
Avec You want it darker, Leonard Cohen a préparé tout un album pour partir. Il y chante sa tristesse de quitter ce monde. De quitter tout ce qu'il aime. Tout ceux qu'il aime. Il y dit qu'il est prêt a partir. Il se tourne vers Dieu. Il s'interroge. Difficile de retenir les larmes en réécoutant tout cet album. Le gospel qu'il fait renaitre avec "on the level" comme un besoin de rendre hommage à cette musique qui vient de la douleur. Qui vient de la façon dont les noirs américains se sont emparé d'une religion qu'on leur a imposé en leur faisant quitter leur pays d'origine dans l'inhumain traffic du triangle économique. Gospel qui fera naitre le jazz, le rock et tout ce qu'on écoute. La lenteur et la tragédie de "living the table". La longueur du temps vivant qui s'étire dans "steer the way" comme pour crier "je suis encore là" en se sachant condamné. La douceur du titre "Treaty". Sa voix de baryton qui masse le cœur et tout le corps en chair de poule où il s'adresse directement à Jesus en regrettant qu'il n'y ait pas une "entente" sur leur vision de l'amour.
Le dernier titre fait pleurer tous ceux qui jusque là ne pleuraient pas encore. C'est la reprise de "Treaty" ou des violons chantent la mélodie à la place de sa voix inimitable. C'est magnifique mais il manque sa voix.
Il manque sa voix à tout jamais...
Elle revient sur les toutes dernières secondes. Calmement. Comme un fantôme bienveillant qui continuera à accompagner nos vies grâce à toutes ses chansons... And I wish there was a treaty we could sign... it's over now the water and the wine... Everybody knows that the dice are loaded... Hallelujah... Suzanne takes you down to her place near the river... freedom soon will come... then we'll come from the shadows.. Like a bird on the wire... Dance me to the end of love...