Claire Vandendriessche

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Billet de blog 11 juin 2025

Claire Vandendriessche

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(Dés)information sur les soins de santé des mineur·es trans : démêler le vrai du faux

Ce texte est le facsimilé d'une intervention donnée pour le Centre de Ressources Autisme d'Alsace, à Strasbourg, le 11 juin 2025. Des références et liens seront donnés ultérieurement.

Claire Vandendriessche

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonjour à toutes, à tous et à toustes. Je m’appelle Claire Vandendriessche et je suis coordinatrice associative de Trajectoires Jeunes Trans (ou plus simplement TJT).

TJT, c’est une plateforme d’information et d’orientation pour les jeunes trans, leurs familles et leurs soignant·es, en Île-de-France. Elle coordonne tous les acteurs de santé d’Île-de-France impliqués dans l’accompagnement des jeunes trans. Il peut s’agir d’acteurs hospitaliers, et c’est principalement dans ce cas l’AP-HP, et plus particulièrement l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, qui est au coeur de la coordination de la plateforme. Mais il s’agit aussi d’acteurs associatifs, et les trois associations parisiennes co-fondatrices de la plateforme en 2022 sont Acceptess-T, Espace Santé Trans et OUTrans. TJT est une plateforme soutenue par l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France, la Ville de Paris, la Fondation de France, et la DILCRAH.

Quelques petits mots à mon sujet : je suis médiatrice en santé auprès des jeunes trans ou des jeunes en exploration de genre, en Île-de-France, donc ça concerne les enfants trans, les ados trans, et un peu aussi les jeunes adultes trans - de moins de 20 ans.

Mon travail de médiation, qui m’occupe un tiers-temps, consiste essentiellement à faire le lien entre les familles de jeunes trans qui s’adressent aux associations de personnes trans de la région parisienne, qui sont en demande de prise en charge pour des soins affirmateurs de genre, et qui ne savent pas exactement où s’adresser. Je les reçois en entretien, on discute un peu autour de l’histoire familiale, on essaie de creuser un peu pour spécifier quelle type de prise en charge serait désirée : ça peut être un accompagnement psychologique seulement, cela peut inclure, pour les jeunes ados, aussi des bloqueurs de puberté, ou pour les plus âgés, des hormones sexuelles. En fonction de tout cela, j’adresse cette famille à l’unité de soins hospitalière la plus adaptée et pour laquelle les délais d’attente pour un premier rendez-vous sont raisonnables. Si le jeune est assez âgé, que les deux parents sont très soutenants, je peux adresser également en médecine de ville, pour une prise en charge plus souple et avec moins de délais d’attente.

Une partie de ce travail de médiation consiste aussi à participer aux réunions de concertation pluridisciplinaire (ou RCP) qui ont lieu chaque mois à Paris et par Zoom, et dans lesquelles toutes les unités de soins hospitalières parisiennes, et de plus en plus d’unités de soins de région, viennent présenter et discuter les demandes de soins d’affirmation de genre (donc, bloqueurs de puberté ou hormones, ou plus rarement chirurgies de torsoplastie) de tous les jeunes trans et de leurs familles, et pour valider, ou non, collégialement, chacune de ces demande. Une douzaine de situations sont ainsi discutées chaque mois. Au sein de ces RCP discutent ainsi des pédopsychiatres, des psychologues, des endocrinopédiatres, des biologistes de la reproduction, des juristes, mais aussi des représentant·es d’associations de personnes trans, qui sont celles qui m’emploient. Mon travail est en faveur de l’intérêt en santé des jeunes trans et consiste à m’assurer que si une demande de soins est écartée, même temporairement, que cette décision soit raisonnée et fondée sur les preuves médicales.

Une autre partie de ce travail consiste à renforcer la démocratie en santé dans cette instance décisionnelle, c’est-à-dire de renforcer le principe selon lequel la personne concernée doit être au centre de la prise de décision médicale la concernant ; et les organisations de personnes concernées au cœur des organismes et des dispositifs de santé qui les concernent. Par exemple, depuis que les associations trans participent aux RCP, les jeunes trans concernés par les demandes de soins et leurs parents peuvent eux-mêmes participer à la RCP, afin par exemple d’appuyer leur demande, mais aussi de pouvoir entendre et comprendre les avis médicaux qui se forment sur leurs dossiers, et bénéficier ainsi d’un processus de décision médicale réellement partagée. Ces participations ne sont pas obligatoires mais sont un droit, et participent à la transparence, à la lisibilité et à la démocratie de la prise de décision médicale.

