"Discriminer autrui, c'est avoir peur de soi-même" François Laplantine
"Changer de sexe s'est imposé comme l'unique traitement successible d'améliorer ma santé." Marie Edith Cypris [1]
A titre d'exemple[2] les quelques blogs portant directement sur la sexualité des personnes trans hommes, sont majoritairement anglo-saxons. et traitent exclusivement des rapports gais (entre hommes trans ou avec des hommes cisgenre. Bref, que ce soit dans la littérature clinique, en sciences humaines ou en sexologie, rares sont les auteur/es qui s’aventurent sur le sujet - les quelques-un/es à le faire se cantonnent généralement à répéter les a priori stéréotypés et infondés sur « l’absence de vie sexuelle » des trans et sur l’augmentation de la libido et de l’agressivité chez les hommes trans prenant de la testostérone. En ce qui concerne les femmes trans, il est souvent question de prostitution. Les stérotypes de genre chez les MtF sont souvent tenaces. La vie conjugale des MtF est très peu connue. Et cette méconnaissance est renforcée par le fait qu'il y a encore, souvent, une confusion entre orientation sexuelle et identité de genre. C'est la raison pour laquelle il semble urgent de prendre le pouds d'une personne trangenre MtF hormonée et opérée, ayant suivi son parcours en sus d'une situation de handicap visuel - laquelle a bien voulu répondre à quelques questions - qui se déroulent comme suit :
Penses-tu que la transphobie orientée sur soi-même nuit à une sexualité épanouie ?
Absolument, la transphobie orienté vers soi-même nuis à une sexualité épanouie dans la mesure ou le manque d'estime de soi mine cet épanouissement, la culpabilité qui découle de cette transphobie intérieure, parce que vécue à l'intérieur, et ne provenant pas d'une agression extérieure, bloque l'expression de toute une sensibilité qui enrichis les échanges amoureux, et cette culpabilité fragilise la relation avec les partenaires.
Que penses-tu de la sexualité, à travers la prostitution, dans la population transi? L'épanouissement à travers a sexualité prostitutionnelle n'est-elle qu'un mythe urbain ? Car nous pouvons penser qu'une personne transidentitaire peut avoir une vie sexuelle en dehors des relations tarifiées.
Il n'y a que des imbéciles pour croire que la sexualité à travers la prostitution apporte un épanouissement, et si les Trans sont socialement stigmatisées et discriminées, la prostitution n'est qu'une mince planche de salut tendue au dessus du gouffre de la misère, mais à mon avis une planche bancale et qui loin de procurer un épanouissement, au contraire confine la personne Trans dans un manque de repères et d'estime de soi, ensuite, il est possible évidement d'avoir des relations libres, consenties et non tarifées, et heureusement !
Une personne transgenre peut-elle, selon toi s’équilibrer par la sexualité ?Peu-elle s'équilibrer autrement : par d’autres pratiques et par voie de conséquences est-elle obligée de sublimer sa sexualité ?
Une personne Trans n'est pas du tout obligée de sublimer la sexualité, et les progrès techniques des chirurgiens permettent aujourd'hui d'explorer le plaisir et la jouissance dans des conditions optimales, et l'aspect "esthétique" des résultats permet de ne rien avoir a divulguer à un partenaire de sa transidentité, selon que l'on souhaite ou non, aborder avec lui ce sujet.
Ensuite, l'épanouissement à travers la sexualité dépend pour beaucoup là aussi, du rapport que l'on a avec le sexe, le plaisir, la sexualité, et donc aussi de l'estime de soi, hors la Transphobie intérieure n'aide pas vraiment, c'est une surcharge émotionnelle dans un monde encore façonné par le sexisme et qui culpabilise la sexualité des femmes, et je dois avouer franchement que je n'ai pas assez d'informations en ce qui concerne les hommes FtM, en revanche, pour moi qui suis MtF, j'ai du durant les mois qui ont suivis ma chirurgie, travailler à réduire l'impact négatif de cette Transphobie et celui d'une éducation et d'un long séjour dans " le vestiaire des garçons", mais c'est assez facile, car le rapport au corps et au sexe qui est bouleversé aide à faire le tri, et a se réapproprier une libido en adéquation avec les fantasmes et les sensations que l'on découvre par l'exploration, l'apprentissage de l'auto érotisme, de la masturbation vient compléter cette conquête du plaisir, la découverte de la jouissance soi seule ou bien lors des premiers rapports vient ensuite compléter cette connaissance de soi et apportent l'épanouissement.
Fut-il nécessaire, pour toi de pratiquer les toxines (tabac, alcool, drogues etc) afin de palier un manque de sexualité, affectif, amoureux ?
Oui, ce fut nécessaire et je n'ai aucun tabou là-dessus !
Je peux même dire que je recherchais alors l'anesthésie totale, le KO, le "coup de poing dans la gueule" !
Avec l'alcool principalement, mais à l'adolescence, et après une puberté chaotique, j'ai découvert les effets de l'association de l'alcool avec les barbituriques et les somnifères, et j'étais à certains moments dans une recherche consciente d'une forme de suicide mais indolore et comateux, je souffrais durement de ma transidentité et des nombreux questionnements qui me tourmentaient tout le temps, il y a eu quelques fois aussi des amphétamines, mais principalement du cannabis de l'alcool, et malheureusement la cigarette, mais paradoxalement, je m'en suis mieux sortie que d'autres qui en sont morts dans mon entourage du fait que j'ai aussi pratiqué intensément les arts martiaux, ça m'a énormément aidé, jusque dans ma volonté de faire mon parcours !
Le sport, la méditation, les pratiques corporelles peuvent-ils aider à combler un manque de sexualité - voire les pratiques parallèle ? En somme, en quoi, selon-toi la transidentité ne constitue pas une pathologie liée à un état de fascination autour du corps ?
Comment peut-on vivre avec un corps féminin et dépasser le corps en étant trans ?
En tant que pratiques parallèles le sport, les arts, la lecture ou d'autres activités ne peuvent que contribuer au bien-être, et donc justement permettre de dépasser le corps, qu'il soit féminin, ou pas, ensuite, plutôt que de pathologiser la transidentité, sur ce plan là, j'ai préféré l'aborder comme une cause de mal-être sexuel, qui ne se révèle pas forcément par des troubles de la sexualité, mais encore une fois par une incapacité croissante à s'épanouir dans une relation basée sur la confiance et le partage du plaisir, nourris de complicité et de tendresse, ce à quoi la plupart aspirent, on peut je pense aborder la transidentité de manière très simple, et sans pour autant occulter les multiples facettes de la transidentité, mais ion est encore dans la culture du "pourquoi du comment", et dans la fascination de la curiosité qu'elle provoque.
Propos receuillis par Christophe Gerbaud
[1] 'Mémoire d'une transsexuelle, la belle au moi dormant" Ed : PUF, Souffrance et théorie. 2015
[2] http://www.observatoire-des-transidentites.com/2014/06/esquisses-pour-un-savoir-pluriel-sur-la-sexualite-des-hommes-trans.html

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