Qu’est-il encore permis de dire en France? Depuis l’attaque du Hamas dans la nuit du vendredi à samedi, les condamnations pleuvent et la sémantique est bien huilée. De l’extrême-droite au PS et ce en passant par les LR et le centre, tous parlent « d’attaques terroristes » du Hamas. Nous avons droit en effet depuis hier à un concert d’indignation des représentants des principales formations politiques, des élus et des intellectuels à qui l’espace médiatique est grand ouvert.
Penser que cette attaque est le fait de gens fous sans aucun lien avec la colonisation et l’apartheid mis en place et pleinement assumée par le gouvernement israélien fait partie de ce que permet la liberté d’expression. Même si dérouler pareil raisonnement est complètement stupide et dénué de tout intérêt. Mais cette liberté d’expression se retrouve encore une fois mise à l’épreuve du discours politiquement correct lorsque Louis Boyard, Danielle Obono ou encore Philippe Poutou accusent Israël d’être la cause originelle de cette violence. Le procès en antisémitisme, on le sait, n’est jamais très loin lorsque les critiques visent l’Etat d’Israël. Madame Borne dénonce une forme de complaisance d’une partie de la gauche sur les attaques du Hamas en Israël. L’élu européen François-Xavier Bellamy accuse sans aucun discernement intellectuel des membres de LFI d’apologie du terrorisme. Comprendre donc qu’il est formellement interdit de soutenir la cause palestinienne en de pareilles circonstance et que tout commentaire visant à promouvoir la libération et la dignité du peuple palestinien s’apparenterait à de l’antisémitisme.
Il sera aussi interdit, si la liberté d’expression régresse aussi rapidement, de revendiquer la création d’un État palestinien faute de quoi l’accusation en antisémitisme sera érigée comme un chiffon rouge pour bâillonner les défenseurs d’un peuple qui, rappelons le, subit la colonisation, l’oppression, les expulsions depuis des décennies. D’ailleurs le général de Gaulle est celui qui parle le mieux du conflit israélo-palestinien. Voici ce qu’il disait en conférence de presse juste après la guerre des 6 jours en 1967: « Il (l’Etat israélien) organise l'occupation sur les territoires qu’ils a pris. L’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions et s’y manifeste contre lui la résistance et qu’à son tour il qualifie de terrorisme ». Des propos qui sont toujours d’une brûlante actualité et qui émanent d’une figure historique de la politique française mais qui ne reflète malheureusement plus la position française actuelle. Les gaullistes du dimanche seraient bien avisés de réécouter cette déclaration à la fois simple et extraordinairement pertinente.
Des termes qui sont aujourd’hui clairement bannis et classés dans « apologie du terrorisme » ce qui est un non-sens manifeste car analyser une attaque sans analyser son contexte n’est rien d’autre que la preuve d’une partialité grotesque.
Félicitons nous alors d’avoir une poignée d’hommes et de femmes politiques courageux pour dénoncer la colonisation et l’oppression israélienne dans le silence assourdissant de la communauté internationale.