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Billet de blog 12 mars 2015

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Un journal participatif, pour quoi faire?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un journal participatif, pour quoi faire? 

Sauf exception, je n'ai pas pour habitude d'écrire des commentaires ni de participer aux discussions sur les colonnes de Médiapart, ni d'aucun autre média, mais devant le déferlement de ceux-ci je m'interroge.

Abonné à Médiapart depuis 5 ans je suis fidèle à ce média qui mieux qu'aucun autre me procure des informations et analyses qui correspondent globalement à mes attentes même si je suis parfois en désaccord sur certaines analyses. Étant d'un âge assez avancé j'ai été formé à la vieille école du journal papier dont l'information univoque ne laisse aucune chance au lecteur d'exprimer son adhésion ou son mécontentement. Aussi l'arrivée d'internet et des médias modernes ne peuvent que me réjouir. Le lecteur que je suis peut enfin effectuer une rétroaction qui en langage cybernétique (je suis automaticien de formation … désolé) permet, quand le système est bien conçu, de stabiliser la chaîne. On appelle cela une régulation, terme souvent oublié par de pseudo démocrates.

Or, que voyons nous aujourd'hui? La rétroaction est tellement forte que le système part en divergence. Les commentaires, au lieu de pondérer le système et d'enrichir l'information, génèrent une oscillation qui détruit l’information.

Autrefois, il y a 20 ans avant internet, nous parlions de bruits de couloirs (pour ne pas utiliser un terme plus cru) mais l'étroitesse des couloirs cantonnait le système à un espace limité et l'absence de «mémoire» amortissait le phénomène qui retournait rapidement à un état stable. Aujourd'hui la puissance de l'outil (commentaires, blogs et autres facebook ou twitter) donnent au système une dimension nationale, voire planétaire et la possibilité de ressortir des commentaires et documents du passé crée un effet «mémoire» qui entretient l'oscillation, donc le bruit.

 La conséquence, telle que je la vois et j'aimerais confronter ma vision à d'autres, est que perdant l'information au milieu du bruit, je ferme le poste. Je suis incapable de suivre les «discussions» qui sont pour une large part un échange d'injures et de défoulements. C'est très dommageable car l'outil pourrait être formidable, qui n'a pas rêvé, avant l'arrivée d'internet, d'un journal participatif? Qui n'a pas été frustré en lisant un article de ne pas pouvoir l'amender ou le critiquer?

Mais au stade actuel de notre journal, l'outil a failli à son objectif, la parole donnée aux lecteurs est à revoir... Là, je vois tout de suite les accros aux commentaires réagir (violemment bien sûr, certains ne peuvent faire autrement) en criant à la censure. Mais la censure passive existe aujourd'hui car comment appeler autrement le phénomène que je décris ci-dessus? Quand l'espace réservé aux commentaires est occupé par un nombre limité de personnes, on revoit toujours les mêmes pseudos, qui empêchent par leur activisme ceux qui ont un avis à donner (et non pas un avis sur tout et tout le temps) de l'exprimer avec quelque chance qu'il soit vu …

Je pense que des voies de solution existent sans aller jusqu'à la «modération» et donc à la censure, en voici quelques unes:

1/ Donner la possibilité de noter les articles de la rédaction comme cela se fait pour les commentaires, ceci limiterait de façon notable le nombre de ceux-ci et éviterait la notation actuelle dénuée de tout intérêt des «plus commentés» comme si ce critère était un gage de qualité!

2/ Créer un délai dans la rétroaction, c'est un bon moyen de stabiliser une boucle. Par exemple introduire un délai (5-10 mn?) entre le post d'un commentaire et sa publication. En 5-10 mn, un impulsif a le temps de réfléchir … ou de passer à autre chose si son commentaire n'est pas vital.

3/ Limiter le nombre de commentaires par article et par lecteur à 2 par exemple. Quand un lecteur a quelque chose de sensé à dire, il réfléchit, l'exprime et n'a pas besoin de réagir à tout autre commentaire qu'il juge contraire au sien.

4/ Créer un «défouloir» séparé pour les accros, avec un nombre illimité de commentaires muni d'un compteur incrémenté à chaque fois qu'un commentaire est lu. A terme on s'apercevrait rapidement de l'inutilité de la chose, certains commentaires n'étant plus lus...

 PS: Je me suis décidé à écrire ce texte suite à l'avalanche de commentaires liée à la polémique sur Jean-Luc Mélanchon. Comment trouver une information digne d'intérêt au milieu de plus de 2600 échanges de noms d'oiseaux?

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