1968 avait amené énormément d’espoirs sur l’avenir de notre société : elle serait plus juste, plus humaine et plus ouverte. Il n’y avait aucun doute !
Mais que reste-t-il de cet héritage ? Pas grand-chose… Les jeunes des barricades sont rentrés dans l’ordre, satisfaits peut-être d’avoir tenté un monde meilleur, persuadés certainement que la société serait meilleure… Mais au final, après une petite crise d’ado, ils sont devenus les adultes d’un système qui se veut injuste et comme tous les adultes, ils ont perdu la connexion avec ce qui les entoure en réagissant de la même manière que leurs parents avant eux : soumis et résolus. Le système est ainsi fait…
1981 ! Nouveau sursaut d’espoirs pour les jeunes adultes de 1968 ! Mitterrand redonne l’espoir en une société équitable, qui vient en aide aux plus faibles tout en assurant l’avenir de tous ! Enfin, la « Gauche » est au pouvoir ! Enfin, des lois protectrices vont contrebalancer le monde du Capital !
Et les premiers pas sont prometteurs : abolition de la peine de mort, abolition du « délit d’homosexualité », augmentation du SMIC et des allocations familiales, création d’un impôt sur les grandes fortunes, semaine de 39 heures, 5e semaine de congés payés, retraite à 60 ans…
Les années suivantes vont voir s’alterner la droite comme la gauche, les mesures phares comme les Affaires.
Chaque affaire sera une tâche supplémentaire dans le paysage politique français.
Droite, gauche, chacune ses affaires dévoilées quand l’autre camps est au pouvoir : l’Affaire du sang contaminé qui entache notamment Laurent Fabius, l’existence de Mazarine, fille naturelle de Mitterrand, est dévoilée, les doutes autour du « suicide » de Bérégovoy, l’affaire Urba (financement occulte du PS), le Rainbow Warrior, les affaires Tapie, le financement du RPR, les emplois fictifs de la Mairie de Paris, les affaires Clearstream…
Impossible d’avoir confiance en cette classe politique qui s’empêtre dans les affaires, comme une image violente d’une caste au pouvoir qui l’utilise à chaque fois pour son profit au dépens de la cause principale de son pouvoir : la défense de l’intérêt du peuple.
A défaut, ce sera la défense de ses propres intérêts au dépens de ceux d’un peuple conciliant à qui on jettera quelques miettes de temps en temps comme les 35 heures par exemple.
Mais cette caste a occulté un pouvoir terrible pour lui-même : l’information du peuple.
Et cette information n’est plus maîtrisée par le pouvoir grâce à une outil fabuleux démocratisé récemment : Internet.
Internet a ce pouvoir fantastique de permettre à tout le monde à l’information sans contrôle ni censure.
Internet permet à chaque individu d’être un acteur de l’actualité : chacun peut commenter l’actualité voire même y contribuer directement.
Chacun peut y défendre les causes qui le touche, même à l’autre bout du monde.
Notre classe politique tente en vain de nous faire comprendre ses échecs comme le résultat des choix de l’autre camp ou de la conjoncture (crise économique de 2008, chômage, situation sociale ou financière du pays) mais impuissant face aux critiques de toute part : les torts sont de tous les côtés et il est maintenant possible de le vérifier facilement.
Impossible à contrôler, Internet est donc l’ennemi à abattre d’une caste politique totalement dépassée.
Internet est donc le lieu de toutes les déviances : radicalisation (religieuse ou politique), prostitution, pornographie, piraterie en tout genre mais rien, absolument rien sur ce lieu d’ouverture et d’échange, il faut à tout prix mystifier ce lieu et notamment son fameux « Darknet », lieu de débauche totale, véritable bas-fond d’internet où il n’y, à entendre nos politiques, que des pervers et des pirates !
Il faut donc coûte que coûte surveiller, contrôler et bâillonner Internet !
Les politiques s’estiment dans leur bon droit : hormis quelques associations auto-radicalisées sur Internet, personne ne trouve à redire ! L’ancien monde avalise le contrôle du Nouveau-Monde. Personne ne se plaint des mesures de contrôle de ce lieu inconnu de débauche stigmatisé dans les médias traditionnels, la propagande fonctionne !
