Un dimanche matin à Baltimore

Juste avant mon train pour un très court passage à Washington DC (je suis dans le train maintenant) je me suis fait tout petit dans une église de l'African Methodist Episcopal Church sur Druid Hill av (avenue de la colline des druides ça ne s'invente pas). Mais avec leur façon de faire des hugs et de poser pleins de question pour faire connaissance c'est vite devenu difficile de passer incognito (d'autant que j'étais le seul White dans la grande église). Les uns et les autres se passaient le mots "c'est le français qui a travaillé au light City festival" au milieu d'une joyeuse convivialité, une souplesse des corps, une grande liberté de mouvement d'une place à une autre, une simplicité dans la façon d'échanger avec beaucoup de rire, beaucoup de bruit.
Et là, alors que j'etais tranquillement assis dans une relative tranquillité (même pendant le reste de la messe pleins de voisins ont continué à me poser pleins de questions sur la France) "la cérémonie va commencer dans" apparu au dessus d'un compte a rebour de 2 minutes sur l'écran géant installé derrière l'hotel. Juste au dessus des pupitres où toute une chorale prenait place en se racontant des blagues (c'est du moins ce que je me suis dit dans leur façon de rire en s'installant).
Et avant que le compte a rebours n'arrive à zéro, un son d'orgue genre vieux rhodes à lampe commença à poser un groove de fou. Puis une ligne de basse super claire et hyper bien posé arriva avec une rythmique de batterie impeccable. Y avait caché à gauche de l'hotel tout une formation jazz incroyable. On Se serait cru sur le plateau de jimmy Follen late show. À 0 toute la chorale s'est mise à murmurer un chant à la fois très doux et très entrenant. En guise d'introduction au prêche d'une heure du pasteur (un truc de dingue rythmé régulièrement par des coup de batterie ou de très rapides gammes compliquées à l'orgue) la chef de choeur s'est mise à chanté comme une diva, faisant vibrer et taper des mains toute l'église.
Et là, au milieu de tout ça je me suis mis à pleuré. Je n'arrivais plus à retenir quoique soit. J'ai été rempli par une émotion immense qui a débordé. Une de mes voisines m'a tendu un mouchoir avec une regard d'une infinie douceur. Cette vieille femme noire habillée comme si elle était au mariage de sa fille (sauf qu'elle fait ça tous les dimanches tout comme l'ensemble des personnes dans cette église) se remit aussitôt à chanter et à lever les mains au ciel en se jetant sur les contre temps pour crier des "alleluya" ou des "oh lord" !
Toutes ces voix du fond du corps, toutes ces âmes rassemblés avec une telle ferveur une telle beauté une telle unité, c'était trop pour moi. J'ai été complètement transporté.
Vers quoi ? Je ne sais pas trop. C'était une expérience mystiques, un grand moment spirituel. Mais je crois que dans les larmes qui n'arrêtaient pas de couler sur mes joues il y avait le goût amer de l' histoire de cette communauté noire américaine. L'histoire de cette musique qui est née dans la terreur et la misère de l'esclavagisme, et qui est l'origine de toute la musique du 20eme siècle. De toute la musique que j'ai toujours aimé. Rien que d'y repenser ça fait couler à nouveau quelques larmes... oh lord...
Un dimanche matin à Baltimore Juste avant mon train pour un très court passage à Washington DC (je suis dans le train maintenant) je me suis fait tout petit dans une église de l'African Methodist Episcopal Church sur Druid Hill av (avenue de la colline des druides ça ne s'invente pas). Mais avec leur façon de faire des hugs et de poser pleins de question pour faire connaissance c'est vite devenu difficile de passer incognito (d'autant que j'étais le seul White dans la grande église). Les uns et les autres se passaient le mots "c'est le français qui a travaillé au light City festival" au milieu d'une joyeuse convivialité, une souplesse des corps, une grande liberté de mouvement d'une place à une autre, une simplicité dans la façon d'échanger avec beaucoup de rire, beaucoup de bruit. Et là, alors que j'etais tranquillement assis dans une relative tranquillité (même pendant le reste de la messe pleins de voisins ont continué à me poser pleins de questions sur la France) "la cérémonie va commencer dans" apparu au dessus d'un compte a rebour de 2 minutes sur l'écran géant installé derrière l'hotel. Juste au dessus des pupitres où toute une chorale prenait place en se racontant des blagues (c'est du moins ce que je me suis dit dans leur façon de rire en s'installant). Et avant que le compte a rebours n'arrive à zéro, un son d'orgue genre vieux rhodes à lampe commença à poser un groove de fou. Puis une ligne de basse super claire et hyper bien posé arriva avec une rythmique de batterie impeccable. Y avait caché à gauche de l'hotel tout une formation jazz incroyable. On Se serait cru sur le plateau de jimmy Follen late show. À 0 toute la chorale s'est mise à murmurer un chant à la fois très doux et très entrenant. En guise d'introduction au prêche d'une heure du pasteur (un truc de dingue rythmé régulièrement par des coup de batterie ou de très rapides gammes compliquées à l'orgue) la chef de choeur s'est mise à chanté comme une diva, faisant vibrer et taper des mains toute l'église. Et là, au milieu de tout ça je me suis mis à pleuré. Je n'arrivais plus à retenir quoique soit. J'ai été rempli par une émotion immense qui a débordé. Une de mes voisines m'a tendu un mouchoir avec une regard d'une infinie douceur. Cette vieille femme noire habillée comme si elle était au mariage de sa fille (sauf qu'elle fait ça tous les dimanches tout comme l'ensemble des personnes dans cette église) se remit aussitôt à chanter et à lever les mains au ciel en se jetant sur les contre temps pour crier des "alleluya" ou des "oh lord" ! Toutes ces voix du fond du corps, toutes ces âmes rassemblés avec une telle ferveur une telle beauté une telle unité, c'était trop pour moi. J'ai été complètement transporté. Vers quoi ? Je ne sais pas trop. C'était une expérience mystiques, un grand moment spirituel. Mais je crois que dans les larmes qui n'arrêtaient pas de couler sur mes joues il y avait le goût amer de l' histoire de cette communauté noire américaine. L'histoire de cette musique qui est née dans la terreur et la misère de l'esclavagisme, et qui est l'origine de toute la musique du 20eme siècle. De toute la musique que j'ai toujours aimé. Rien que d'y repenser ça fait couler à nouveau quelques larmes... oh lord...
Posted by Christophe Thollet on Sunday, April 22, 2018