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TOUS AU LARZAC !
La mémorable bagarre pleine d’imagination, d’intelligence et de culot que menèrent une poignée de paysans contre l’armée française et le gouvernement. Une bagarre qui n’a rien d’un combat d’arrière-garde, d’une affaire d’anciens combattants. Elle résonne encore très fort aujourd’hui, nous transporte et nous donne une pêche d’enfer !
En 1971, Debré, ministre de la guerre, annonce que le camp militaire du Larzac a besoin d’espace et que par conséquent, les paysans qui y font paître leurs moutons vont devoir céder la place aux missiles et aux fusils. On disait les paysans conservateurs et timorés, ils vont opposer à la force brutale et stupide une force de résistance pétrie d’humour et d’imagination. On les disait individualistes, ils vont se révéler d’une solidarité à toute épreuve, commençant par signer un pacte qu’il tiendront jusqu’au bout sans mollir : aucun d’entre eux n’acceptera de céder ses terres à l’armée quel qu’en soit le prix. Il étaient pourtant sacrément différents les uns des autres : paysans enracinés depuis toujours, nouveaux débarqués avec la vague soixante-huitarde, gros exploitants, ou tout petits, il y avait les modernes, les traditionalistes, les conservateurs, les révolutionnaires… jamais ceux qui prenaient les décisions du côté de Paris n’auraient pu imaginer que des éléments aussi disparates puissent se fédérer pour leur tenir tête et que la victoire serait du côté de la non violence et de l’utopie…
Lorsque l’État déclenche en 1972 une procédure d’expropriation, les paysans vont riposter par un lâcher de moutons sur la place du Champ de Mars à Paris, opération qui va stupéfier les médias et les politiques qui ne s’attendaient certes pas à ça. Quelques mois après, c’est une armada de tracteurs qui foncera du Larzac vers Paris… Chaque manif rameutera de plus en plus de monde et la mobilisation va s’étendre bientôt à la France entière : des comités Larzac vont germer un peu partout, et la poignée de fermes visées par les militaires va devenir le point de ralliement de tous ceux qui, gauchistes, pacifistes, anarchistes, chrétiens, philatelistes, naturistes, ou simples rêveurs se disaient prêts à fabriquer une société meilleure, sans violences ni canons.
Les bouseux dont les militaires et les politiques pensaient ne faire qu’une bouchée vont leur tenir tête plus de dix ans et finiront par gagner le droit de rester sur leurs terres. En juillet 1981, Mitterrand, ayant pigé le symbole extraordinaire qu’était devenu ce plateau-là, déclarera le projet d’extension abandonné dans l’enthousiasme général. Mais on ne sort pas indemne de si formidables années de lutte commune. Il en reste une conscience politique, une culture, une solidarité, une force qui les a tous définitivement façonnés.
texte emprunté des copains d'Utopia Cinémas (http://www.cinemas-utopia.org/toulouse/index.php?id=1435&mode=film) sur le film de Cristian Rouaud réalisé en 20011
Il a eu un enorme succes parmi tous ceux qui revent que les citoyens reprennent les affaires en main.
La cinegalerie94 a publié l"original" TOUS AU LARZAC:
http://www.dailymotion.com/video/xlpgny_tous-au-larzac_news
Un film signé collectif CINEMA POLITQUE , 32' 16mm, n/b 1973
Note sur ce film: la conscience politique de Lambert dépassaient la plus part des paysans mais il fut écouté avec intéret. Ce petit film tourné avec une bolex16/manuel/muet avec enregistrement son sur bande a eu plus de 200 000 spectateurs avec seulement 12 copies en projections publiques en France et en Allemagne ! Aujourd'hui on peut faire mieux techniquement avec un tel portable, mais il n'y a plus Lambert ! Ce film fut tourné et aussi montré lors des initiatives des paysans du Larzac.
Il redevient une actualité aujourd'hui ou des comités de citoyens poussent partout, espérant de devenir un mouvement social populaire!