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Billet de blog 25 juillet 2018

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Le théâtre illumine Avignon avec en bouquet final...

Voici les pièces à venir, à découvrir jusqu'au 29 juillet.... -Les fils de la terre et Médée Kali, à la croisée du IN et OFF

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Les Fils de la terre : un récit fort et saisissant

Illustration 1
Aux portes d'Avignon © Claire Bonnefond

Élise Noiraud et sa troupe nous saisissent dès le début de ce spectacle à part, de ce documentaire théâtral puissant et sombre. Pas un instant, on ne décroche. Une tragédie contemporaine, qui n’est pas sans moments lumineux ou drôles, qui parle d’un monde qui met l’homme moderne face à ses contradictions.

Par Emmanuel Bouclon – Sébastien a hérité de la ferme familiale, où vivent encore ses parents. Il tente de tenir le choc face aux prêts, aux juges, à son père acariâtre… Sébastien vit en ville, à Figeac : là-bas la tentation d’une vie plus douce, moins éreintante s’immisce en contrepoint de la ferme qui semble peu à peu le symbole d’un monde perdu, d’un navire à la dérive.

Sébastien se retrouve en porte-à-faux entre les deux univers, les nœuds se forment, la tension devient insupportable et tout explose…

Fondée sur un documentaire, Les Fils de la terre captive immédiatement avec une écriture presque cinématographique.

Les épisodes de cette tragédie prennent vie à différents endroits du plateau et où on est convié presque comme un ami. C’est d’ailleurs un ami de Sébastien et de sa famille qui tisse le récit : un reportage sur une famille d’agriculteur, une situation particulière mais qui dit quelque chose d’un univers au bord de l’extinction, oublié de ceux qu’il nourrit.

Aller voir Les Fils de la terre, c’est bien sûr assister à une pièce de théâtre sur le monde agricole, ce qui est en soi déjà rare et intéressant mais ce n’est heureusement pas que ça. On est invité à une tragédie sur la transmission impossible dans notre monde qui change très vite, à cette confrontation intemporelle entre devoir et affirmation de soi, entre bien-être individuel et la poursuite d’une histoire collective. Au final, ce sont les définitions du courage et du bonheur qui sont interrogées dans ce spectacle. Questions auxquelles il ne répond pas mais pour lesquelles il ouvre le champ des possibles.

AVIGNON OFF : “MÉDÉE KALI”, LE MYTHE REVISITÉ D’UNE MÈRE INFANTICIDE

“Médée Kali” se joue jusqu’au 30 juillet dans le Off d’Avignon à Présence Pasteur. Tous les jours à 22 heures la comédienne Emilie Faucheux entre en transe dans le personnage de cette mère infanticide et laisse le public sans voix. 

“Médée Kali” est dans un premier temps un livre de Laurent Gaudé, prix Goncourt des lycéens avec “La mort du roi Tsongor” et prix Goncourt avec “Le soleil des Scorta”. La comédienne Emilie Faucheux a fait sienne cette Médée et en a fait une pièce de théâtre intime et physique. Elle incarne cette infanticide, une femme qui a séduit Jason, tué son propre frère et qui a traversé la Grèce nourrie par la vengeance et la colère. Seule sur une chaise, la comédienne est accompagnée d’un contrebassiste, Jean Waché ou Jonathan Chamand. Médée s’exprime d’une voix de sirène, elle parle à un homme qui la suit et elle lui raconte la femme trahie par Jason, qui par amour n’a eu d’autre choix que de tuer ses enfants. Elle y met plus de rage que de regret, ses yeux s’enflamment, ses mains et son visage se couvrent de sang et Médée devient effrayante. La contrebasse rythme ce voyage dont le point d’orgue est d’enlever ses fils morts de leur tombeau Grec. Son périple macabre fait écho à la blessure de la trahison, à ses origines de pestiférée et à sa folie sensuelle de séductrice. Le corps se tend, la voix se fait rauque et dans une incantation affolante, la comédienne pétrifie le public de son regard glaçant. Emilie Faucheux signe la mise en scène et l’interprétation de ce conte déroutant et sort de cette performance aussi épuisée que le public est déboussolé.

Médée Kali
Présence Pasteur
Jusqu’au 30 juillet à 22h
Relâches le 19 et 26
Durée : 1h
Réservation : 04 932 74 18 54
Tarifs de 10 à 15 €

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