Le festival nous offre l’occasion de continuer notre exploration, un peu plus surprenante cette fois, du droit. Car si le droit apparaissait en pleine lumière dans « Le procès », si l’on voyait aisément la sanction du droit s’exprimer dans « La censure » et le droit du travail se profiler derrière la question du « Travail » , il est plus difficile de déceler le droit dans nos gestes les plus familiers. Pourtant, il faut admettre qu’il accompagne notre quotidien, qu’il se terre au sein même de nos habitudes, et qu’on le trouve aussi … dans notre assiette !!!
La cuisine et la gastronomie occupent aujourd’hui une place de plus en plus importante dans nos sociétés contemporaines. Qu’on en juge à travers la toute récente fête de la gastronomie (octobre 2011) et par le nombre d’émissions de radio, de télévision, les magazines, les sites web et les films qui s’emparent d’un phénomène social, en passe de devenir un art de vivre. Le repas évoque le plaisir, le bien être mais renvoie aussi à d’autres considérations : politiques, patrimoniales, environnementales, sociales voire familiales donc, juridiques. C’est pourquoi nous consacrerons au « Repas » la 4e édition du festival Ciné-droit.
Bien que nous n’en ayons pas toujours conscience, le droit encadre en permanence nos gestes alimentaires au point d’influencer nos choix, nos goûts, notre manière de manger, de produire et de consommer. Qu’il s’agisse de nos choix alimentaires puisque des règles décident des interdits : il y a ce qui est mangeable et ce qui n’est pas mangeable ; qu’il s’agisse de la protection sanitaire : un producteur doit se plier à certaines règles, de production ou encore d’information du consommateur. L’art culinaire peut aussi être considéré comme créateur de droits immatériels, et offre une approche patrimoniale. Que signifie alors, juridiquement, le classement de la gastronomie française au patrimoine mondial de l’Unesco ?
Enfin, les inégalités sociales sont toujours accompagnées par une inégalité des régimes alimentaires. Il y a l’alimentation des riches et l’alimentation des pauvres, l’alimentation des pays du Nord et celle des pays du Sud. Que vaut le droit à l’alimentation, qui passe pour fondamental, naturel, dans la mesure où il répond à un besoin primaire : celui de se nourrir ? Comment le garantir et comment le décliner dans un contexte mondialisé. Tandis que certains meurent encore de faim, d’autre s’inquiètent de la qualité, voire des effets des produits qu’ils absorbent. Le repas est ainsi devenu le lieu des peurs alimentaires .. largement relayées par des dictats en perte de sens.
Comme les autres années, au mois de mars prochain, colloque, débats, rencontres et films chercherons à éclairer ces questions.
Nathalie Goedert