Les bourgeois s’étaient habitués aux traditionnelles voitures brulées, feux du désespoir qui annoncent, le passage à une nouvelle année grise, dans les banlieues et les provinces de France.
Ils s’étaient habitués à s’indigner de ces casseurs qui viennent saccager les vitrines parisiennes, et les abris de bus pour revendiquer sur les plateaux TV plus de sécurité et plus de police mais aujourd’hui ils semblent désarçonnés, effrayés par les poubelles qui brulent, au milieu des rues dans toute la France.
Bruler les ordures, tout un symbole, comme le feu de l’espoir qui vient réchauffer le cœur solidaire de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Les derniers masques tombent et contribuent à convaincre les derniers citoyens récalcitrants qui pensaient Macron et son gouvernement compatibles avec la République.
Ils manifestent civilement et spontanément dans toute la France, la lutte des jours se transporte et se transforme la nuit, naturellement comme à l’aube d’une nouvelle Commune ! Comme si les Français étaient pourvus d’un gène révolutionnaire, d’une culture révolutionnaire ancrée, presque innée !
La colère du peuple se transforme en fureur et en tornade quand on ne l’anticipe pas et quand on ne l’entend pas.
Le souffle de la Révolution Française s’empare des Français, même s’ils sont ignorants de leur histoire, peut-être un réflexe inconscient de conscience collective ! Et les voilà qui arpentent Paris en criant : « Louis XVI ont l’a décapité, Macron, On peut recommencer !
J’ai noté la tournure prometteuse mais pas vindicative du slogan ! Le peuple Français est clément même dans sa fureur. Mais le message, s’il est empreint d’une nostalgie de fin d’ancien régime n’en demeure pas moins subliminal pour une postérité déjà bien malmenée!
Les Français ne croient plus instinctivement et ne consentent plus à cette République qui a perdu son sens de la démocratie, à cet état policier qui maltraite ses citoyens, à cette caste politique disqualifiée par les avantages qu’elle s’octroie et par le nombre scandaleux d’affaires de corruption qui la caractérise désormais.
Ils ont compris que l’opposition était finalement bâillonnée par l’usage du 49.3 ou par les alliances de circonstances avec le RN et LR, ils ont observé que la presse aux ordres des milliardaires, œuvrait inlassablement au service des poudrés.
Les Français savent, ils vous voient et ils ont compris que leur démocratie et leurs libertés se faisaient rudoyer !
Chacun mesure aujourd’hui le gouffre qui sépare les Français du président de la République et de ceux qui l’entourent. Macron, premier artisan de la révolte, hué dès qu’il sort en public, incarne aujourd’hui la Ve République agonisante. Lui qui a sous-estimé, insulté et méprisé le peuple Français, mesure-t-il aujourd’hui que c’est la République qui est en jeu et qu’il a perdu sa légitimité ?
Même les journaux anglais invoquent la Sixième République ! La presse iranienne s’indigne et se gausse des méthodes de la Police Française et du sort des droits de l’homme et le monde entier observe en direct la chute de Macron et de son état policier qui ne font plus illusion.
L’usage du 49.3 est non seulement un premier aveu d’impuissance et d’autoritarisme mais c’est aussi l’article qui vient sceller le sort de la politique d’Emmanuel Macron un peu comme le droit de veto de Louis XVI.
La violence policière comme stratégie de terreur ne parviendra pas cette fois à éteindre cette colère.
Nous courrons au drame, c’est le poker présidentiel d’un joueur compulsif qui refuse de comprendre que la partie est finie et qu’il n’a plus la main!
Cette réforme des retraites a le mérite de révéler à chacun les réelles motivations des uns et des autres.
Par exemple pour ceux qui avaient encore des doutes sur la tendance au Sénat, leur position est sans ambiguïté.
Ils sont contents de leur retraite de sénateurs qui leur permet de partir après 12 ans de cotisations avec plus de 4000 euros, par contre ils sont d’accords pour que nous crevions au boulot à 64 ans avec une misère. Pensez-y quand vous élirez les grands électeurs !
Ces gens ne nous connaissent pas, ils ne nous voient pas, ne nous considèrent pas mais ils savent que l’on existe et que c’est grâce à nous qu’ils s’enrichissent.
Ils nous ont entrainés dans un monde capitaliste darwinien, le monde des gens qui réussissent et de ceux qui ne sont rien. Ils nous ont entrainés vers la consommation, vers un individualisme qui dérangeait naturellement notre capacité à nous organiser pour nous révolter.
Ils se sont habitués à notre docilité, à notre résignation et ils se sont habitués à nous contraindre plus et encore plus.
La corde a rompu, brutalement, elle ne tenait qu’à un fil, laissant d’un côté une nouvelle séquence politique de terre brulée citoyenne et de l’autre, la bascule d’un trône déchu d’un président Français empêtré dans sa démocrature !