Une série de tweets de notre collègue Mathilde Mathieu sur la récente naissance de sa fille a hérissé l’hebdomadaire Valeurs actuelles au point que ce dernier se fende d’un article.
Dans ses tweets, Mathilde Mathieu se félicitait du fait que Mediapart offre « à ses salariées (en couple ou célibataires), contraintes de se rendre à l’étranger, les mêmes «autorisations d’absence pour actes médicaux» que celles prévues par la loi pour les femmes hétérosexuelles engagées en France dans un parcours » de procréation médicalement assistée (PMA) ». Elle ajoutait que « ces inventions «maison» ont été rendues nécessaires par les lâchetés (passées?) du législateur ». Et concluant en « espérant que les députés sauront aller au-delà du projet gouvernemental dans les mois qui viennent, et garantir l’égalité réelle ».
Il n’en fallait pas moins pour fâcher tout rouge l’hebdomadaire réactionnaire Valeurs actuelles. Dans son article signé « La rédaction de Valeurs actuelles », celui-ci estime carrément que « Mediapart incite ses salariées à «contourner la loi» ». Et va jusqu’à se demander si nous ne ferions pas la même chose pour la GPA (gestation pour autrui).
Valeurs actuelles estime que « cette série de tweets en dit long sur l'imprégnation idéologique du journal ». Ce serait risible si ce n’était pas tout simplement faux. En réalité, c’est l’article de VA qui est empreint de l’idéologie la plus réactionnaire qui soit. Une idéologie qui pousse ce journal a confondre ce qui n’est pas prévu par la loi avec ce qui est interdit.
Pour sa démonstration, l’hebdomadaire indique en effet qu’en France, « la PMA, en dehors des conditions actuelles prévues par la loi, est un délit puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Néanmoins, y a voir recours à l'étranger ne constitue pas un délit, mais plutôt une fraude à la loi française ». Ce qui fait dire au courageux avocat « qui préfère rester anonyme pour des raisons professionnelles ponctuelles » (sic) que Mediapart « favorise le contournement à la loi, ce qui est critiquable ».
Mais d’où viennent ces 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende ? D’un article du Code pénal qui ne parle pas du tout de cela !
Selon l’article 511-24 du CP « le fait de procéder à des activités d'assistance médicale à la procréation à des fins autres que celles définies à l'article L. 2141-2 du code de la santé publique est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende ». Cet article ne vise donc pas les femmes qui pourraient bénéficier d’une PMA à l’étranger mais les médecins français – entre autres – qui aideraient des femmes lesbiennes ou célibataires à réaliser une PMA en France en dehors du cadre défini par la loi. Ce n’est évidemment pas le cas ici.
Rappelons en outre que la cour de cassation reconnait l’adoption d’enfants nés de PMA à l’étranger par l’épouse de la mère biologique. Et la démonstration de VA tombe à l’eau.
Nous, élu·e·s du personnel de Mediapart, sommes au contraire fier·e·s d’avoir pu offrir – c’était notre demande auprès de la direction – à l’une de nos salariées les mêmes droits qu’un couple hétérosexuel en France. Et s’il y a une « imprégnation idéologique » que nous partageons tous avec fierté à Mediapart, c’est bien l’égalité de toutes et tous.
Les élu·e·s du personnel de Mediapart.