Et pourtant, le monde change...
Il ne faut pas remonter si loin pour observer ce monde qui change :
Edward Snowden dévoile début juin 2013 ce que le monde numérique imaginait déjà : les États-Unis ont mis en place une surveillance de masse mondiale dont il paraît difficile d’échapper.
La seule réponse que le monde occidental a été capable de donner : « c’est pas bien, les USA ce que vous faites, faut plus le faire... »
Personne pour accueillir l’homme, pourchassé par les États-Unis pour traîtrise, à part la Russie, certainement pour montrer que les Américains ne sont plus vraiment les maîtres du monde.
Aucune réponse forte des autres pays, la France a même voulu empêcher le survol de l’avion du Président équatorien pensant qu’il y avait Edward Snowden pour pouvoir le fouiller et éventuellement l’arrêter et le remettre aux Américains. Belle vision du pays des droits de l’Homme…
Depuis 2012, la « gauche » est revenue au pouvoir avec François Hollande.
Seule avancée sociale, la légalisation du mariage gay qui a aussi montré le visage d’une France divisée entre conservatisme malsain et avancées précaires. Depuis cette loi d’ouverture sur la société actuelle, ce quinquennat stagne ou recule. Toujours la faute aux prédécesseurs et à la crise…
Et il y a 2015, cette année tragique : il y a eu Charlie et le Bataclan.
L’attaque de Charlie Hebdo a montré le lien collectif de toute une nation, l’amour fraternel de tous, que nous ne faisons qu’un face au terrorisme.
Seules réponses de nos politiques : remettre la faute sur le prédécesseur et annoncer encore plus de surveillance et de contrôle.
Le fruit de tout cela : une nouvelle Loi Renseignement qui vise à donner un cadre légal à ce qui se faisait déjà : autoriser la surveillance de masse, contrôler Internet pour lutter contre le terrorisme, mal absolu, et tanpis si cela se fait au mépris des libertés. La lutte contre les terroristes vaut bien que nous sacrifions un peu de nos libertés.
Tout est en marche et avec l’aval de tous !
La propagande fonctionne bien : si tu ne veux pas de la Loi Renseignement, c’est que tu as quelque chose à te reprocher !
Les mesures de cette loi se tournent essentiellement vers Internet, cet ennemi à abattre !
Pourtant, les frères Kouachi et Coulibaly ne se sont pas radicalisés sur Internet : ils ont côtoyé un prédicateur des Buttes Chaumont, ont été en prison avec des islamistes radicaux, sont allés à l’étranger pour s’entraîner mais nul part, il n’est question d’Internet.
Novembre 2015 : l’horreur…
Un commando s’attaque à Paris et à sa jeunesse, aux symboles de notre liberté : aller en terrasse avec des amis pour boire un verre, se rendre à un concert ou un match de foot.
Ils n’ont, encore une fois, pas utilisé Internet pour se coordonner mais des téléphones et des contacts directs.
Ce n’est pas grave : on va mettre en route l’État d’Urgence, on ne sait jamais. Et comme il y a la COP21 qui approche, ça donnera la possibilité d’assigner à résidence quelques écolos. On ne sait jamais, ils serait capables de jeter des fleurs sur Hollande !
Depuis novembre, nous assistons à une escalade de la classe politique dans les mesures les plus farfelues pour réduire la menace terroriste avec en tête de liste la déchéance de nationalité.
Vous croyez vraiment que les terroristes sont impressionnés par une telle sanction ? Sérieusement ! Ils sont prêts à se faire sauter la tête ! Ils se fichent bien de leur carte d’identité française !
La droite la plus abjecte, avec à sa tête Eric Ciotti ou Christian Estrosi, se fait la voix d’une droite ultra-sécuritaire et anti-étranger totalitaire. Plus de caméras, plus de contrôles, moins d’étrangers, ça sera plus sécurisant pour les Français !
Par crainte que l’électorat ne réponde aux appels du pied populistes d’une Marine Le Pen, Manuel Valls et son fidèle lieutenant Bernard Cazeneuve mettent en œuvre les armes de la surveillance de masse mais voyez mon brave Monsieur, c’est pour votre sécurité !
