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Billet de blog 29 décembre 2025

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2026 : mauvaise année pour la Sécu

Chaque année, l’attention se focalise sur la discussion autour du budget de la Sécu mais nous sommes trop peu nombreux à nous intéresser à la stratégie très cohérente des néolibéraux pour mettre à bas notre système de protection sociale. 

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chaque année, l’attention se focalise sur la discussion autour du budget de la Sécu mais nous sommes trop peu nombreux à nous intéresser à la stratégie très cohérente des néolibéraux pour mettre à bas notre système de protection sociale.

Ils ont un objectif très clair qui est de faire basculer vers le marché ce qui est aujourd’hui financé de manière solidaire par la Sécurité sociale.

Tous les moyens sont bons pour cacher leurs véritables objectifs. Cela commence par la sémantique en continuant d’appeler « mutuelle » l’assurance maladie complémentaire. Or aujourd’hui, ce marché est majoritairement dans les mains d’assurances privées qui n’ont rien à voir avec le mouvement mutualiste qui regroupe par définition des organismes poursuivant un but non lucratif, auxquels adhèrent volontairement des membres, moyennant le versement d'une cotisation, pour mener des actions de prévoyance, de solidarité et d'entraide. 

Ainsi la mise en place de la fameuse « mutuelle pour tous » d’abord pour les salariés du privé et en 2026 pour une partie des fonctionnaires qui a été présentée comme une grande avancée sociale, y compris par la majorité des syndicats, est une arnaque.

En effet, l’argument mis en avant est la prise en charge de la moitié de la cotisation par l’employeur. Mais dans le même temps, les remboursements de la Sécu diminuent d’année en année, avec notamment la multiplication des franchises, des dépassements d’honoraires et autres frais annexes. Ainsi ce qui est donné d’une main est repris de l’autre avec en réalité une augmentation de ce qu’on appelle le reste à charge, donc ce qui doit être payé de sa poche.

Par ailleurs, il faut rappeler que sur les 46 milliards collectés pour les complémentaires, seuls 36 milliards reviennent aux cotisants, les 10 milliards restant étant utilisés pour payer des taxes à l’État et pour les frais de gestion. Ces frais représentent plus de 20 % des cotisations alors qu’ils ne sont que de 5 % pour la Sécu.

Voilà où est l’arnaque : dans ce système d’assurance, l’État prélève des impôts et il faut rémunérer les actionnaires des assureurs privés dont la part de marché augmente d’année en année.

Alors, au-delà de ce qui peut être considéré comme un avantage financier immédiat pour le salarié sur sa fiche de paye se cache une entreprise de diminution des frais pris en charge par la Sécu au grand profit des assurances. Assurances qui ne pratiquent pas le principe de la solidarité mais appliquent un niveau de prestation en fonction du niveau de cotisation versée et excluent les retraités de la solidarité intergénérationnelle.

Il faut à tout prix stopper ces dérives en imposant un vrai débat autour de notre système de protection sociale qui ne peut se limiter au mensonge de la dette que nous allons laisser à nos enfants.

Le choix pour le bien de tous est de maintenir et de développer un système de sécurité sociale solidaire unique, reposant sur des cotisations en fonction de ses moyens et des prestations en fonction de ses besoins, ce qui implique de supprimer tout système d’assurance complémentaire.

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