Sans doute parce que leur vie est courte

Quel bonheur de vagabonder dans cette BD ("Le fils de Pan" de Babrizio Dori) comme si je pouvais rentrer dans les tableaux de Klimt, Chagal, Munch, Van Gogh, Moucha, Moreau, Mondrian...

Après le "Dieu vagabon" (une BD que le meme auteur avait sorti en 2019), on retrouve Eustis, le satyre coincé sur terre, ce bon à rien qui cherche avec sarcasme et nonchalance la magie des dieux dans toute sorte des ivresses qu'il peut trouver sur cette planète. Comme souvent cette créature échappée du "cortège dionysiaque" entraîne avec lui (malgré lui) certains terriens dans des aventures extravagantes et initiatiques, nous entrainant dans la redecouverte de figures, de croyances et d'histoires mythologiques.

Cette fois il se retrouve à accompagner deux personnages coincés sur terre : l'un qui vient du monde des dieux, le fils de Pan et de Séléné (deux figures que notre héros avait aidé dans la bd precedente) et l'autre qui est bien humaine et qui tente de faire tourner l'usine de son père depuis son étrange disparition (comme par hasard peu après que Eustis lui ait fait goûter de l'ambroisie qu'il avait volé à Arès).

A l'image de cette femme cartésienne qui cherche a tout maitriser et à comprendre de façon cartésienne ce qui est arrivé à son père (refusant la magie et tous les mystères du monde des Dieux) le lecteur se retrouve face à l'absurdité et au manque de sens de tout ce qui construit son monde.

Au milieu de ce grand voyage psychédélique aux mille references à l'histoire de l'art et du cinéma , j'ai une tendresse particulière pour cette scène où "l'enfant" - qui n'a pas d'autre nom et qui vient d'arriver sur terre - découvre l'existence de la voiture.

Il demande "Et pourquoi ont ils besoin d'aller vite ?" Ce à quoi Eustis lui répond "va savoir... Sans doute parce que leur vie est courte".