Dimanche 16 juillet, 6h02. Radio Paris diffuse Le petit jardin (1972) de Jacques Dutronc et enchaîne avec un sujet sur Bernadette Soubirou.
Un tel enchaînement est « beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! »[i]
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-6-9/le-6-9-du-dimanche-16-juillet-2023-2671605
S’ensuit une mini revue de presse qui s’ouvre sur la grève du JDD contre la nomination à sa direction de l’ancien directeur du journal d’extrême-droite de Valeurs Actuelles.
6h15 : un sujet social sur une autre Bernadette, « la vie avec 883€ de retraite. Hasta la victoria sempre ». Chez elle, une affiche du « Che ». En fond sonore, une version de « Commandante Che Guevara ».
6h30 : le flash commence par la marche des fiertés à Budapest.
La séquence est emblématique de la ligne éditoriale de Radio Paris.
Bien que la station donne souvent la parole à des radoteurs d’extrême droite, les radoteurs maison de la maison ronde tiennent à souligner qu’ils ne sont pas, eux, d’extrême droite. Ils passent une chanson « écologiste » à 6h02 et s’émeuvent du sort fait à la communauté LGBTI+ dans un régime illibéral en Europe.
Mais eux-mêmes, en faisant un sujet sur une sainte le jour du seigneur, s’inscrivent dans la tradition de CNews. Inconscient, quand tu nous tiens !
Quant à la grève du JDD, a-t-on vu des journalistes soutenir avec tant de ferveur une grève des éboueurs ? Non, car en la circonstance, il y avait une exigence « sanitaire » dans la demande de mettre fin à la grève. Alors que la grève du JDD, qui est-ce qui la sent ?
Les journalistes en général la sentent, et ceux de Radio Paris, en particulier, parce qu’ils savent bien que ça pourrait leur arriver si Marine La Pen parvenait au pouvoir, privatisait la maison ronde et se mettait en tête d’y faire le ménage. Ce que demandent aussi depuis longtemps CNews, Roger et l’esthéticienne de Guillaume Meurice.
La victoire irrésistible du RN est annoncée tous les jours puisque le « cordon sanitaire » reconstitué contre la FI qui se proclame sans vergogne « arc républicain ».
J’ai employé la formule « les journalistes » au masculin pluriel, mais dimanche matin c’était l’inénarrable Carine Bécart qui était aux commandes.
On pourrait parler de langue de pute, mais je ne voudrais pas être désobligeant avec les travailleuses du sexe.
Une autre chanson de Jacques Dutronc serait plus adaptée pour résumer la ligne éditoriale de Radio Paris : On nous cache tout, on nous dit rien (1967).
https://www.youtube.com/watch?v=EBpn_GjdXas
[i] Isidore Ducasse, comte de Lautréamont.