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"how dare you ?"
Les petits mots des grands discours qui ont annoncé le changement.
Et le temps qu'il faut pour passer des petits mots à l'action.
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Excusez moi par avance, ça va être un peu long, mais merci de trouver le temps de lire ces mots que m'inspire le discours que Greta Thunberg a fait hier au sommet de l'ONU sur le climat.
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Il y a des moment dans l'histoire de notre civilisation où des mots ont synthétisé une bascule possible.
Lorsque Martin Luter King fait son "I have a dream" en 1963, il y a tout à faire pour les droits des noirs américains et lutter contre un racisme ordinaire et d'une extrême violence. Impossible d'imaginer alors que 45 ans plus tard, Barack Obama pourrait scander "Yes we can" dans une campagne qui fit de lui le premier black président des Etats Unis d'Amerique ! Mais il fallait le rêver. Il fallait partager ce rêve pour qu'il se réalise.
Lorsque John F. Kennedy annonce "Ich bin ein Berliner'" en 1963 dans une allemagne encore découpé en deux par un mur de la honte, on est loin d'imaginer que les relations qu'entretiennent les dirigeants sovietiques et americains pendant la guerre froide pourrait un jour se "réchauffer", bien loin d'imaginer la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. Mais il fallait le rêver. Il fallait partager ce rêve pour qu'il se réalise.
Lorsque Rousseau écrit son « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes » en 1753 (publié en 1755) on n'est qu'aux prémices d'une prise de conscience des inégalités grandissantes au sein de la monarchie, encore très loin de la révolution française qui embrasera la France 40 ans plus tard, Mais il fallait le rêver. Il fallait partager ce rêve pour qu'il se réalise.
Lorsque Jaures scande « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! » le 25 juillet 1914 pour défendre une position pacifique face à une guerre mondiale où la France risque de s'engager, il ne sera malheureusement pas entendu, et même assassiné cinq jour plus tard, mais il fallait le rêver. Il fallait partager ce rêve pour qu'il se réalise.
Lorsque Nelson Mandela présente le 20 avril 1964 « Un idéal pour lequel il est prêt à mourir » pour dénoncer les lois faites par les blancs au procès de Rivonia avant de faire 27 ans de prison et de devenir le premier président noir à la tête d' "une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde" en 1994. Il fallait le rêver. Il fallait partager ce rêve pour qu'il se réalise.
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Chacun de ces exemples (il pourrait y en avoir pleins d'autres), chacun de ces rêves énoncés publiquement, ont mis plusieurs dizaines d'années à prendre corps dans nos sociétés. Presque à chaque fois une génération à se réaliser (sachant qu'on ne peut pas dire qu'elles se soient réellement réalisés, il y a encore beaucoup à faire pour les droits de l'homme ou contre les discriminations aux USA, en Afrique du sud, ici en France comme partout dans le monde).
Face aux urgences climatiques nous n'avons pas des dizaines d'années.
Nous n'avons pas ce temps.
Nous sommes déjà dans un point de non retour (comme le disait il y a déjà un an le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon lors du lancement aux Pays-Bas d'une commission internationale pour le climat)
Alors s'il vous plait sortons des polémiques débiles sur son âge, sa coupe de cheveux, son syndrome d'Asperger, son trajet à bord d'un voilier zero carbone, du retour en avion de l'équipage, le business qui se cacherait derrière l'exploitation de son image ou son hypothétique instrumentalisation pour le compte d'un "lobby vert". Non seulement on s'en fout complètement mais en plus on n'a pas le temps de discuter de tout ça. Emparons nous plutôt du vrai sujet qu'elle répète partout et pour lequel elle s'est lancé dans ses premières manifestations avec ces camarades de classes.
Nous n'avons pas 40 ans devant nous,
nous avons 8 ans pour agir,

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vu d'un coté, le temps qu'il faut entre les engagements politiques et leurs mises en œuvres (lorsqu'elles sont mises en œuvres) et d'un autre coté le mouvement d'ensemble dans lequel est lancé la courbe de la montée du réchauffement de la température mondiale.
Nous savons que l'on atteindra une hausse de 1,5 degrés d'ici à 2100, c'est inévitable. Nous savons (des milliers d'expert l'annonce dans les rapports du GIEC) qu'on ne peut rien faire face à ça. Une hausse de 1,5 degré engendrera des montés des eaux, des migrations climatiques, l'extinction de plusieurs milliers d'espèces et des météos de plus plus extrêmes auxquelles il faudra faire face, auxquels on commence à faire face. On sait qu'on y sera quoi qu'on fasse. Il est trop tard maintenant pour changer la forme de la courbe. Vouloir l'arrêter d'un coup ce serait comme vouloir arrêter un train lancé à pleine vitesse (comme le répète All Gore depuis son film "une vérité qui dérange" sorti en 2006).
Mais si on ne fait rien, ce sera bien pire encore. 1 ou 2 degrés de plus ça n'a l'air de rien sur nos petits thermomètre, mais c'est énorme à l'échelle du réchauffement global et ça se joue maintenant ! Si on ne fait pas quelque chose dans les quelques années à venir ce sera trop tard. On aura pas réussi à freiné le train...
Comme l'a expliqué Greta à l'assemblée nationale (oui française) il y a 2 mois "Le monde ne va pas arriver à sa fin d'ici onze ans, mais d'ici 2030, si nous ne faisons rien, nous serons très certainement dans une situation où nous aurons dépassé plusieurs points de basculement et nous ne serons plus en mesure de revenir en arrière" avant d'ajouter ces chiffres : "420 giga tonnes de CO2, c'est tout ce qu'il nous restait, au 1er janvier 2018, à émettre, pour avoir 67% de chances d'atteindre l'objectif de 1,5°C d'augmentation de température mondiale. Depuis janvier, ce budget s'est déjà réduit à 360 giga tonnes de CO2 à émettre, et sera épuisé d'ici 8 ans et demi."
Lorsque je la vois scander "How dare you ?" (comment osez vous ?) je pense à toutes ces petites phrases qui on fait basculer le monde. Je me dis qu'il faut le rêver, et partager ce rêve pour qu'il se réalise.
"Comment osez-vous ? Vous ne parlez que d’argent et des contes de fées de croissance économique éternelle. Depuis plus de 30 ans, la science est claire comme de l’eau de roche. Comment osez-vous regarder ailleurs?"
How dare you ? How dare you ?
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Je vous invite à en savoir plus sur le réchauffement climatique en cliquant sur ce wiki "citoyens pour le climat", où j'ai trouvé le graphique joint...