L’État d’Urgence est prolongé pour ne pas prendre le risque d’une nouvelle attaque. Les citoyens peuvent bien accepter de rogner sur certaines libertés pour leur sécurité tout de même !
Quels bénéfices de cet État d’urgence ? Difficile à dire et à prouver.
A en croire les services de l’Intérieur, de nombreux attentats sont régulièrement déjoués et de nombreux djihadistes sont mis sous surveillance...
Il y avait quand même des éléments annonciateurs de cette impuissance du pouvoir et de ces services : la cavale de Sala Abdeslam stoppée grâce à la Belgique, la tuerie de Magnanville, ces dépars en Syrie qu’on ne peut stopper, la réaction de Bernard Cazeneuve au rapport parlementaire sur les attentats de 2015…
Et maintenant, ce 14 juillet meurtrier à Nice…
Combien de morts faudra-t-il encore pour que nous, le peuple, mettions un terme à cette incompétence ?
Combien de discours d’appel à l’unité devrons-nous supporter encore ? Unité bafouée immédiatement par des beaux parleurs avides de bons conseils et reproches… Pourtant, la plupart ont déjà eu leur tour…
Cette classe politique, de droite comme de gauche, fait courir à notre pays un danger permanent : on nous persuade que nous sommes en guerre contre Daesh. Non ! Vous êtes en guerre ! Je n’ai absolument pas demandé à ce que nous fassions la guerre à d’autres, en Syrie ou ailleurs… Comment espérer être tranquille dans notre pays si nous allons détruire celui des autres ?
Persuadés de votre bon droit, vous prônez toujours plus de sécurité au dépens de nos libertés les plus essentielles.
Vous reprochez même aux syndicalistes d’exercer leur droit de grève contre la Loi El Khomri en tentant de les culpabiliser des violences commises par les forces de l’ordre. Bah oui, évidemment ! C’est la faute de la CGT si un jeune a perdu son œil à cause d’un flashball ! S’il n’y avait pas eu de manifestation, il n’y aurait pas eu de tir ! implacable…
Sauf que personne n’a demandé aux policiers de tirer sur la foule, de molester des journalistes ou de nasser tout le monde, à part vous…
Le pire dans tout ça, c’est que nous nous serions tous attendus à ce type de comportement d’un gouvernement FN, mais vous, vous représentiez les espoirs d’un mieux social, d’un mieux être car vous étiez sensé être socialistes…
Sensés, car au final, vous n’êtes qu’une bande de chefaillons comme les autres qui oubliez vos promesses de campagne.
Vous ne faites pas mieux que tous les autres oligarques avant vous.
D’ailleurs bravo ! Vous êtes le premier gouvernement à avoir des manifestations surveillées par Amnesty International, félicitations, rien à dire ! Félicitations aussi pour ce magnifique 45e rang au classement de la liberté de la presse de RSF.
Il y a une chose que vous et vos prédécesseurs avez réussi à merveille : les Français restent immobiles et ne bronchent à aucune de vos incartades…
Plus vous annoncez des mesures liberticides sous couvert de sécurité, plus il en redemandent.
Bien joué ! Vous avez commencé par la vidéosurveillance (sagement rebaptisée vidéoprotection), vous avez ensuite gentiment stigmatisé internet pour y vendre la surveillance de masse et vous continuez en vendant toujours plus de sécurité sans aucune réaction.
Bravo ! La prochaine fois, vous pourrez mettre Marine sans aucun souci, ils sont prêts !
Mais jusqu’à quand ? La grogne monte de plus en plus et vous ne pourrez pas assigner tous les opposants à résidence ni même accuser Julien Coupat d’être derrière tous les mouvements populaires.
A force de prendre les gens pour des imbéciles, ils finissent par se rebeller contre leur maître.
Vous avez vu les derniers évènements ? Il étaient un peu moins docile que d’habitude.
Alors il est possible que vous arriviez à faire passer Marine mais nous aurons tous mal, ce sera dur, ce sera violent mais méfiez-vous de la réaction du peuple, il finira par se réveiller !
Les petits-enfants des ados des barricades de mai 68 sont nés avec Internet. Ils savent trouver les informations là où elles sont et s’éveiller eux-mêmes. La propagande marche moins sur eux. Internet se défend toujours, son peuple aussi…