Madame Anne Hidalgo est un soutien de longue date de l’État d’Israël, à tel point que Jean Stern avait écrit à son propos qu’elle était la « pasionaria pro-israélienne des socialistes » (1)
Son parti pris n’est un secret pour personne, même si très tardivement, le 16 avril 2025, elle a, un peu, tenté de le faire oublier en faisant éclairer la Tour Eiffel en soutien à la future « conférence internationale pour la paix au Proche-Orient organisée à Paris ».
La même avait fait éteindre la Dame de fer en hommage aux victimes israéliennes des actes terroristes du 7 octobre 2023, puis l’avait fait éclairer aux couleurs d’Israël.
On relèvera que Madame Hidalgo, qui brigue donc un poste international exigeant humanité et empathie, n’a toujours pas fait éteindre la Tour Eiffel en hommage aux dizaines de milliers de victimes palestiniennes, en majorité des femmes et des enfants déplacés, et - bien entendu - ne l’a jamais éclairée aux couleurs de la Palestine.
Madame Hidalgo espère cependant devenir la prochaine haute-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.
Elle aurait reçu le soutien d’Emmanuel Macron.
Il n'y a pas de réel motif de s'en étonner, le Président de la République ne nous ayant pas beaucoup démontré qu'il entendait respecter les engagements internationaux de la France: refus de prendre la moindre sanction à l'égard de l'Etat d'Israël, refus de se prononcer en faveur de la suspension de l'Accord d'Association UE-Israël (ce qui serait un minimum, le respect de la Charte des Nations Unies en constituant un "élément essentiel"), refus de suspendre les transferts d'armes, autorisations de survoler l'espace aérien français accordées au premier ministre israélien (contre lequel un mandat d'arrêt a pourtant été émis par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité)....autant de coups sévères portés au droit international, dont la douloureuse et patiente construction est paradoxalement rappelée en ces temps de commémorations.
Madame Hidalgo, aux ambitions humanitaires internationales, semble particulièrement constante dans son soutien et son amitié pour Israël, quelles que soient les époques et les circonstances.
Le 31 juillet 2015, alors qu’elle s’apprête à lancer en août l’opération Tel-Aviv sur Seine, elle ne dit pas un mot sur la colonisation illégale et impunie israélienne, qui venait de permettre à des colons juifs de brûler vif un bébé palestinien de 18 mois en mettant le feu à sa maison (il s’appelait Ali).
Et louant, en cette occasion de Paris Plages, les qualités de Tel-Aviv, Madame Hidalgo n’a pas non plus un mot pour ces quatre garçons palestiniens, âgés de 9 à 11 ans, déchiquetés en juillet 2014 (oui...2014) par des missiles israéliens alors qu'ils jouaient au football sur la plage de Gaza (ils s'appelaient Mohammad, Ahed, Zakariya et Ismail).
Le 12 juin 2019, soit 10 jours après l’invasion de l’Esplanade des Mosquées par des centaines de suprémacistes juifs, le Conseil de Paris décide de la création d’une Place de Jérusalem, Anne Hidalgo ayant pris le soin d’assurer au Consistoire qu’elle commémorerait l’amitié unissant la Ville de Paris à l’Etat d’Israël (2).
Bien entendu, le fait que pour l’ONU, mais aussi pour la diplomatie française, l’annexion israélienne de la ville soit illégale, est alors totalement passé sous silence par Madame HIDALGO, qui ne mentionne même pas que Jérusalem pourrait être la capitale des deux États (3).
En mai 2021, Anne Hidalgo soutient Gérald Darmanin lorsqu’il interdit des manifestations propalestiniennes à Paris. Elle, dont le maire de Tel-Aviv dira en septembre 2021 qu’elle est « une vraie amie d’Israël " (4) ne veut pas « importer le conflit ».
