Nous étalions nos splendeurs… et tout aussi furtifs que des regards fuyants
Ors et grandeurs clinquantes et trébuchantes
Explosaient les désirs en nuées incandescentes
Rocs et ciels broyés, finirent aspirés dans d'immenses vortex
Aux couleurs de nos peurs
Tel fut notre suicide
Éblouissements blafards et cruellement apocalyptiques
Un anéantissement si violemment humain
Le triste aboutissement de siècles de rage, d’aliénations esclavagistes et guerrières pour faire plier le vivant
À nos pieds
Nos inaudibles adieux
Tout autant que nos regrets
De dérisoires fracas, ridiculement infimes dans l'immensité
Sans réels raisons d'être, au fond...
Si perdus...
Bien au-delà du Temps.
Le Temps,
Ondes multicolores de milliards de présents
Tout juste entraperçus que sitôt interdits car trop porteurs de rêves.
À moins qu'ils ne recèlent un espoir de puissance possible à intégrer aux chaînes d'exploitation
Quant à nos regards,
Ceux-ci d'abord fugaces, et puis émerveillés
Vieillirent conformistes, dédaigneux
Trop souvent imprimés par les rêves des autres...
Des rapines de mortels qui peinent à voir plus loin que l'éclat des métaux, des pierres qui éblouissent
Infiniment petits parce que si peu aimants
Niant l’inexploitable, imbus et satisfaits
En toute autorité.
Nous lutions pour survivre au milieu de nos chaînes
Au milieux des possibles tentant de les atteindre
Soumis de gré de force à cette condition, hélas faussement humaine
Façonnée par les riches, et ceux qui les envient
Ceux qui sèment ce cauchemar dans la tête des enfants
Ces forts, ces conquérants, qui imposent leurs Dieux
Pour mieux nous asservir
Pour mieux creuser le trou de notre fosse commune où nous les précédons
Infiniment petite, infiniment profonde, infiniment commune...
Les victoires des puissants
Des myriades d'offenses qu'ils ont a mis bout à bout, perçues comme des chef-d’oeuvres
Bues d'une rasade ...amère et altérante
Une autre, encore une autre
Aussi ultime que nouvelle
Aussi irrépressible qu'un dernier soupir
Comme le cri victorieux de la fin d'un combat mené contre soi même
Qui enfin aboutit mais jamais ne finit
Est ce pour se protéger des coups les plus violents
Qu'on a fini par croire qu'en fait, il était nôtre
Naturel et inné au mieux inévitable
Ce schéma imposé et qui nous emprisonne, nous tue et nous renie ?
Ou sommes nous juste loin
Perdu.e.s loin de nous même... ?
Un jour,
On a pensé grandir pour se voir jouir de la beauté, de l'harmonie du monde
Des lointains inconnus, ou oubliés, ou fantasmés, ou rêvés...
De ces forêts primaires foisonnantes et vierges
Aux eaux pures et tranquilles
De ces mers immenses, si brassées et si sages
Celles qui nous on vu naître
Mourir
Renaître...
Encore et encore, nous sommes arrivés là...
Une étincelle de temps !
Et pourtant,
Musiques et candeurs, joie de vivre et sourires, en toute légèreté...
Le bonheur, la joie de vivre, l'amour inconditionnel (Ô breuvages d'éternité !)
En toute simplicité
On a toujours tenté de s'en emplir
De les sauver ! Et pour qu'ils durent, de les offrir
Comme une nature première
En toute sincérité
En toute nécessité !
Avions nous d'autres choix - sinon d'autres raisons - pour survivre ?
Mais il fallait aussi que l'on blesse, que l'on tue !
Qu'on explose les atomes
Tout juste découverts
Comme s'ils venaient de naître...
Pour bien montrer à ce monde qui déborde d'esclaves qui étaient les plus forts !
Sans fin, on a construit les murs et leurs cruelles pièces aveugles
De celles où l'on crie, on gémit, puis on meurt
Pour exalter nos peurs, vomir nos différences
Y détruire tous possibles
Dans la schizophrénie de nos indifférences
C'est ainsi que, secrètement brisé.e.s, telles des momies de verre jetées du haut des tours
Vaguement rafistolées
Nous voilà faux entiers, allant pimpant.e.s et fier.e.s à la parade
Profitant des douceurs des premières nuits d'été
Illuminant les nues par d'innombrables feux d'artifices
Toujours plus enivrants et toujours plus nombreux
À chaque fois plus fastueux
Pour un oui, pour un nom, pour un jour, pour un rien
Pour stupéfier des foules par avance stupéfaites
Alors que loin là-bas...
A la périphérie, saturant les couleurs d'un blanc phosphorescent
Tombent, tombent, tombent...
D'innombrables bombes
Incendiaires !
Les premiers feux servant à digérer, oublier, couvrir
Fêter les seconds !
Notre monde est si petit...
Pendant que tout s'effondre, sous l'emprise de nos peurs, de l'anéantissement de notre altérité
On tente tant bien que mal de faire tenir des sourires de façade et de bienséance
Sur des masques cireux
Avec du scotch
Au dessus de costards fringants, cravatés serrés
A mort !
Et les éclats de rires, ainsi étranglés par des conduits rétrécis, sonnent bien faux
Ce sont des rires d'adultes aux désirs enfantins toujours inassouvis
Craies crissantes sur le tableau noir d'enfances dévoyées, assassinées !
Des rires de coupables qui refusent de comprendre, éblouis par la soif de faste et de puissance
Des rires sur-aiguës, tout éraillés de peurs
Un rire pour qu'il soit beau se doit d'être innocent
Et nous autres qui rêvions, qui osions regarder et qui osions rêver... Pétri.es d'espoir, à n'en savoir que faire
Et nos révolutions, nées des rêves de rires, de tendresses à s'offrir, d'estomacs à remplir
De routes à parcourir...
Les infimes ont vécu et sans cesse renaissent, mais les grandes
Matées, retournées, détournées, germes à peine levés que déjà piétinés
Par les chaussettes à clous, les gibets et la haine
On a tenu, un temps
On a bien essayé, mais les forces s'épuisent
Exsangues et si seuls, et si loin du départ
Nos demains s'effondrent
Comme des berges rongées
Par ce sourd quotidien dont rêvent les gens biens
Piétiné d'ignorance, de peurs et de déni
Ainsi bat la pendule du décompte cruel