La présence des associations de personnes trans dans les RCP date de 2017, deux ans après la création de celles-ci. À l’époque, c’était l’association OUTrans qui y a été invitée, suivie quelques années plus tard par l’Espace Santé Trans, puis Acceptess-T. Ce n’est pas une présence qui va de soi, tant le secteur de la psychiatrie trans a conflictualisé son rapport aux associations trans par les violences symboliques des analyses qu’il a faites de la transitude, et des violences physiques et psychologiques considérables qu’elles ont engendré. Sur Paris, il a fallu attendre une nouvelle génération de médecins, et notamment, la pédopsychiatre Agnès Condat, pour accepter le dialogue constructif avec OUTrans, reconnaître l’expertise des personnes trans sur leur santé et leur légitimité à participer aux décisions médicales les concernant, et ainsi ouvrir la porte des RCP aux associations de personnes concernées.

Mais au-delà des initiatives individuelles, l’intérêt économique à développer des partenariats avec les associations de personnes concernées était là : les politiques des agences régionales de santé, ainsi que de la Haute Autorité de Santé (ou HAS), tendent à renforcer l’engagement des usager·ères du système de santé, dans les activités de soins, au sein des structures et des pilotages des projets, au sein de la formation des professionnel·les de santé, au sein des activités de recherche, etc. Ce mouvement de démocratie en santé n’est pas que le fruit d’une impulsion par le haut, il s’agit du résultat de luttes sociales, qui comme la HAS le rappelle d’ailleurs, est très largement dû à la lutte contre le VIH/SIDA, mais aussi des mouvements de lutte anti-validistes et antipsychiatriques.

Il y a par ailleurs un intérêt en santé à ces partenariats hôpital-associations : assurer une meilleure insertion dans le système de soins des communautés qui jusque là en étaient éloignées par la marginalisation économique et sociale et les discriminations, en renforçant les liens, notamment par la médiation en santé, avec les organisations issues de ces communautés. Donc il y a un intérêt écononomique, pour l’hôpital, dans un contexte de budgets toujours plus contraints, d’associer les usagers pour augmenter ses chances d’obtenir des financements, et il y a aussi un intérêt en santé, qui rendent ces partenariats d’autant plus efficients que les opérateurs du lien entre l’hôpital et les communautés, c’est-à-dire les médiateur·ices-pairs et les pair·es-aidants, sont des travailleur·es à très bas coût, souvent même bénévoles. La contrainte économique qui s’exerce sur les budgets hospitaliers empêche également ces derniers de pouvoir capter l’ensemble de la croissance de la population trans adulte demandeuse de soins. Si jusque dans la moitié des années 2010, les équipes médicales hospitalières, réunies dans ce qui s’appelait alors la SoFECT, livraient une guerre aux médecins de ville qui prescrivaient « hors protocole », c’est-à-dire en réalité hors de l’hôpital et sans gatekeeping psychiatrique, l’heure est désormais à la décentralisation des soins : les projets qui valorisent les partenariats ville-hôpital trouvent plus facilement des financements.

C’est dans ce contexte historique et économique que s’est construit le projet Trajectoires Jeunes Trans, en 2022, impulsé par l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et Agnès Condat, ayant pour but de réunir tous les acteurs régionaux de l’accompagnement des jeunes trans et leurs familles, et de favoriser leur accès aux systèmes de soins et la qualité de ces soins. Les associations ont été parties prenantes dès la conception du projet, sont co-financées avec l’hôpital par ce projet, et ont co-écrit la charte des valeurs de la plateforme et de la gouvernance. Cette charte, inspirée notamment des principes de Jogjakarta et des recommandations de Transgender Europe pour une santé trans fondée sur les droits humains, reconnaît notamment le principe d’autodétermination de genre, par lequel, nul autre que soi-même ne peut déterminer son identité de genre. La gouvernance quant à elle, reconnaît une égalité de droits de vote stricte entre associations de personnes concernées et professionnel·les de santé.

On partait vraiment de loin : deux des trois équipes pédopsychiatriques fondatrices de ce qui en 2022 est devenu Trajectoires Jeunes Trans, à savoir l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et la Fondation Vallée, se sont initialement réunies en 2013 sous l’initiative de Colette Chiland, psychiatre, psychanalyste, philosophe. Les perspectives de Colette Chiland vis-à-vis des jeunes trans, décrites dans deux articles signés d’elle, de 1988 et 2004, sont très claires sur le fait qu’elle considérait la transidentité comme un résultat développemental à éviter absolument, et que les traitements proposés visaient à réduire les comportements de l’autre genre chez l’enfant ; en un mot : elle théorisait, professait et pratiquait les thérapies de conversion anti-trans. Les équipes de la Pitié-Salpêtrière et de la Fondation Vallée elles-mêmes, ont été formées au CAMH de Toronto au Canada, dans l’unité clinique spécialisée dirigée par Kenneth Zucker, peu de temps avant que celle-ci ne soit dissoute suite à l’interdiction par l’Ontario des thérapies de conversion contre les mineur·es LGBT, en 2015.

