"Il y a une sorte de solidarité" entre les adversaires politiques, nous disait Mme Roselyne Bachelot, le 19 novembre. Dans cette phrase, notre ministre de la Culture ne parlait plus des attaques verbales contre des journalistes, objet de l'interview à Médiapart, mais de l'attitude et du travail des personnalités politiques.
Mais ne faudrait-il pas chercher à mieux définir en quoi consiste cette prétendue "solidarité", pour ne pas courir le risque de faire croire que nos responsables politiques, malgré les joutes oratoires, se soutiennent les uns les autres et forment un ensemble à part du reste de la population?
Car n'est-il pas évident que l'utilisation de tel ou tel mot n'est pas innocente? Cette "solidarité", évoquée ici, peut-elle être plus forte que celle qui devrait se manifester au jour le jour, dans des paroles et dans des actes, envers les victimes de notre système économique et social? N'est-ce pas un sujet intéressant, notamment au moment d'une campagne électorale?
"Essayer de remédier aux fautes par l'attention et non par la volonté", voulait Simone Weil dans La pesanteur et la grâce. Il est clair que Mme Bachelot, avec les mesures législatives et réglementaires qu'elle annonce, n'est pas dans "l'attention". mais bien plutôt dans "la volonté", celle de défendre l'action politique du gouvernement. Encore une fois, comme le disait Héraclite, "les yeux sont des témoins plus exactes que les oreilles".

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