Les projections en termes d’emplois indiquent la nécessité de recruter un million d’agents dans les métiers du soin et du social d’ici 2030. Cette situation est connue depuis des années et est aggravée par les démissions et les abandons du métier dans deux professions essentielles que sont les aides-soignant.e.s et les infirmier.e.s. Cette situation s’explique par la faiblesse des salaires, les contraintes d’horaires et des conditions de travail dégradées. A cela s’ajoutent les espoirs déçus d’une véritable reconnaissance de ces métiers essentiels à la suite de la crise COVID, du fait de l’arnaque qu’a constitué le Ségur de la santé qui a péniblement accouché d’une prime et non de véritables augmentations de salaire. Par ailleurs, il a été signalé que l’accès aux écoles par Parcoursup, ainsi que les conditions d’études et de stages étaient à l’origine d’un taux d’abandon et d’échec de plus de 20 %.
Dans ce contexte très dégradé, la nième ministre de la Santé en poste annonce en grande pompe la signature d’une charte pour promouvoir les métiers du soin et du social. Cerise sur le gâteau, cette initiative sera accompagnée par France Travail pour je cite : « mutualiser les efforts de communication dans la valorisation des métiers du soin et du social ».
Mais cette brave dame se moque du peuple et utilise la fameuse technique pour enterrer un problème qui est de créer une commission, là il s’agit simplement de faire de la com.
Il va falloir lui rappeler que des propositions existent pour recruter dans ce qui représente une trentaine de professions de la petite enfance, du grand-âge, de la santé, du social et du handicap. Le panel va de l’éducateur spécialisé à l’accompagnant éducatif et social en passant par l’ambulancier ou encore tous les métiers de la santé.
La première mesure concerne la formation avec le retour de ce qui existait jusqu’au début des années 1980, à savoir les contrats d’études. Il ne s’agit pas de bourses mais de la proposition d’une embauche dès l’entrée dans l’école professionnelle avec un salaire, donc des cotisations sociales, notamment de retraite, contre l’obligation de servir dans un établissement ou un territoire pendant un certain nombre d’années. La deuxième est de revaloriser les salaires au regard de l’utilité sociale de ces métiers et des qualifications qu’ils impliquent. Rappelons les chiffres : le salaire net de base en début de carrière d’un.e aide-soigant.e est de 1524 euros et celui d’un.e infirmier.e de 1681 euros. Enfin, dans le cadre du débat sur l’âge de départ à la retraite, il est indispensable de prendre en compte la pénibilité des horaires décalés liés à ces métiers qui rend inenvisageable de continuer à travailler jusqu’à 64 voire 67 ans.
Par ailleurs, il faut rappeler que la logique néolibérale au cœur de la politique gouvernementale consiste à organiser une pénurie dans les métiers de la santé et du social pour dégrader le service public et ouvrir la voie au secteur privé et à ses actionnaires, dans un contexte marchand où tout ce qui est rare est cher.