Mon ami Don Perfecto...
et la "phrase symbolique" de J. Lacan.
J'ose à peine parler de Psychanalyse (les spécialistes voudront bien me pardonner!) ; mais c'est à Lacan que je pense quand j'entends parler Jupiter, je veux dire Don Perfecto (cf. Doña Perfecta, du célèbre écrivain espagnol Benito Pérez Galdós), comprenez : notre très aimable président Macron.
Ce que Jacques Lacan dit de "la phrase interrompue" (Le Séminaire III, VIII La phrase symbolique) me semble s'appliquer presque parfaitement au message lancé hier, 31 décembre 2021, par notre incarnation nationale de la perfection. Je cite Lacan : "La signification est présente d'une double façon, comme attendue d'une part, puisqu'il s'agit d'une suspension, comme répétée d'autre part, puisque c'est toujours à un sentiment de l'avoir déjà entendue qu'il [le récepteur du discours] se rapporte".
1) Signification attendue ? Le discours du grand Emmanuel est rempli de suspensions, d'énigmes même poético-philosophico-sentimentales que chacun remplira, vous me le concéderez sans doute, en fonction de ses "attentes" personnelles... Sentimentales et poétiques: "de la France, nul ne saura déraciner mon coeur!". Pseudo-philosophiques : "les devoirs valent avant les droits" ou "restons du côté de la vie ; c'est là ce que nous nous devons à nous-mêmes" ou encore "une certaine idée de l'homme"...
2) Signification répétée ? Notre Don Perfecto reprend, répète presque mot pour mot l'idéal révolutionnaire français des XVIIIème et XIXème siècles, enseignés dans les lycées français : "en 2022, agir pour vacciner l'humanité", ou "épris de liberté, d'universel", un idéal d'ailleurs non dénué d'agressivité... comme dans "lorsqu'il est rassemblé, rien ne peut résister au peuple français".
Le problème est peut-être, comme le suggère Lacan, que "le sens très plein du début [entendons : du contexte révolutionnaire et historique d'où il est tiré] se vide par la suite de son sens". Car, au lieu de nous livrer un discours révolutionnaire, si modéré soit-il, Macron semble plutôt s'adresser à nous du haut de la chaire d'une église ou, si vous aimez mieux, comme Jupiter du haut de l'Olympe!
Et comme le jeune Folco qui, dans le film Crin Blanc d'Albert Lamorisse, préférait fuir les hommes qu'il ne comprenait pas, je fuis la reproduction télévisée du discours pour me replonger dans l'oeuvre de Lacan, seul espoir qui me reste de pouvoir déchiffrer un jour le charabia présidentiel!

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