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Billet de blog 1 août 2015

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François Rebsamen : éloge de la médiocrité ordinaire

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Salut François.

Je viens d'apprendre que tu as décidé de rejoindre ta bonne ville de Dijon et de retrouver ta sinécure de Maire de cette ville. Sinécure ? Maire, ce n'est pas facile. Avec tous les râleurs qui viennent, qui, demander un logement, qui un emploi, qui le nettoyage d'une rue ou dénoncer le voisin qui, grâce au RSA, vit largement au-dessus de ses propres moyens de smicard, la tâche est souvent ingrate. Mais, dans les grandes communes comme la tienne, il t'es aisé de faire recevoir ces importuns par un quelconque employé de mairie, voire par l'un de tes dévoués adjoints ou conseillers municipaux.

Mais la place est bonne. Tu es assuré d'y rester quasiment cinq ans, à la différence de beaucoup de ces élus socialistes qui vont être balayés par les orages à venir, les deux précédentes déroutes des européennes et des municipales n'étant que les préludes au naufrage qui s'annonce.

Sorti d'un quasi anonymat, il y a un peu moins de seize mois, tu y retournes en te réfugiant dans ton fief bourguignon. Modeste tâcheron du Parti socialiste, tu as, certes, fait une carrière sans éclats, mais durable, faisant, à chaque fois, la bonne allégeance au bon moment, sans jamais te mettre trop en avant, sans jamais exprimer une quelconque originalité de par tes idées. Rebsamen, tu es l'exemple parfait du besogneux qui évite d'être remarquable afin de ne point être remarqué. Doctrine que tu as appliquée jusqu'à ton arrivée rue de Grenelle.

Tu rêvais d'être le premier flic de France ? On t'a refilé la patate chaude de tous les gouvernements de la cinquième République, depuis 1966 : le ministère du chômage. 1966, c'est la date charnière. Après 21 ans de croissance, c'est cette année-là que le chômage a fait son retour. Un « coucou me revoilà » très discret, durant 7 ans, jusqu'au premier choc pétrolier de 1973 qui a marqué définitivement la fin de l'illusion de l'emploi pour tous.

En avril 2014, on te bombarde donc à ce poste obscur mais très exposé. Et tu l'acceptes. Qui refuserait de devenir Ministre ? C'est ton bâton de maréchal à un âge où tu ne l'espérais peut-être plus.

Ce faisant, tu es le 33ème, dans la Vème République, à accéder à cette fonction, depuis Paul Bacon, en 1959. Chacun de tes prédécesseurs est resté 20 mois en fonction, en moyenne, tant la tâche est peu gratifiante. Il n'y a que des mauvais coups à recevoir. Tu n'auras même pas tenu le temps réglementaire. Chaque mois s'égrènent les chiffres désespérants. Chaque mois, Pôle emploi aura impitoyablement asséné les sèches statistiques témoignant de ton impuissance, égale à celle de tes prédécesseurs.

Comme eux, tu as commencé par répéter, à tous les micros, la classique antienne selon laquelle « la lutte contre le chômage est la priorité la plus prioritaires de toutes les priorités. » Puis, comme la plupart de tes devanciers, résigné face à l'implacable réalité, tu as annoncé des mesures pour renforcer « le contrôle des chômeurs. » En d'autres termes, tu as appliqué la bonne vieille recette : « on ne peut rien faire contre le chômage ? Attaquons-nous donc aux chômeurs. CQFD ! »

Tu as décidé de jeter l'éponge pour retrouver ton poste d'employé modèle du PS à la mairie de Dijon où tu vas pouvoir tranquillement continuer ta carrière avant de retrouver, j'en fais le pari, la maison de retraite du Sénat dès que possible.

Toi qui as été un ministre du travail banal, tu n'as jamais vraiment su ce qu'était le travail, sauf à considérer que la politique en est un, hormis les quelques années (sans autres précisions dans ta bio) où tu aurais été administrateur territorial. Très tôt, tu as pris tes marques dans les cabinets ministériels et les ors de la rue de Solférino. Comme tant d'autres donneurs de leçons, tu as été, toute ta vie à l'abri des affres du travail et du chômage.

Gageons que ton successeur saura maintenir au plus haut niveau la médiocrité de ton action et celle de tes pairs grâce au fameux contrôle renforcé des chômeurs, ces feignants qui ne veulent pas travailler, 70 % des Français en sont convaincus et au tripatouillage des chiffres, spécialité dans laquelle les statisticiens français sont devenus des experts que le monde entier nous envie.

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