Les objectifs de Trajectoires Jeunes Trans incluent une meilleure coordination entre les associations et l’hôpital, mais aussi entre la ville et l’hôpital, et la ville et les associations. Mais pour cela, encore faut-il des médecins de ville formés dans la région. Face aux lacunes de la formation initiale des médecins sur les enjeux trans, ce sont les trois associations trans membres des RCP, ainsi que trois médecins de ville, organisées autour du Réseau Santé Trans (ou ReST) d’Île-de-France, de mener cette formation : en quatre ans, elles ont formé plus de 300 médecins – principalement des généralistes - à la primo-prescription d’hormones, sans psychiatrisation de l’accès à ce soin. Mais la primo-prescription d’hormones en médecine généraliste de ville fait toujours peur : sur ces centaines de médecins formés par le ReST Île-de-France, quelques dizaines seulement font effectivement des primo-prescriptions chez l’adulte, et seul trois acceptent de primo-prescrire chez les mineur·es de 16 ans. Pourquoi une telle peur ?

Une grande part de cette crainte est liée à l’absence de protocole-cadre en France, hors celui des équipes médicales hospitalières de 1989, encore utilisé par certains chirurgiens pour se sécuriser juridiquement avant une opération, mais qui n’a aucune base légale. Pourtant un cadre est prévu par la loi : il y a en effet une liberté de prescription du médecin, dans les limites des données acquises de la science. Or, celles-ci font l’objet d’un consensus international des professionnel·les de la santé trans, réunis autour de la WPATH, qui a développé en 2023 la 8e version de ses standards de soins. Dans l’esprit de la démocratie en santé, le comité (plus d’une centaine de personnes) qui a élaboré ce texte de consensus, incluait bon nombre de personnes trans expertes. Deux autres protocoles sont à venir qui pourraient réduire cette crainte de prescrire : les futures recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé pour les 16 ans et plus, et les futures recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé, pour les adultes. Dans chacun de ces deux cas, les groupes de travail incluent des personnes trans expertes. Dans chacun des deux cas, la présence de celles-ci a été dénoncée comme un biais : les personnes trans ne pourraient prétendre à être scientifiques et objectives, encore moins à décider pour la santé de leurs communautés. Des organisations promotrices des thérapies de conversion anti-trans ont donc demandé la dissolution de ces comités. Des journaux et chaînes TV sont même allés jusqu’à nommer et outer tous les membres trans du groupe de travail de la Haute Autorité de Santé, dont je fais partie, et il y a déjà eu des conséquences économiques et psychologiques pour un certain nombre d’entre eux, car leur vie privée a été définitivement violée.

"Des médecins sous influence du transactivisme" 

Je vous parle de tout ça comme s’il s’agissait d’un préambule mais en réalité j’ai déjà commencé ma communication sur la désinformation, et le premier point que je voulais aborder est l’idée savamment entretenue par les idéologues anti-trans que les médecins qui prennent en soin les jeunes trans seraient sous l’influence des “transactivistes”, c’est-à-dire des militant·es trans. Ce bref exposé que je viens de vous faire resitue le contexte dans lequel nous, militant·es pour la santé des personnes trans, nous sommes retrouvé·es à travailler avec les professionnel·les de la santé des personnes trans. La réalité est que nous avons été invité·es à travailler avec elle·ux. Nous ne nous sommes pas imposé·es à elle·ux. Il ne s’agit pas d’entrisme. Il ne s’agit pas d’influence comme si nous étions un lobby tentaculaire capable de s’imiscer partout par l’emprise. Non il s’agit simplement de démocratie en santé. Et les idéologues anti-trans ont fondamentalement un problème avec le principe même de démocratie.

Les attaques concernant les soins aux jeunes trans se font ainsi de plus en plus puissantes et expliquent une autre partie de cette crainte dont je vous parlais, la crainte à prescrire chez les mineur·es. En France, le backlash a commencé fin 2020, à la suite de la sortie du film Petite Fille. Je dénote cinq autres types d’attaques, fortement liées entre elles.

"Une croissance exponentielle" 

Une des attaques dénoncerait une « croissance exponentielle », « hors de tout contrôle », de la demande de soins des mineur·es trans. Pour vous donner une idée, en tant que médiatrice : en tout, sur une année, j’ai accompagné en 2024 une trentaine de familles. Loin de ce qu’on peut entendre dans la presse sur une « explosion » ou sur cette « croissance exponentielle » de mineur·es trans, une trentaine de demandes de prise en charge annuelle, ce n’est pas tant que ça. C’est un chiffre cohérent avec la population estimée de mineur·es trans pris en soins, évaluée en 2020 par l’Assurance Maladie à 294 mineur·es sur toute la France. C’est en revanche très inférieur à la file active associative pour les demandes d’aides d’adultes trans en Île-de-France, qui, rien que pour Acceptess-T par exemple, dépasse les 3000 personnes trans accompagnées annuellement. Il y a pour moi un gros décalage entre la démographie trans adulte et la démographie des mineur·es, essentiellement liée je pense au fait que la plupart des mineur·es ne sont pas soutenu·es par leurs parents, et ne rentrent en contact avec les associations qu’une fois arrivés à l’âge adulte, bien souvent après une rupture familiale. En effet, d’après l’enquête Virage de l’Ined, 60% des jeunes trans subissent des violences intrafamiliales, qu’elles soient physiques, psychologiques, et/ou sexuelles. Et un jeune trans sur cinq quitte le domicile parental suite à un conflit, en moyenne, vers 18,9 ans. C’est à ce moment-là que les associations et le tissu communautaire peuvent commencer à intervenir pour tenter de réparer les dégâts que la transphobie a eu sur ses personnes tout au long de leur enfance, sur leur parcours scolaire, leurs capacités d’agir, leur confiance aux autres, leur estime de soi, et de manière générale, sur leur santé et leur bien-être.

