Les députés qui ont entériné à 13 voix près le budget de la Sécu ont en fait voté l’étouffement financier de l’hôpital public. Malgré les explications des parlementaires qui essayent d’enjoliver la situation, les chiffres sont implacables et parlent d’eux-mêmes.
L’exemple des Hôpitaux de Paris est éclairant. Le déficit cumulé depuis 2017, c’est-à-dire le manque de ressources, atteint la somme astronomique de 2,3 milliards d’euros. Alors que le résultat était positif en 2015 de 40 millions, il sera négatif cette année de 342 millions et la prévision pour 2026 est de nouveau négative à 285 millions.
Or ces prévisions sont très souvent optimistes, mais le résultat est souvent moins bon et les chances d’amélioration sont faibles. Un autre élément inquiétant est l’endettement qui était de 29 % en 2015 et qui atteint aujourd’hui 43 % alors que la limite théorique à ne pas dépasser est de 45 %.
Les solutions proposées pour limiter ce trou sont dénommées pompeusement effort de performance, soit une perversion du langage pour parler de plan d’économies. Du fait du poids des dépenses de personnel dans le budget hospitalier, les coupes se concentrent sur les crédits d’intérim mais aussi les heures supplémentaires.
Or, les difficultés de recrutement liées notamment aux conditions de travail dégradées et aux temps de transport car les personnels n’arrivent pas à se loger dans Paris où se trouvent les établissements du fait du coût exorbitant des loyers et du prix du m². Donc, limiter la ligne budgétaire pour les heures supplémentaires qui sont quasi obligatoires n’améliorera pas la situation.
Mais revenons au budget de la Sécu et à ceux qui se félicitent d’avoir obtenu une augmentation de 3,3 % du budget des hôpitaux. Mais mesdames et messieurs les parlementaires, la Fédération hospitalière de France qui représente les directeurs d’hôpitaux a demandé 4,5 % au minimum pour simplement maintenir l’existant du fait de la progression des dépenses au-delà de l’inflation, dont vous êtes aussi responsables.
L’augmentation de la cotisation à la caisse de retraite des hospitaliers en est un exemple, tout comme le fait que vous avez validé la reprise de seulement une partie de la dette des hôpitaux dont la conséquence est une charge de plus d’un milliard d’euros d’intérêts par an engraissant les banques qui frisent aujourd’hui l’obésité en termes de bénéfices.
Pour le dire clairement, nous expliquer qu’il n’est pas possible d’aller chercher des ressources supplémentaires pour la Sécu et vous limiter à diminuer le déficit tout en le maintenant aux alentours de 20 milliards consiste à acter la mort lente de l’hôpital public.
Or je le répète de nouveau dans cette chronique, la solution très simple est de revenir sur les 20 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales octroyées par E. Macron aux entreprises depuis 2017. Cela ne représente que 25 % du total et cela ne tuerait pas les entreprises si le ciblage se fait sur celles qui en ont principalement profité pour augmenter les dividendes versés à leurs actionnaires.