J’entends encore la liesse citoyenne le jour de la victoire aux élections législatives du NFP , les pleurs des électeurs, soulagés d’avoir écarté « la bête immonde » mais surtout je me rappelle ce slogan visionnaire et désabusé « Ne nous trahissez pas, ne nous trahissez pas ! »
Le système politique de la Ve République qui nous régit est pourri et conduit à un coup de force permanent orchestré par des élites déconnectées. Mais les citoyens Français sont lucides. Ils savent se mobiliser pour éviter la montée fasciste, même s'ils ne font plus confiance, aux responsables politiques, à juste titre.
Il est vrai que s’unir au PS ne pouvait augurer que trahisons et déceptions et seuls les naïfs pouvaient s’imaginer que ce parti et ses éléphants feraient le choix de la loyauté pour la victoire d’un programme de gauche. Le PS est un rescapé moribond d’une sociale démocratie agonisante qui tente de rester en vie en trahissant précisément !
Ce slogan, « ne nous trahissez pas ! » résume la confusion politique entretenue pour user l’essence même de la citoyenneté.
La trahison est devenue une pratique assumée, de Chirac à Hollande qui tous deux estiment que les promesses politiques n’engagent que ceux qui les croient.
Alors que le peuple de gauche appelle de ses vœux une union autour d’un programme, alors que nous avons été capables de répondre dans l’urgence à ce défi, par deux fois, au travers de la NUPES et du NFP, nous devons subir les sempiternelles contorsions et manœuvres politiciennes du PS et autres soc-dems qui profitent de la crise de régime et de la dynamique du NFP pour tenter de hisser leur parti et leurs responsables aux premières loges du pouvoir.
Le simple fait de négocier avec ce nouveau gouvernement, c’était le légitimer et renoncer à notre résultat aux législatives et à notre programme. La motion de censure a permis de clarifier leur positionnement à droite si nécessaire et un retour à gauche si ça devait mal tourner mais quoiqu’il arrive pas loin de la gamelle !
Les voilà humiliés aujourd’hui par François Bayrou qui les a roulé dans la farine, gâtée par une saison de trahison !
Le PS n’a pas de candidat présidentiable et ne pourra pas accéder au pouvoir en l’état, lui qui fut réduit à faire la cour à Glucksmann pour exister au législatives. Ainsi, il préfère jouer le jeu de la droite pour ajuster son médiocre agenda politique au dépends d’une présidentielle anticipée qu’il ne pourrait pas maitriser.
Sa deuxième façon d’exister consiste à s’unir à la droite pour dénigrer Jean-Luc Mélenchon et les vilains insoumis extrémistes et tant pis pour le programme.
Il ne s’agit pas de programme mais de rivalité d’appareil insensée. La survie du PS est pour les socialistes plus importante que la victoire de la gauche.
Ce n’est pas une première, le candidat Hamon savait qu’il ne serait jamais élu, tout comme Hidalgo ou Roussel, mais le maintien de l’appareil et les ambitions personnelles priment sur les engagements impérieux de la représentation populaire.
La fragilité du NFP et de la NUPES nous montre que ceux-là même qui s’étaient rangés derrière les 22% de Jean-Luc Mélenchon après la présidentielle, conscients que leurs scores ridicules avaient empêché la gauche d’être au second tour, sont les mêmes qui aspirent aujourd’hui à recommencer la course aux 2%.
Ces gens n’ont pas la dimension de leur position, de leur responsabilité et de l’engagement qu’ils doivent à la République, aux citoyens et au suffrage universel.
Le peuple n’est pas leur priorité, ils sont déconnectés et empêtrés dans leur histoire bourgeoise de sociale démocratie. La médiocrité et l’avidité tiennent dans le même CV.
Manifestement, ils ne peuvent et ne veulent pas travailler collectivement, c’est pourtant l’essence de leurs mandat. Il suffit d’écouter leurs discours d’union, de solidarité et de fermeté sur le programme quand il croyaient possible la nomination d’un premier ministre issu du NFP. La gamelle était à portée de main !
Reconstruire la gauche c’est forcément aussi se débarrasser des nouveaux bourgeois qui prétendent incarner Jaurès entre le caviar et le Petrus. Le PS a engendré Macron et sa clique de parvenus, comment pourrait-il incarner la colère populaire pour plus de justice sociale et de partage des richesses ?
Nous n’avions pas d’autre choix pour les législatives que celui de tendre la main même si nous savions qu’ils nous trahiraient à la première occasion, d’où ce slogan qui traduit la lassitude du peuple français.
Il fallait en passer par là pour parvenir à rompre définitivement avec la social-démocratie, qui n’a rien de démocrate ou de social au demeurant !