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Billet de blog 22 septembre 2025

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Maisons France Santé, quésako ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 13 septembre 2025, S. Lecornu annonce fièrement pour résoudre les difficultés d’accès aux médecins la création d’un réseau de 5 000 maisons France Santé, pour, je le cite « bâtir une offre de soins à moins de 30 minutes de chaque Français ». Mais de quoi parle-t-il en fait ?

Pour comprendre, il faut aller sur le site info.gouv.fr où on découvre qu’il s’agit d’une entourloupe sémantique pour parler de ce qui existe depuis 2007 sous l’appellation de maisons de santé pluriprofessionnelles. Donc, rien de bien nouveau si ce n’est le rapprochement avec une réalité bien connue dans les zones rurales que sont les maisons France services qui sont en fait un rassemblement de services publics dans un même lieu qui, malgré la bonne volonté des agents présents, ne sont qu’un pis-aller pour maintenir un semblant de présence de l’Etat dans des territoires délaissés. L’autre élément étonnant dans le discours est la reprise de l’argument des 30 minutes que F. Hollande avait évoqué pour les hôpitaux et des services d’urgences, pas pour l’accès à un médecin généraliste !

Décryptons maintenant ce que sont les maisons de santé pluriprofessionnelles. Il s’agit simplement du regroupement de professionnels de santé libéraux dans une structure dont ils choisissent le lieu d’implantation et pour laquelle ils bénéficient de nombreuses subventions pour l’achat des locaux de la part des ARS et des collectivités locales. Pour résumer, ce nouveau système permet à des professionnels libéraux de se faire payer leur outil de travail, c’est-à-dire leur patrimoine immobilier, par des fonds publics. Le bilan de ce nouveau mode d’exercice mis en place il y a maintenant presque 20 ans n’a pas fait la preuve de son efficacité. En effet, il ne répond pas au problème de la régulation de l’installation des médecins car ce sont les promoteurs des projets qui choisissent seuls leur lieu d’implantation. Par ailleurs, ces structures hébergent des médecins généralistes qui sont quasiment tous en secteur 1 mais également des spécialistes en secteur 2 avec des dépassements d’honoraires.

Donc, le premier ministre nous a vendu du vent. La solution est simple et pas besoin de nouvelle appellation pour désigner ce qui existe déjà sous le nom de centres de santé avec des médecins et des professionnels de santé salariés. Ces structures permettent de répondre tant aux besoins des patients que des professionnels de santé. En effet, leur financement est conditionné à leur lieu d’implantation afin de réguler l’installation des médecins. Les médecins sont salariés donc les dépassements d’honoraires disparaissent. Les médecins sont dégagés des tâches administratives et de gestion, ce qui permet de gagner au minimum 20 % de temps supplémentaire pour les patients. Le statut de salarié offre aux professionnels une bien meilleure protection sociale que celle du statut libéral et également de meilleures conditions de travail, avec des horaires plus raisonnables et une rémunération qui ne dépend plus de la spécialité exercée, mais du travail effectué en fonction du lieu d’exercice et des patients suivis.

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