forme de papier, où sur la nappe se laisse voir ma pauvreté, cette richesse, ce pouvoir de n'être soustrait à aucunes contraintes. Il est possible d'être fier d'être pauvre. Dans la mesure où ceux qui fuient la pauvreté sont des être qui fantasment l'avoir, les objets, le confort, ayant peur, ils ne sont pas COURAGEUX. Je suis un oiseau. Décroissant. Volant, à travers les noirs-sur-blancs. Seul, fier et avec humilité : arrogant.
(3) La forme d’obtention d’argent associée à la gestion d’une famille possède une limite ; l’acquisition illimitée de la fortune n’est pas son affaire » (Aristote, Le Politique, IX).
Ceux qui possèdent de l'argent méprisent ou ignorent ceux qui n'en ont pas. Mais pourquoi ces derniers n'en ont-ils pas ? Au premier abord, il y a des individus qui, parce que trop dépressifs pour cela, ne peuvent démarcher auprès d'employeurs. Ce sont des fantômes. Ils errent. Ne connaissant pas le marché du travail de leur propre secteur ; ils sont invisibles et il y a de fortes chances pour qu'ils le restent... Pourquoi sont-ils ainsi dessinés dans leur cerveau ? Le paysage intérieur - dévasté - est un champ de mines, constitué de trous d'obus, de "calis", de strates inaccessibles. La dépression a été diagnostiquée. Avérée cliniquement. Cet individu peut, mais peu... Et, toute une société - une morale, des formes sociales, une prétendu autre - se replie contre lui le traitant de fainéant, d'incapable, de clochard, d'indiscipliné etc. Alors que cette feuille dans le vent, tout simplement, n'arrive pas à faire le ménage de son petit studio depuis prés de dix ans. Comment lui demander de chercher un travail ? Pour d'autres, l'art de faire fortune constitue un dévoiement, je dirais « prévisible », chez le marchand, mais une confusion parfaitement condamnable quand il s’agit du simple chef de famille. Ce sont là des Aristotéliciens, qui vivent pour la sagesse de la poésie, de la création à travers l'art de penser. En troisième lieu, il existe des profiteurs du système que j'abhorre au plus au point ! Cette professeur de chant, des anciennes amies, au RSA, à travers des cours particuliers de chanson touchait entre 2000 et 3000 euros par mois, tout cela "sous le manteau", au noir... - Elle n'était pas à plaindre, profitait telle une larve, suçant le sang des pauvres gens : ses "clients". Achetant bouteilles de vin à 40 euros à longueur de soirées en semaine, produits bio de qualité, salle de sport, et belles robes de marque. Ne payant, bien sûr, pas d'impôts..., elle remportait le "pactole", cette gentille fille...! Avec assurance, l'on peut dire qu'il y a des gens qui ABUSENT ! Elle fût de ceux-là. Au bout du compte, il y a beaucoup de "pauvres" différents. Certains s'en sortent, d'autres..., pas. Je suis de ceux qui analysent, critiquent, déconstruisent TOUTES les représentations sociales.. Esthète, écoutant chaque samedi matin : Benoit Duteutre dans son émission radiophonique "Etonnez émoi Benoit". L'élégance-gay y est présente ! Le costume endimanché, l'opérette, le bal du dimanche, la chanson légère ; toute une mythologie qui m'est chère, celle de l'ouvrier des années 1930, de chez Citroën, encarté à la CGT, connaissant parfaitement le Capital de Karl Marx. Mais alors, où sont passés ces pauvres ?
(4) La relation avec le visage peut certes être dominé par la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas. Il y a d'abord la droiture même du visage, son exposition droite, sa défense. La peau du visage est celle qui reste la plus nue, la plus dénuée. La plus nue, bien que d'une nudité décente. La plus dénuée aussi : il y a dans la visage une pauvreté essentielle ; la preuve en est : qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des pauses, une contenance. "Ethique et infini". Emmanuel Lévinas.
Notre cœur, si modeste, bat. C'est un organe gauche. Convaincu. Béni par l'amour. La grâce des atomes y explose... Ces révolutions secrètes qui se font dans la pauvreté qui sont dites : "progressistes", sont celles qui émoussent les saveurs du bon goût d'ici et de maintenant, de jadis ; des lendemains qui chantent ! Sur notre planète, il y a beaucoup plus de pauvres que de riches et donc la gauche, censée les représenter, devrait être au pouvoir partout sur la planète. Alors pourquoi les pauvres votent-ils à droite, pourquoi votent-ils contre l'amour, l'altérité (Judéo-Musulmane-femme, l'homosexuel, le handicap... : ce visage qui peut être le leur en miroir...) qui est leur semblable et tous leurs intérêts ? Car la droite, rappelons le, est le parti de l'argent, de la croyance en Dieu - donc de l'objet, du fétiche, de l'avoir, de l'apparence etc.-. Voter à droite n'est pas fait et n'a jamais été fait pour les pauvres. Ces individus idéalisent, ils ont des cannons en tête, rêvent d'une peau parfaite (riche vernie, lisse et crémée) le corps non détendu, le visage fermé musculairement, la cuirasse rigide et incarnent des figures Christiques. Ceci est la souffrance. Le corps qui crie... Pour ces gens là il est louable de souffrir. Il s'agit de mener une "vie bonne", sur Terre, devant Dieu. Est-ce un renoncement ? Mais leur jouissance circonscrite est autre : "c'était mieux avant". Avant on avait de l'argent, avant on était plus savant, avant on travaillait vraiment, avant il y avait moins de violences, avant on était plus vivant dans notre identité. Leur pauvreté à eux, c'est celle qui est repliée sur l'amour de la famille, des amis proches. Le Cosmos de l'amour des choses Universelles n'est pas chez eux. Sciences, Chamanismes Poésies ; firent à elles-seules les premiers hommes de l'humanité. Le premier homme était pauvre. Et, il dansait de dans champ de maïs. Nu, fasciné. Solaire ! Cet homme était athée, de gauche et se destinait, déjà ; à l'horizon d'une splendide progression...