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Billet de blog 22 mars 2023

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Nous sommes légitimes

La dernière goutte qu'a versée Macron dans sa bassine de mépris est celle d'une prétendue illégitimité de la foule. Ca peut paraître peu de chose au regard des autres saloperies auxquelles nous a habitué ce triste « forcené de l'Elysée », mais cela témoigne tout à la fois de la nature-même de ce type et de la façon dont il entend nous condamner au silence.

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La dernière goutte qu'a versé Macron dans sa bassine de mépris est celle d'une prétendue illégitimité de la foule. Ca peut paraître peu de chose au regard des autres saloperies auxquelles nous a habitué ce triste "forcené de l'Elysée" (*), mais cela témoigne tout à la fois de la nature-même de ce type et de la façon dont il entend nous condamner au silence.

Je reprends ici pour appuyer mon analyse ce que nous écrit Barbara Stiegler dans son livre Il faut s'adapter. Elle explique comment le néolibéralisme est une pensée née durant les années 30 pour tenter de redonner une essence au libéralisme défait en 1929 ; comment cette pensée a transformé l'inutilité de l'Etat pour "le marché" en une utilité égoïste ponctuelle en cas de crise. Lorsqu'un éditorialiste nous répète à l'envie que Macron n'est pas libéral parce que, voyez-vous ma bonne dame, pendant la crise du COVID le "quoi qu'il en coûte…", il a raison : Macron n'est pas libéral, il est néolibéral, c’est-à-dire qu'il utilise les services et les moyens de l'Etat pour soutenir, quoi qu'il en coûte, "le marché".

Mais Barbara Stiegler va plus loin dans l'analyse de la doctrine néolibérale, et c'est particulièrement ce qu'il m'intéresse de soulever ici pour analyser notre prétendue illégitimité à contester nos "représentants".

Les néolibéraux ont également tranché la question de la nature de l'Homme, au-travers d'une pensée darwiniste-sociale : celui-ci serait inadapté à sa propre histoire, inadapté au marché. Il lui faudrait donc des "sachants", seuls à même de percevoir l'utilité sociale, la nécessité et la supériorité de l'économie néo-libérale ; des sachants qui décideraient pour lui, et auraient la tâche, via de la "pédagogie" et des systèmes juste huilés comme il faut pour le "guider" vers ce que l'ignoble Macron aime appeler "son destin".

C'est dans cette pensée que Macron parle. Il nous gueule et nous crache en permanence son mépris de notre résistance. Il veut sa France se tenant sage, traversant la route pour aller "travailler" sans la moindre contestation. Il veut des jeunes en rang et en uniforme, il leur refuse même le droit de décider de leur avenir (c'est tout le sens de l'horreur Parcoursup et Parcoursup Master, nouvellement appelé "Mon master"). Macron veut des pantins, il veut des robots.

C'est bien lui qui, en juillet 2021 a vomis au magazine Elle : « Tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d'exister n'a pas sa place à l'école ». Ce n'est pas ainsi que j'ai élevé mes enfants. Leur volonté d'exister m'est chère, leur identité, celle qu'ils se construisent, celle qu'ils revendiquent, celle qu'ils affirment m'est chère. Je les ai élevé dans cette volonté qu'ils en aient une, quitte à prendre le risque qu'ils ne pensent pas comme moi. C'est ça l'émancipation. L'obéissance en rang d'oignons à la Macron, c'est de la soumission, c'est de l'obéissance servile à toutes les formes de domination. C'est l'obéissance au système néolibéral qui nous détruit tout autant qu'il détruit notre environnement.

Désobéir à Macron est un devoir, une nécessité, une lutte indispensable. Refuser le travail qui n'en est plus un, mais qui continue de s'appeler travail par ces sachants encravattés qui n'ont pas la moindre idée de ce que cela signifie, est une nécessité. Le désir d'exister est déjà une lutte contre le forcené de l'Elysée et son monde.

Ce système néolibéral, dans la bouche de Manu l'esbrouffe, nous condamne à accepter qu'il y a ceux qui sont légitimes à penser et savoir, et il y a nous qui ne le sommes pas. Il nous le répète en permanence. Il nous pousse sans cesse à nous résigner pour nous amener à accepter, quitte à faire un Borne Out, quitte à perdre nos nerfs, la face et notre énergie.

Problème : nous le sommes. Nous sommes légitimes. Nous sommes d'ailleurs les seuls légitimes à dire ce qui nous concerne. Nous sommes les seuls légitimes à parler de nos vies, à exprimer nos colères, à dénoncer ceux qui nous dominent à et déconstruire le système qui le leur permet. Parce que nous sommes les seuls à vivre nos vies volées, nous sommes légitimes à contester nos "représentants" lorsque ceux-ci nous la refusent.
NOUS SOMMES LEGITIMES.
(*) https://www.youtube.com/watch?v=1FWpGfj9y5g

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