En février 2022, Amnesty International publie une enquête démontrant qu’Israël impose un régime d’oppression et de domination aux Palestinien·ne·s dans toutes les zones sous son contrôle, en Israël et dans les TPO, ainsi qu’aux personnes réfugiées palestiniennes, au profit de la population juive israélienne. L’ONG conclue : « Ce régime s’apparente à un apartheid, interdit par le droit international."(5). Mais Anne Hidalgo réfute ce terme.
L’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice en date du 19 juillet 2024 ne semble pas l’avoir incitée à revoir sa position (6).
Madame Hidalgo n’a jamais évoqué les Conventions Internationales pendant les bombardements de la population civile de Gaza qui faisaient avant le 7 octobre 2023, tous les deux ou trois ans, des milliers de morts dont des centaines d'enfants.
Madame Hidalgo n’a jamais condamné les violations par l’Etat d’Israël des dizaines de résolutions des Nations-Unies condamnant l’occupation et la colonisation.
Depuis le début de l’offensive israélienne dans la Bande de Gaza, il y a donc plus de 18 mois, Madame Hidalgo n’a jamais condamné les violations du droit international humanitaire par Israël, malgré les ordonnances de la Cour Internationale de Justice prises sur le fondement de la Convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide, et malgré les enquêtes approfondies des plus éminentes ONG, qui concluent sans équivoque à un génocide.
Madame Hildago n'a en revanche jamais hésité à multiplier les gages d’amitié destinés à cet Etat pourtant occupant et colonisateur, qui a violé depuis sa création toutes les résolutions de l’ONU le concernant, y compris celle l'admettant comme membre des Nations Unies.
Elle l’a fait sans jamais défendre le peuple palestinien, lequel a pourtant droit à la protection et à la justice internationales.
Madame Hidalgo n’a même pas condamné le ciblage sans précédent des journalistes, ni même celui des humanitaires, ni même celui du personnel de l’ONU... alors qu’elle souhaite être devenir la prochaine haute-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Cherchez l'erreur.
Il est difficile de comprendre ce qui peut motiver le soutien de Monsieur Macron à une telle candidature.
Certainement pas le souci de la paix et de la justice internationale.
Faut-il rappeler au Président de la République que le HCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés) s’occupe des réfugiés et des déplacés dans le monde ?
Et lui rappeler ce qu’il semblait avoir finalement compris, à savoir que l’État d’Israël, après avoir interdit en 1948 le retour des réfugiés palestiniens chez eux, provoque depuis plus de 18 mois le déplacement forcé de centaines de milliers d'entre eux, pris au piège de bombardements incessants ?
Dans la bande de Gaza, les Palestiniens sont terrorisés, mutilés, à la merci d'une famine planifiée, menacés de déportation. En Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ils subissent une occupation sans fin, illégale et cruelle.
Au moment où la France doit retrouver sa crédibilité sur le plan international, il appartient au Président de la République de refuser d'honorer les nouvelles prétentions internationales de celles et ceux qui contribuent à l'impunité de l’État d'Israël en lui déclarant leur amitié sans jamais condamner ses violations incessantes des principes élémentaires du droit international humanitaire.
Dire non à ces ambitions : le respect dû à l’ONU, à sa Charte et à ses institutions l'exige.
Le respect dû au droit international l’exige.
La décence l’exige.
A bon entendeur.
Sources :
- https://orientxxi.info/magazine/la-gauche-divisee-sur-l-apartheid-israelien,5491
- https://www.france-palestine.org/IMG/pdf/courriers_place_jerusalem_mergui_hidalgo.pdf
- https://www.france-palestine.org/Lettre-ouverte-a-Anne-Hidalgo-Place-de-Jerusalem-a-Paris
- https://www.i24news.tv/fr/actu/international/1631460790-france-presidentielle-de-2022-le-maire-de-tel-aviv-soutient-la-candidature-d-anne-hidalgo
- https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2022/02/israels-system-of-apartheid/
- https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/186/186-20240719-adv-01-00-frc.pdf