Cette « croissance exponentielle », pourtant inexistante en France, serait explicable par l’irruption des réseaux sociaux dans les années 2010, laquelle aurait entraîné une vague de misogynie intériorisée et, je cite, la « trans-identification des jeunes filles » pour devenir des garçons trans, avec de terribles conséquences en santé mentale. Derrière ces deux idées, celle de la « contagion sociale » d’une part via les réseaux sociaux, et de la prédominance des jeunes assigné·es fille à la naissance dans l’ensemble de la jeunesse trans, il y a du vrai et du faux.

Le faux, c’est l’influence des pairs et des réseaux sociaux sur l’identification transgenre : c’est une hypothèse qui a émergé de l’analyse de discours de parents d’ados trans opposés à leur transition, elle n’a donc aucune validité, comme l’autrice de l’étude fondatrice de cette hypothèse, Lisa Littman, l’admet elle-même. Son étude n’apporte aucune preuve causale de l’influence des pairs sur l’émergence rapide d’une transidentité à l’adolescence, comme elle le dit elle-même là encore. L’hypothèse elle-même a été testée dans un échantillon clinique d’adolescents trans, et n’a pas pu être prouvée ; en particulier, les jeunes trans qui discutaient avec leurs pairs n’avaient pas une santé mentale déteriorée, bien au contraire. Et pourtant, cette hypothèse, descriptive, non valide, et même invalidée, appelée, dysphorie de genre d’apparition rapide (ou ROGD), s’est développée depuis 2018 comme une traînée de poudre et est propagée sans aucune prudence scientifique par d’éminents experts dans le monde, jusqu’à l’Académie Nationale de Médecine, qui après s’être opposée à la PMA pour toutes, s’attaque désormais aux mineur·es trans, et qui cite l’étude du ROGD, c’est-à-dire de la contagion sociale de la transidentité, comme probante, ce qui est tout simplement faux, mais justifiant selon eux une très grande prudence des parents et du corps médical vis-à-vis des transitions des jeunes trans.

Il y a toutefois quelque chose de vrai, c’est la prédominance des jeunes assigné·es filles à la naissance dans l’ensemble de la jeunesse trans. La plupart des unités pédiatriques de genre rapportent des taux de l’ordre de 2/3 à ¾ de jeunes transmasculins pour ¼ à 1/3 de jeunes transféminines. C’est aussi ce que rapportent les données de recencement au Canada et en Grande-Bretagne. Dans une étude que je mène avec David Cohen, chef de service de la psychiatrie de l’enfant et l’adolescent à la Pitié Salpêtrière, nous trouvons, en exploitant les données de près de 20.000 personnes trans et 100.000 lesbiennes, gays et bisexuelles cis de toute l’Europe, que cette prédominance de jeunes transmasculins n’a non seulement rien à voir avec les réseaux sociaux, mais fait partie d’un phénomène plus large puisque les jeunes lesbiennes et les jeunes femmes bisexuelles cis sont également prédominantes par rapport aux jeunes gays et jeunes hommes bisexuels cis. Il existerait en réalité un phénomène large par lequel la transgression de la norme hétérosexiste masculine serait plus durement sanctionnée dans l’adolescence par rapport à la transgression de la norme hétérosexiste féminine, ce qui expliquerait pourquoi les jeunes LGBT assigné·es garçon à la naissance font leur coming out trans, gay, ou bi, en moyenne plusieurs années après les jeunes LGBT assigné·es fille à la naissance. Également intéressant, nous avons trouvé que tous les 30 pays d’Europe étudiés sont affectés, sans exception, par ce phénomène, mais à des niveaux différents : dans les pays les moins soutenants pour les droits LGBT, les LGBT assignées garçon à la naissance font leur coming out encore plus tard par rapport aux LGBT assignées fille à la naissance que dans les pays plus soutenants des droits LGBT. Si une influence sociale existe dans l’émergence d’une transidentité, elle est plus probablement liée à la qualité de la démocratie d’un pays et de sa capacité à respecter et faire respecter les personnes de diverses orientations sexuelles et identités de genre qui y vivent ou survivent.

