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Billet de blog 5 mars 2016

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Myriam El Khomri, faux nez de la loi travail

Le projet de loi dit « El Khomri », au-delà du débat et des polémiques qu'il suscite dans les bouleversements qu'il va engendrer dans les rapports entre employeurs et salariés, est révélateur du fonctionnement monarchique de la Vème République.

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Lors du dernier remaniement, cette inconnue du grand public a été nommée ministre du travail. Aussitôt, le Président et le premier Ministre ne lui confient pas, non, mais lui imposent de porter un dossier de la réforme du code du travail complètement ficelé avec le concours du MEDEF et, peut-être, l'avenir nous le dira, de la CFDT en sous-main.

Que l'intéressée ait accepté cette mission en toute connaissance de cause n'est pas contestable. Mais là où la tradition, qui consiste à laisser à un ministre, des marges de manœuvre, voire, le soin d'élaborer un projet de loi de A à Z, ici tout se passe autrement. Dès l'instauration du CICE, du pacte de responsabilité et de solidarité, tout le monde savait que les socialistes prenaient un nouveau virage libéral.

Après la production de nombreux rapports, dont les derniers établis par Jean-Denis Combrexelle et Robert Badinter, ce dernier utilisé comme caution de « gauche », sur les soi-disant rigidités du marché du travail, celles-ci sont désormais les raisons officielles du chômage de masse persistant que connaît notre pays. Passés sous le tapis la mondialisation, la concurrence sauvage au sein de l'Union européenne, les progrès technologiques et l'économie numérique. Le coupable, c'est le code du travail. CQFD !

Bien avant l'arrivée de Myriam El Khomri rue de Grenelle, la messe était dite. Le patronat était entendu, avec également, l'espoir que la CFDT joue son rôle de béquille du gouvernement comme à son habitude.

Après le départ de François Rebsamen, pâle ministre, parti se réfugier en ses terres bourguignonnes après les déroutes électorales des municipales, des régionales et des départementales, il fallait donner un visage à la réforme. Ce choix s'est porté sur Myriam El Khomri, une employée ordinaire du PS. Une femme et jeune, à la tête d'un des plus importants ministères, ça avait de l'allure. Sauf qu'elle a pris son poste avec des instructions précises, sans marge de manœuvre aucune. Elle, qui porte aussi la responsabilité du dialogue social, Manuel Valls lui a coupé l'herbe sous le pied en déclarant, à plusieurs reprises, que la loi serait votée telle qu'elle, quoiqu'il arrive, donc sans discussion, y compris au sein de la majorité gouvernementale, avec la menace du 49-3 à la clé.

Même sous Mongénéral, on a connu mieux en matière de respect des responsabilités des détenteurs de portefeuille ministériel.

Sans nier la responsabilité propre de la ministre, après tout, connaissant parfaitement les conditions dans lesquelles elle devrait défendre la réforme, elle pouvait refuser le poste, ou, tout au moins, négocier ses marges de manœuvres, elle est finalement renvoyée au statut du cadre subalterne de n'importe quelle entreprise, sommée de mettre en œuvre un projet sur lequel elle n'a pas eu un seul mot à dire.

Si un reproche peut-être adressé à Myriam El Khomri, ce n'est pas celui de donner son nom à cette réforme, mais d'accepter de servir de prête-nom, ravalant la fonction ministérielle à celle de simple exécutant.

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