Civis mundi, citoyen du monde, Weltbürger, grajdanin mira, ciudadano del mundo, citizen of the world, polites cosmou - qu'il est bon de faire revivre l'ancien grec par les temps qui courent. L'idée ne serait pas la même si elle n'était exprimée qu'en français, quand bien même ce fût une langue universelle. Embrassant nationalités, citoyennetés, opinions, divergences et concordances, religions, philosophies, pensées millénaires, de Paris à Berlin, de London à Johannesburg, de Beijing à Vancouver, de Bogotá à Bangalore, dans un idéal humaniste et universaliste.
C'est d'un banal, n'est-ce pas ? Et si nous invitions dans la conversation les maîtres à penser des derniers siècles et millénaires, de l'Ancien, du Nouveau Monde, du berceau de l'humanité, ou bien d'un Orient que les orientalistes voudraient tirer d'un sommeil dans lequel il n'a jamais sombré ? Et si, par le souvenir individuel et la mémoire collective, par l'exploration du passé, comme la compréhension souvent poussive du présent, nous pouvions envisager l'avenir ?
Pas le demain des financiers, pas l'après-demain des politiques, mais le long terme des travailleurs intellectuels apaisés et posés, de ceux qui savent qu'ils ne verront pas de véritable avenir, car ils ne vivront que leur présent, mais que leur lent et difficile labeur, leur étude raisonnable (sans être dépourvue d'émotion), sans nécessairement aider leur génération, trop embrigadée dans les tracas du quotidien pour entendre leur fatras rhétorique, produira une belle moisson pour celles à venir.
Il ne s'agit pas d'ajouter l'analyse au commentaire, non. Des centaines de plateformes, digitales ou non, les produisent et les procurent au citoyen éclairé. Il s'agit de tenter de contribuer dans la petite mesure, non d'un passéiste, mais d'un féru de l'étude du temps passé, à l'appréhension du présent, et à la construction du futur. Et si cela doit échouer, alors devant l'humanité et devant le monde - je ne dis devant Dieu, ne sachant, comme pour la poule et l'oeuf, lequel est la création de l'autre ! - j'aurais alors le coeur et l'esprit léger, à la Stefan Zweig.
Que l'Autrichien a à nous apprendre ! Peut-être que, comme lui, si pénétré des enjeux de l'actualité et du futur, citoyen mondial convaincu, ce message anonyme sera alors entendu. Il a bien fallu une petite centaine d'années au Dr Fischer pour que ses enseignements sur la nature républicaine du peuple allemand trouvent leur réalisation si maladroite... Peut-être certains dirigeants outre-Rhin devraient, à défaut de le lire, le posséder dans leur bibliothèque !
Que l'étude vous fait changer de perspective sur le monde... Maladroite, mal venue, malapprise, elle aura au moins le mérite d'être présentée. Et parler haut et fort, avec son propre raisonnement, et non enfermé dans un carcan social, intellectuel ou tout simplement de conventions, cela est désespérément rare. Ainsi, malgré la médiocrité des lignes qui seront publiées ici, trouvera-t-on peut-être une saine nourriture intellectuelle. Voilà ma seule ambition !