Cela fait des semaines que je n'ai rien raconté.
Je nage dans la vie civique, civile et sociale, à contre courant qui plus est! Je dois être plus disciplinée en me forçant à annoter ce journal de bord régulièrement.
Remontons trois semaines en arrière: commémoration de la victoire de 45; la semaine précédente: la cérémonie du souvenir des déportés.
Tout en ayant le plus Pavlovien des respect/reflexe pour les signes extérieurs de la République, capable sans problème de m'identifier à un hymne, à une ou deux cultures, à un club de foot, je faisais partie de ces nombreuses personnes qui n'avaient jamais songé à rejoindre spontanément un défilé de commémoration, sur la place de la mairie d'une petite ville, avec cette cadence très caractéristique des civils qui marchent au pas, pas vraiment au pas...mais on défile, quand même ...derriere des drapeaux et des anciens combattants...
Bref, on ressent une sorte de gêne, parcequ'apres tout, on n'a fait aucune guerre, on n'en ferra jamais aucune (je résume un peu facilement) Quant à nos parents ils doivent se soumettre à des scéances d'hypnose pour réussir à se rappeler autre chose que 68, et faire ressurgir un très vague souvenir de ces époques reculées...Si loin, si proche...
Je me souviens d'avoir récupéré mes deux ainés de 2 et 3 ans, réfugiés dans les bras l'un de l'autre (chose rare!) et braillant à qui mieux mieux un premier mercredi du mois aux alentours de midi. Quelle vieille peur à repris racine au son des alertes dans ces deux bébés nés en 99 et 01
Revenons à nos défilés sub sole en ces mois d'avril et mai 2008
Comme conseillers municipaux, mes amis et moi-même avons trouvé naturel de rejoindre les anciens combattants et de participer à ces cérémonies.
L'énoncé sec des chiffres, lecture des collectifs d'associations, haro sur Le Pen qui en avait encore fait une bien bonne la veille, voeux et souhaits pour que la jeunesse d'aujourd'hui "prenne conscience" des méfaits d'antan...(ben voyons)
Une impression : Apres la trompette et les discours du président des anciens combattants et du maire, tout d’un coup, partant d’un coin discret au pied du monument aux morts, un petit magnéto a égrené une faible Marseillaise, que quelques personnes ont entonnée avec le temps de retard qui convient. Du coup, ça relativise.
Une remarque (et c’est là que je voulais en venir vous l’aurez compris)
Quatre discours : pas un mot sur l’Europe !
Un Maire Ségoléniste, qui a fait campagne pour le Oui, et qui n’a pas trouvé en deux cérémonies l’occasion de la placer cette Europe qu’on parvient si facilement à glisser partout des qu’on doit se faire pardonner une mesure impopulaire « la faute à l’Europe, à ces normes à ces fonctionnaires, à ses règlements et ses dictats ! »
Mais pas un mot sur ces hommes qui, au sortir de deux guerres mondiales, ont consacré leur reste de leur vie à fonder les deux communautés -socles : celle du charbon et de l’acier, puis la CEE.
Plutôt que ces mesures monstrueusement artificielles et "marketing" que l’on nous sert et qui nous offensent (lecture publique d’une lettre d’un ado à sa maman, adoptions de mémoires d’enfants par des enfants) restons simples : racontons l’histoire, c’est la meilleure leçon. Ne faisons pas quelque chose d'abstrait et de ridicule du devoir de mémoire qui est chose sacrée. L'hymne européen, le drapeau bleu et ses étoiles doivent prendre peu à peu une place dans ces cérémonies simples et populaires. C'est un lien qui doit se faire entre deux grandes époques.
Au conseil, mon groupe demandera que les cérémonies du 11 novembre soient placées sous les couleurs européennes dans notre ville.
A bientôt