La réponse à cette question du chapô est hautement subjective.
Chacun entend ce qui va dans le sens de ce qu'il veut entendre.
Et au final, Tout se résume à ce que l'on met derrière le mot "écologie"
Historiquement le mouvement écologique a pris sont essor dans les combats anti-nucléaire.
ça fait partie des valeurs fondamentales de Greenpeace, d'EELV et c'est naturellement ce qui construit la définition du mot "écologie" dans des médias comme Reporterre, Alternative économiques ou Médiapart. C'est accroché aux journalistes qui se forment au contact de ces valeurs historiques.

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C'est ce que je me dis lorsque je sors de cet interview vidéo de Jean marc Jancovici sur Mediapart.
Remettre en question ça, pour une journaliste comme Jade Lindgaard (responsable du pôle Ecologie du médias) comme pour Mathieu Magnaudeix qui dirige l'interview (et qui est sans doute rentré à Médiapart pour défendre ces valeurs écologiques) c'est très compliqué.
Peu à peu de nouvelles générations de militants (à Greenpeace comme à EELV) n’ont pas connu les essais nucléaires militaires ni la période de la guerre froide et privilégie la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre au combat anti-nucléaire, mais c'est encore balbutiant et extrèmement minoritaire dans ces associations (qui ont chacune réaffirmé encore récemment leurs positions sur le sujet, comme on le voit dans ce rapport ou ce communiqué).
Il faut dire qu’accepter d'entendre ce que dit Jean Marc Jancovici de façon pragmatique (ne serait-ce que sur la prise au sol du photovoltaïques et de l'éolien face à une faune et une flore qui souffre déjà d'une artificialisation galopante des sols), c'est un chemin compliqué d'un point de vue de l'identité même du militant écologiste.
Il est difficile d'aborder la hiérarchisation des problèmes tant l'ampleur des conséquences du réchauffement climatique et de l'épuisement des ressources naturelles est peu conscientisé dans notre société. Comme en plus la très grande majorité des discours sur le nucléaire sont construit de façon inconsciente dans des biais cognitifs de toutes sortes (biais méthodologiques, affectifs, culturels...), aborder le sujet du nucléaire c'est vraiment pas simple. Même Greta Thunberg a été mal vue par ses amis verts allemands lorsqu'elle a osé faire preuve du pragmatisme à fleur de peau qu'on lui connait. Pas mal de militant ont dut penser très fort "How dare you" ?
Je salue l’effort d'assumer l'invitation pour aborder frontalement cette question centrale (même si elle ne représente que 5% des efforts à faire pour atteindre la neutralité carbone, comme l'explique Jancovici pendant cet interview). Ça change d'Alternative économique qui n'assument pas l'invitation de son association de lecteurs (médias que j'adore par ailleurs pour pleins d'autres sujets qu'ils traitent avec intelligence).
On sent chez les deux journalistes que c'est difficile d'entendre les réponses du co-fondateur du Shift Project, c'est comme si ce profond héritage culturel (cette raison d'être du mouvement écologique) les empêchaient totalement d'être dans l'écoute. Ils posent les questions sans entendre les réponses. Je les imagine chacun rentrer le soir dans leurs maisons chauffé à l’électricité nucléaire en se disant que leur intervenant est indécrottablement à coté de la plaque...