"Au moins 80 % des enfants vont désister naturellement" 

Une autre idée des idéologues anti-trans soutiendrait que les enfants trans vont “naturellement désister”, c’est-à-dire cesser de s’identifier d’un genre différent de celui assigné à la naissance, pour au moins 80% d’entre eux. Un chiffre si élevé que cela justifierait selon eux que l’on ne laisse à aucun enfant trans la possibilité de transitionner, ni socialement, ni médicalement lorsque la puberté survient.

Ainsi, le Professeur Christopher Gillberg, éminent spécialiste suédois de l’autisme, mettait en garde en 2018 le Conseil suédois de la santé et du bien être, dans les termes suivants :

« L'idée que le traitement bloquant la puberté donne aux individus plus de temps pour réfléchir n'est pas conforme aux études d'Amsterdam, qui montrent que tous les enfants traités avec des inhibiteurs de la puberté ont ensuite reçu des hormones de confirmation du sexe, tandis que 90 % des enfants qui n'ont pas été traités avec des inhibiteurs de la puberté et qui ont pu suivre leur puberté normale ont changé d'avis et ont décidé de vivre avec leur sexe biologique. »

S’agissant de l’affirmation que les bloqueurs de puberté servent à laisser du temps pour réfléchir, elle est partiellement fausse. Le protocole néerlandais, pionnier sur l’utilisation de bloqueurs de puberté chez les jeunes trans (ils sont utilisés depuis encore plus longtemps chez quantités d’enfants cisgenres ayant une puberté précoce sans que cela pose question), conçoit surtout que les bloqueurs de puberté servent en premier lieu… à bloquer la puberté. C’est-à-dire à prévenir les jeunes trans de vivre une puberté endogène prolongée et d’en subir les modifications corporelles irréversibles qui les plonge dans une détresse sérieuse, et dont il leur faudra des années et de nombreuses modifications corporelles contraires pour en gommer certains effets.

On notera que Gillberg, comme tant d’autres avant et après lui, ne fournissent aucune preuve, aucune source, en appui de l’affirmation selon laquelle ici 90 % des enfants n’ayant pas reçu de bloqueurs de puberté ont désisté. On est supposé le croire sur parole. Une étude d’Amsterdam est bel et bien citée mais elle ne fait que démontrer que les jeunes trans ayant reçu des bloqueurs de puberté sont ensuite passés à 16 ans aux hormones sexuelles, ce qui nous permet d’en conclure qu’il n’y a pas eu d’erreur d’évaluation diagnostique, c’est-à-dire que ces jeunes trans qui expriment un besoin pour des soins d’affirmation de genre sont bel et bien, comme iels l’affirment, trans, et ont bel et bien besoin de ces soins.

 J’en reviens à l’affirmation qu’il y a 90 % de désistance chez les jeunes. Il ne s’agit pas d’un chiffre de la clinique d’Amsterdam, contrairement à ce que l’éminent psychiatre Gillberg affirme. D’après la revue critique de Temple-Newhook et collègues de 2018, les chiffres de désistance d’Amsterdam allaient de 45 % à 73 %, pour des études anciennes datant de 2008 à 2013, et j’y reviendrai. En revanche, il existe une étude canadienne de 2008, sur 37 enfants AFAB, pour laquelle le taux de désistance était de 88 %. Elle mérite qu’on s’y attarde.

En effet, cette étude canadienne a été produite à la clinique spécialisée du CAMH de Toronto, dirigée par Kenneth Zucker. Je vous ai déjà dit plus tôt que cette clinique a été fermée en 2015, après un audit concluant qu’elle y pratiquait des thérapies de conversion anti-trans. Zucker lui-même l’admettait en 2012 : “dans notre clinique, un traitement [sous-entendu, psychologique] est recommandé pour réduire les risques de persistance”. Il n’y a donc rien de “naturel” à cette désistance de 88 % chez les enfants : il s’agit du résultat d’un traitement clinique visant à “réhabiliter” des enfants diagnostiqués non-conformes au genre qui leur a été assigné à la naissance, dans le but de leur épargner une vie faite de rejet social. À cet égard, la clinique d’Amsterdam n’était pas spécialement pionnière non plus, puisque les enfants non-conformes au genre d’assignation se voyaient décourager d’entreprendre une transition sociale. Les hauts taux de détransition, tant aux Pays-Bas qu’au Canada, reflètent donc une époque, celle de la psychopathologisation des transidentités, et d’une pratique clinique, celle du retour forcé au placard. Cette pratique de thérapies de conversion, on sait aujourd’hui, après Turban et collègues en 2020, qu’elle est associée à 4 fois plus de risques de tentatives de suicides chez les adultes trans qui y ont été exposés enfants.

Je parle ici d’enfants non-conformes au genre d’assignation, et non d’enfants trans, car la plupart d’entre eux ont été diagnostiqués d’un trouble de l’identité de genre dans l’enfance, ainsi dénommé dans les DSM-3 et 4 (manuel diagnostique et statistique des maladies mentales). Or ce diagnostic ne considère pas comme nécessaire le fait de s’identifier à un genre différent de celui assigné à la naissance, qui est pourtant la caractéristique de définition de ce qu’est une transidentité. La plupart de ces enfants, même sans intervention psychologique, auraient donc naturellement grandi pour devenir cisgenres, peut-être homo ou bisexuels, ou peut être hétérosexuels et simplement différents des autres dans leur rapport au genre. Il n’y a donc pas de surprise de retrouver une prétendue désistance élevée chez ces enfants devenus adolescents ou adultes.

