Lutter, c’est la santé
Un bon état de santé nécessite de prendre en compte trois composantes, le physique, le psychologique et le social. Avec le vieillissement de la population, nous rencontrons tous un jour ou l’autre des problèmes physiques qui ne sont pas toujours très graves, mais qui peuvent influer négativement sur le moral. Quand en plus s’ajoutent des problèmes d’emploi, de logement ou de revenus, bref tout ce qui concerne le social, la catastrophe pointe son nez. Nous étions nombreux dans la dernière période en tant que syndicalistes à constater la morosité et la passivité des salariés et plus globalement de la population. Chez beaucoup, la résignation dominait face à une impuissance à modifier le cours des choses. Chez d’autres, la colère prenait le dessus et ne se dirigeait pas forcément vers les bonnes cibles, mais vers des boucs émissaires désignés comme responsables de leur situation. Depuis maintenant près de deux mois, avec le mouvement de protestation contre la réforme des retraites, je constate dans les manifestations la présence de gens avec le sourire, heureux d’être là, fiers de la force qui émane de ces rassemblements massifs et mélangés, avec de nombreuses personnes qui descendent dans la rue pour la première fois de leur vie. L’étonnement de certains sur la force des cortèges dans les villes de taille moyenne montre que la leçon de la mobilisation des gilets jaunes n’a pas été tirée. C’est dans ces villes que l’on ferme les hôpitaux, les gares, les postes, les trésoreries, bref tous les services publics de proximité. La révolte couvait, elle est maintenant bien présente et elle est positive, avec l’espoir qui renaît de pouvoir cette fois-ci faire reculer ce gouvernement qui est celui des riches vivant exclusivement dans les grandes métropoles mondiales et qui méprisent le peuple des campagnes et des banlieues. Relever la tête, c’est retrouver sa fierté et c’est bon pour le moral. Savoir que l’on n’est pas seul à souffrir et à se battre apporte aussi du baume au cœur. Echanger dans les manifestations avec des personnes que l’on ne connaissait pas, mais avec qui on partage des valeurs et des espoirs communs, donne aussi le sourire. Enfin, discuter et décortiquer le texte de loi, se préoccuper de comprendre l’économie est motivant et démontre qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait de longues études pour comprendre qu’ils nous mentent en manipulant les chiffres. Car n’en déplaise à ceux qui se plaignent que les Français sont incultes en économie et qu’il faudrait faire de la pédagogie, les syndicats ont retrouvé leur mission d’éducation populaire en aidant à décrypter les textes. Par ailleurs, ce qui compte pour étudier un problème est la motivation et tout un chacun est capable d’utiliser son bon sens pour comprendre la réalité des faits. Alors continuons à échanger, à discuter, à manifester sous toutes les formes possibles car c’est créer du lien social positif, c’est bon pour avoir la pêche et donc c’est bon pour la santé.