Oublions le passé, et occupons-nous aujourd’hui de l’avenir ! Voilà un thème récurrent, qui permet souvent à nos responsables politiques de passer sous silence un passé qui dérange. « C’est l’avenir qu’il faut regarder », assurait Macron à la fin d’octobre, à l’occasion d’une rencontre avec le président Biden. Et faut-il rappeler ici les difficultés franco-américaines pendant ces dernières semaines : vente de sous-marins à l’Australie, retrait de troupes d’Afghanistan...
Mais le passé a souvent la vie dure, comme le prouve encore l’actualité en Espagne, ce pays qui à la fin des années 70 a cru pouvoir effacer avec une loi d’amnistie les souvenirs de la guerre civile de 36-39 et de la dictature de Franco. Que lui est-il arrivé au président du Parti Populaire espagnol, Pablo Casado, celui-là même qui lançait en 2008 : « En plein 21ième siècle, on ne peut pas être à la mode si on est de gauche ; ces gens de gauche, ce sont des ringards, ils sont toujours en train de parler de la guerre de grand-père... »
Et bien, ce même Pablo Casado, le 20 novembre dernier, jour anniversaire de la mort de Franco en 1975, a assisté à une messe à Grenade (Andalousie) ; et pas n’importe laquelle, puisque les honneurs funèbres y étaient rendus à l’ancien dictateur. « Chasser le naturel, il revient au galop », diront certains.
Je me souviens d’avoir planché, au concours d’entrée à l’école Normale Supérieure, sur un sujet de philo aussi bref qu’embarrassant : Le présent. Mais ce moment, notre présent !, peut-il exister si nous oublions le passé ?