Mais quel est le taux réel de “désistance”, un terme par ailleurs profondément transphobe, puisqu’il s’inscrit dans une histoire de criminalisation des comportements déviants, dont la transidentité faisait partie ? Chez les enfants trans ayant transitionné socialement, si on les laisse réellement libre d’explorer et d’affirmer leur genre, on sait désormais grâce à Olson et collègues en 2022 que 97,5 % d’entre elle·ux, cinq ans après leur transition sociale, conservent leur identité trans. Le taux de “désistance” – je mets des guillemets – ne serait donc pas de 80 %, mais plutôt de 2,5 %. Et rien ne dit que ces jeunes ne vont pas s’identifier à nouveau plus tard comme trans, puisque, 13 % des adultes trans ont connu au moins un épisode de détransition dans le passé, pour l’essentiel à cause de pressions familiales et du rejet social, comme ont permis de le déterminer Turban et ses collègues en 2021.

"Il n'y a pas de nécessité médicale" 

« Il ne peut être porté atteinte à l'intégrité du corps humain qu'en cas de nécessité médicale pour la personne […]. » C’est par cet article 16-3 du Code Civil que les idéologues anti-trans attaquent juridiquement les soins d’affirmation de genre. Iels s’appuient également sur l’article 41 du Code de Déontologie Médicale qui énonce que « aucune intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical très sérieux” pour justifier l’interdiction des torsoplasties chez les adolescents transmasculins.

Ces deux points ont été mis en avant dans une tribune publiée le 5 mai dernier dans un grand journal tricolore, adossée à une pétition adressée à la Haute Autorité de Santé, ayant reçu depuis plus de 6000 signatures. Comme souvent avec l'organisation porteuse de la tribune, les demi-vérités fusent dans le texte. Ainsi l’Ordre des Médecins, dans son commentaire de l’article 41 du Code de Déontologie Médicale, précise que les chirurgies sur les personnes trans font bel et bien partie des exceptions à l’interdiction des mutilations, tout comme d’ailleurs les stérilisations chirurgicales. Dans une lettre adressée par l’Ordre des Médecins à l’intention de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière, reproduite en 2022 dans une publication d’Agnès Condat, David Cohen, et l’ensemble de TJT, le Conseil National de l’Ordre reconnaît que le “transsexualisme” (je mets des guillemets) est bien un régime d’exception à l’interdiction des mutilations, y compris chez les mineurs. Il s’appuie en effet sur le fait que les mineurs ont légalement accès à la chirurgie esthétique, dans les termes suivants :

“Dès lors que des actes de chirurgie esthétique peuvent être pratiqués sur des mineurs, une torsoplastie effectuée dans le cadre d’une transition de genre pourrait être considérée comme un acte de chirurgie réparatrice ou reconstructrice (la transidentité ou « dysphorie de genre » ayant été classée dans la catégorie des affections de longue durée dites « hors liste »), et être pratiquée sur un mineur après information et consentement de ce dernier et des titulaires de l’autorité parentale.”

En l’attente des premières recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé, qui devraient être publiées le mois prochain, c’est bien l’avis de l’Ordre des Médecins, qui est l’autorité médicale la plus influente pour décider si les soins d’affirmation de genre relèvent d’une nécessité médicale ou non, dans le cas général. L’Ordre des Médecins précise dans son commentaire du Code de Déontologie Médicale le cadre dans lequel les soins d’affirmation de genre peuvent être prescrits, y compris chez les mineur·es. On retient de ce commentaire que la psychiatrie a une place de premier rang pour déduire ou non la nécessité médicale des soins pour un individu, ce qui n’est pas précisé dans la loi, et espérons-le, sera écarté par la Haute Autorité de Santé au profit du médecin de premier recours. Un des pré-requis les plus offensants de l’Ordre des Médecins, qui je l’espère sera rejeté par la Haute Autorité de Santé, est la mise en place d’une “période probatoire d’au minimum une année et psychothérapie d’essai” dont on retient le vocabulaire criminologique, et dont on se demande quelles sont les finalités, et le bienfondé de la psychothérapie, je cite, “d’essai”.

"Il leur faut une psychotherapie exploratoire de première intention" 

La psychothérapie de première intention a longtemps fait partie des pratiques de prise en charge des mineur·es trans, comme d’ailleurs des adultes.

