Pour Shaaban Al-Dalu
Il brulait comme nos âmes brulent.
Il se consumait dans notre silence,
Tranquillement en toute indifférence.
Ici personne ne moufte, personne n’hurle.
Nous aussi nous brûleront un jour ou l’autre,
À notre tour venu nous subirons les outrages
De la guerre et le sinistre fracas de la rage,
Alors seulement ses tourments seront nôtres.
Il brulait et pourtant déjà nous l’oublions
Tout à la vie qui doucement nous enivre.
Il flambait attaché à sa perfusion
Et nous, nous continuons à lui survivre.
Pourtant, nous aussi tôt ou tard nous brûleront
Et nous deviendrons ainsi palestiniens.
Enfin éveillés, peut-être nous pleurerons,
Nous regretterons d’être traités moins qu’un chien.
Quand nous serons devenus Palestiniens
Nous serons des bêtes, nous n’aurons droits à rien.
Comme eux notre destin sera l’injuste mort,
De ceux qui, impuissants, ne sont pas assez forts.
Il est mort le bel adolescent, doux enfant
Parti en fumée. C’est l’abomination,
Satisfaire une belliqueuse nation,
Par l’immolation d’un fragile gisant.
Maintenant qu'Allah lui fasse miséricorde.
Car, enfin, il échappe à la sinistre horde
Et vaillant malgré lui, il se change en martyr
Ce jeune qui pourtant ne voulait pas mourir.