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L’apprentissage du Français dans l’enseignement public espagnol est soumis à rude épreuve ! Ainsi, après l’anglais qui jouit d’une hégémonie quasi absolue comme première langue vivante étudiée, seulement 25% des élèves en moyenne sur l’ensemble des régions choisissent d’étudier une deuxième langue vivante pendant les deux dernières années du Secondaire, selon les chiffres fournis pour l’année 2018-2019 par le Ministère de l’Éducation espagnol : « choisissent ...», car l’Espagne fait partie des 11 pays de l’Union Européenne où l’étude d’une deuxième langue vivante dans le Secondaire n’est pas obligatoire.
C’est peut-être en partie pour cette raison que, au pays de Cervantes, de Quevedo, de Peréz Gáldos et d’autres, la connaissance des réalités sociales et culturelles françaises se limitent souvent à des stéréotypes, comme celui repris récemment par le quotidien El Periodico qui citait la phrase de Sylvain Tesson : « La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer.»
Pour soutenir l’enseignement de notre langue et faire connaître et apprécier en Espagne les richesses culturelles de la France, quelques organismes, comme l’Institut Français ou l’Alliance Française, essaient bien sûr de programmer des événements, des représentations diverses, au caractère souvent officiel ou publicitaire. Mais les initiatives les plus originales viennent sans doute d’associations diverses et de professeurs, comme c’est le cas des «Encuentros de literatura y cine en francés» (encuentroslite.cine@gmail.com).
Loin des débats idéologiques et des intérêts commerciaux, ces Encuentros (Rencontres) se déroulent en français, sur Zoom, une ou deux fois par mois et font connaître la littérature et le cinéma français. C’est ainsi que, en littérature, des espagnols peuvent lire par exemple L’astragale d’Albertine Sarrazin, Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras ou La vie devant soi d’Émile Ajar (Romain Gary) et échanger librement leurs impressions de lecture, tout en pratiquant notre langue.
Le même travail se fait sur des films, comme cela a été le cas pour l’Atalante de Jean Vigo, pour Mon oncle de Tati ou À nous la liberté de René Clair, entre autres. Et très prochainement, la Rencontre cinéma portera sur Le rayon vert de Éric Rohmer. Car pour faire aimer les richesses de la culture française, est-il besoin d’écrire sur la «panthère des neiges», de voyager en Sibérie et de prétendre que la France est un paradis ?