Dans un article de 2001, les psychiatres Cordier, Chiland, et Gallarda, parmi les plus influents dans le management de la population trans, en disent un peu plus sur les psychothérapies :

« Si, à l'issue de cette évaluation, il est établi que le patient présente un syndrome transsexuel primaire générant une souffrance psychique chronique et entraînant un retentissement socioprofessionnel et affectif majeur et que le traitement hormono-chirurgical apparaît comme la solution thérapeutique la plus adaptée, après l'échec d'autres moyens thérapeutiques, en particulier psychothérapiques, l'équipe pluridisciplinaire s'engage à en faciliter sa réalisation et à proposer un suivi et un accompagnement dans les meilleures conditions possibles. »

« Il faut continuer de chercher à améliorer notre abord psychothérapique pour parvenir à «changer ce qu'il y a dans la tête» selon le mot de patients qui constatent les limites de la réassignation hormono-chirurgicale du sexe qui ne fait pas d'eux des hommes ou des femmes à part entière. »

Ainsi, de l’aveu de cette équipe hospitalière, qui faisait le bilan, dans cette publication, des années 1980 et 1990, premières décennies de prise en charge des adultes trans en France, la psychothérapie est motivée en première intention, et doit viser à « changer ce qu’il y a dans la tête », c’est-à-dire à réprimer l’identification transgenre. Le même article indique que le traitement psychothérapique de première intention, ainsi que les critères d’exclusion des soins d’affirmation de genre, ont été responsables, durant ces deux décennies, du refus de soins à 75 % des personnes trans demandeuses. Plus tard, en 2004, Colette Chiland, signait un papier dans lequel elle affirmait, à propos des enfants trans, que le traitement psychothérapique ciblait les enfants, mais encore plus leurs parents, tenus responsables de la transidentité de leur enfant. Elle précise à propos de ce traitement, qu’il vise à prévenir « le risque de devenir transsexuel, transvesti, ou homosexuel à l’âge adulte ». On est en 2004. Et les psychothérapies de conversion sont alors la norme de première intention de prises en charge des personnes trans, mineures ou majeures. Il faudra attendre la décennie 2010 pour que cela change, et 2022, pour que soient interdites les thérapies de conversion.

L’interdiction des thérapies de conversion n’a pas fait l’unanimité. Lors des débats parlementaires ayant mené à cette interdiction, un fort lobbying s’est fait entendre pour ne pas interdire ces thérapies de conversion lorsqu’elle ciblaient les personnes trans. Les organisations signataires, principalement des sociétés psychanalytiques, plaidaient littéralement que cette interdiction les empêcherait de faire leur travail. Un autre Lobby affichait et affiche toujours sur son site internet, des lignes directrices à l’intention des professionnel·les de santé mentale, où est écrit la phrase suivante :

« [Ce guide] propose une approche psychothérapeutique qui soutient la personne dans l’acceptation de son sexe biologique comme le traitement de première intention le plus adapté aux jeunes qui présentent des souffrances liées au genre”

On sait, pour bien connaître le terrain, que des consultations pédopsychiatriques dédiées pratiquant des thérapies de conversion chez les mineur·es trans, continuent en 2025, d’exister, de bénéficier de subventions publiques, et de ne pas être inquiétées par les multiples signalements faits à leur encontre. La psychothérapie de première intention présente pourtant clairement son but d’effacer la transidentité des jeunes trans, d’éradiquer leur diversité de genre, que ces enfants y consentent ou non.

"On ne peut pas consentir avant 25 ans" 

Ce serait presque amusant de constater à quel point les contempteurs des soins d’affirmation de genre hurlent que les mineur·es ne seraient pas aptes à consentir à ces soins, mais que ces mêmes mineur·es peuvent se voir imposer des psychothérapies de conversion sans même qu’iels y consentent, ne fait pas entrer nos critiques en pleine dissonance cognitive.

Je ne peux pas revenir en 30 minutes sur toutes les attaques scientifiques ou pseudo-scientifiques, auxquelles nous faisons face. Mais je m’attarderais sur celle-ci, en guise de cloture.

Le Code de santé publique, dans son article L1111-2, prévoit que le consentement des mineur·es doit être recherché pour tout acte de soin, mais c’est le consentement de toutes les personnes titulaires de l’autorité parentale qui est exigé, pas celui de l’enfant. Ainsi, le consentement du mineur, même s’il doit être recherché, n’est pas requis pour administrer les soins. Dans la réalité des soins d’affirmation de genre chez les adolescent·es trans, et à rebours d’autres types de soins, par exemple les soins non consentis hormono-chirurgicaux sur les enfants intersexes, le consentement de l’adolescent·e trans est toujours recherché et exigé par les professionnel·les de santé, pour des raisons éthiques évidentes. Mais ce n’est pas la loi qui les y oblige.

