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Billet de blog 3 avril 2014

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LE MARTYRE DE SAINT FRANÇOIS DE TULLE - épisode 1

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 Épisode 1

Dimanche 30 mars 2014

En ce dimanche 30 mars de l'an de grâce 2014, l'abbé François de Tulle médite en son bureau du monastère Saint Jean de l'Humanité sis rue du faubourg St Honoré. Les messages tombent les uns après les autres apportés avec célérité par les convers empressés. Les paroisses de Toulouse, Dunkerque, Roubaix, et Limoges s'effondrent comme des châteaux de cartes sous les coups de boutoir des mécréants, opportunistes profiteurs de l'indifférence des croyants qui ont déserté les urnes sacrées. La conquête d'Avignon, Ô, ironie du sort, ancienne cité des papes, ou bien la conservation de Paris, grâce à l'habileté de sœur Anne l'Andalouse aux yeux de braise ne peut consoler l'abbé. Elle est déjà si loin l'euphorie du 15 mai 2012, lorsque les gueuses et les gueux lui ont fait, croyait-il, allégeance place de la Bastille. À 20 heures, le couperet tombe. Cent-cinquante-cinq paroisses sont passées par pertes et profits. Les prières ferventes à l'adresse de Saint Jean de l'Humanité, le chantre du socialisme lâchement crucifié en ce soir funeste de juillet 1914, dont la mémoire est disputée à l'orthodoxie par la Réforme, née lors du Concile de Tours en 1920, n'auront servi à rien Pas plus que les cierges brûlés à foison à la mémoire de François de Latche, Saint Oncle de la béatitude.

Pour le Père abbé, il est trop tard pour se rendre chez Julie, qui réchauffe désormais sa couche en lieu et place de la favorite, Valérie l'Alsacienne de feu, congédiée sans autre forme de procès. De dépit, il fait mander le prieur, frère jean-Marc.

Ce dernier quitte aussitôt sa retraite de la rue de Varenne pour se précipiter chez le Père supérieur. Dans l'ordre hiérarchique, le prieur est le lieutenant de l'abbé. Il veille à la parfaite exécution des ordres de ce dernier. Il sait qu'il ne peut le rassurer. Il est porteur de l'une des pires nouvelles de la journée. Le portier le conduit chez l'abbé. Devant la porte-fenêtre, père François contemple les canards qui cancanent tranquillement dans le parc, sous le regard indifférent de Mendès, le fidèle berger portugais. Le prieur attend respectueusement que l'abbé prenne conscience de sa présence avant de se prosterner devant lui.

- Mon père, les nouvelles sont mauvaises.

- Je sais, frère Jean-Marc. Je sais. C'est une défaite. Cent-cinquante-cinq paroisses perdues... Et les croyants qui ne sont pas allés à l'urne. Que Saint Jean nous protège !

- Mon père, je dois, hélas, alourdir votre fardeau déjà si pesant...

- Faites frère Jean-Marc. Au point où nous en sommes.

- Marine de Montretout, la diablesse de Saint-Cloud, a conquis quinze des paroisses qu'elle assiégeait avec ses affidés. À la Saint Victorien, le bien mal-nommé, Hénin-Beaumont n'était qu'un avant-goût. Mais cette Saint-Amédée est un jour funeste ! Nos ouailles n'ont pas levé le petit doigt pour nous manifester leur juste reconnaissance, les ingrats, après tout ce que nous avons fait pour eux. Ce n'est pas une défaite. C'est une déroute. Qu'allons-nous devenir, mon père ?

- Fidèle prieur, j'ai besoin de temps pour réfléchir. Dites-moi, avons nous des nouvelles de nos troupes ?

Le prieur hésite un instant...

- Il semble que Frère Manuel, le sacristain de la place Beauvau s'agite quelque peu. Il réunit, en ce moment même, ses avides dévots et autres séides. Nous devrions y prêter de l'attention. Point n'est le moment d'une débandade ou d'une manœuvre opportuniste...

(À suivre...)

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