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Billet de blog 19 octobre 2025

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Les subventions de l'État pleuvent pour le privé dans la santé

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que les scandales s’enchaînent, après ORPEA, c’est le groupe AVEC qui vient d’être déclaré en faillite. Ce groupe a bénéficié pendant des années d’aides de la part des Agences régionales de santé pour reprendre des établissements en difficulté, ce qui lui a permis de créer un conglomérat aux structures opaques employant plus de 10 000 salariés. Mais au fil du temps les difficultés se sont amoncelées car la stratégie était de ponctionner les comptes de certaines entités pour en racheter d’autres, entraînant ainsi des difficultés dans de gestion dans de structures fragiles financièrement dont certaines ont été obligées de fermer, comme la clinique de Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis. Alors que ce département est très déficitaire en structures hospitalières, l’ARS a refusé la reprise de l’établissement par le groupement hospitalier public du territoire pour donner l’autorisation au groupe successeur d’ORPEA d’ouvrir une clinique de psychiatrie.

Aujourd’hui, sur le même territoire de la Seine-Saint-Denis, nous découvrons un projet de création de pôle sanitaire et médico-social par le groupe SOS-Séniors. Il s’agit d’une établissement comportant un service de soins médicaux et de réadaptation et d’un EPHAD. Tout cela à proximité de l’hôpital de Montfermeil qui dispose déjà d’une structure du même type sur un de ses sites.

La question qui se pose est de savoir pourquoi cette augmentation de capacités ne lui est pas octroyée, alors que cet hôpital doit bénéficier d’importants travaux de rénovation. Ce n’est pas une question d’argent puisque cette opération de 54 millions va bénéficier de plus de 12 millions de subventions publiques.

La réponse est assez simple. Le groupe SOS est dirigé par Jean-Marc Borello, un ami personnel d’E. Macron, ayant exercé des fonctions du plus haut niveau au sein de son parti, notamment celle de membre du bureau exécutif. Ce qui est plus inquiétant est la structuration de son groupe qui se présente comme une entreprise à but non lucratif mais dont les entités gérant l’immobilier ne le sont pas vraiment. Par ailleurs, il a été épinglé par l’émission Zone interdite pour des pratiques financières douteuses dans la gestion d’établissements accueillant des personnes handicapées.

Nous constatons que l’État, via les ARS, affaiblit le service public au profit de structures privées lucratives ou qui s’annoncent comme non lucratives, mais dont le mode de fonctionnement n’est pas des plus transparents. Ainsi, au fil du temps, des secteurs entiers du système de santé échappent à une gestion publique, au grand bénéfice d’opérateurs qui bénéficient d’une part de subventions d’investissement sur fonds publics, d’autre part d’un financement de leur fonctionnement par la Sécurité sociale.

Si nous laissons faire, dans quelques années, le service public se limitera à un service minimum pour les plus pauvres au grand bénéfice d’opérateurs d’un grand marché de la santé dans lequel la qualité de l’offre sera directement liée au prix que les « clients » seront prêts à payer. 

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