Il y a bien une hypothèse par laquelle un·e mineur·e peut s’extraire de l’autorité parentale, prévue dans l’alinea 9 de l’article L1111-4 du Code de santé publique : c’est lorsque le refus parental des soins “risque d'entraîner des conséquences graves pour la santé du mineur ou du majeur protégé, le médecin délivre [alors] les soins indispensables”. De même, le mineur·e peut théoriquement obtenir des soins “de prévention, de dépistage, de diagnostic, ou de traitement” sans que ses parents en soient informés, afin de “sauvegarder la santé de la personne mineure” (article L1111-5 du Code de santé publique). Mais à ma connaissance, ces articles n’ont jamais été mobilisés pour les soins d’affirmation de genre au bénéfice des mineur·es trans, alors même qu’ils sont régulièrement mobilisés pour des soins de santé sexuelle et reproductive, comme par exemple, l’IVG chez les jeunes femmes mineures.

Pour répondre à l’attaque des idéologues anti-trans, donc, selon laquelle un·e adolescent·e mineur·e ne peut consentir aux soins d’affirmation de genre, elle est contredite par le fait qu’il n’existe pas de droit d’autodétermination médicale effectif en France : ce sont les parents qui consentent, ou non, jusqu’à la majorité de leur enfant.

Mais on peut toutefois se poser la question d’une évolution législative ou d’une jurisprudence ouvrant la voie à une autodétermination médicale des mineur·es trans. Peuvent-iels alors consentir aux soins d’affirmation de genre ? Pour nos idéologues critiques du genre, on ne peut pas consentir à ces soins pendant l’adolescence, qui court jusqu’à 25 ans, très précisément. Je cite à nouveau le Professeur Gillberg :

“Nous savons désormais avec une grande certitude que le cerveau humain n'est pas complètement développé avant l'âge de 25 ans, et que le lobe frontal, où s'opèrent le raisonnement, la planification et l'évaluation des risques, se développe en dernier.”

Une étude neuroscientifique de Ravindranath et collègues de 2024 s’est penché sur la question des conditions par lesquelles les adolescent·es trans peuvent ou non consentir à ces soins. Je résume ici leur propos le plus important :

« Des preuves suggèrent que les adolescent·es dès l’âge de 12 ans ont la capacité de participer à des décisions médicales dès lors qu’iels peuvent communiquer leur choix, comprendre les informations fournies sur le traitement médical proposé, raisonner (délibérer sur les risques et les bénéfices) et apprécier à la fois les options et les conséquences personnelles de leur décision. Dans l’ensemble, la littérature sur le neurodéveloppement indique que les adolescent·es possèdent la maturité neurocognitive nécessaire pour prendre des décisions à long terme, y compris des décisions concernant les soins d’affirmation de genre, dans les contextes dits « froids » et avec un temps adéquat pour la réflexion et la délibération. »

Pour ces chercheurs·es, donc, les adolescent·es peuvent tout à fait prendre des décisions médicales qui impliquent leur futur, y compris lointain, dès lors que le contexte s’y prête. Et c’est exactement le cas des contextes médicaux d’affirmation de genre. Pour prendre l’exemple de la Pitié-Salpêtrière, il s’écoule en moyenne 10 mois de consultations psychologiques avant la prescription de bloqueurs de puberté (qui ne concerne que 11 % des jeunes trans), et 14 mois de consultation avant la prescription d’hormones (qui ne concerne que 44 % des jeunes trans). Ces consultations servent entre autres à informer les jeunes et leurs parents sur les effets des soins qu’iels demandent, et les aider à délibérer sur la nécessité médicale de ces soins, dans un cadre de décision médicale partagée.

Pour finir, j’aimerais que vous emportiez avec vous ces questions finales, qu’il convient d’adresser à toute personne critique des soins d’affirmation de genre :

Premièrement, quelle est l’alternative thérapeutique aux soins d’affirmation de genre qui a démontré une efficacité à améliorer le bien-être et la santé mentale des jeunes trans en détresse ? Je vous dit la réponse : aucune. Aucune psychothérapie dite “d’exploration”, où il s’agit d’investiguer, ou d’explorer, les causes de la transidentité d’un jeune trans, n’a jamais, jamais, apporté la preuve médicale de son efficacité. Les thérapies de conversion, qui sont le vrai nom de ces psychothérapies d’exploration, ont au contraire démontré leur efficacité à accroître la suicidalité des jeunes.

Deuxièmement, est-ce que les jeunes trans consentent à ces prétendues alternatives thérapeutiques ? Dans la très grande majorité des cas, les jeunes trans ne veulent pas que des médecins leur inculque la honte et la haine de soi. Iels veulent, pour certains d’entre eux, bénéficier de soins, y compris psychiques, qui les laissent libre d’explorer leur identité de genre, et les affirment dans leur identité de genre lorsqu’iels divulguent celle-ci.

Enfin, pour vraiment finir, je vous encourage vivement à aller sur notre site trajectoiresjeunestrans.fr, tout au pluriel, tout attaché, où nous entretenons une veille scientifique et nous vous mettons à jour des études les plus récentes sur nos sujets, qui convergent toutes vers une reconnaissance du droit des jeunes trans à vivre et s’épanouir dans la dignité et dans leur différence.

Merci vivement de votre attention !

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