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Billet de blog 5 mai 2014

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LE MARTYRE DE SAINT FRANÇOIS DE TULLE - épisode 11

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 Épisode 11

Lundi 5 mai 2014

Le Prieur s'entretient avec Sœur Najat la Bienheureuse. Son sourire et le calme dont elle ne se départit jamais, quelques soient les circonstances, lui donnent la sérénité dont il a tant besoin.

- Votre idée d'une « école de l'entrepreneuriat » pour les jeunes est excellente Soeur Najat. Mais, dites-moi, entre toutes nos grandes écoles, nos universités que le tiers-monde nous envie, n'est-ce point une strate supplémentaire ?

- Mais non, prieur. Il s'agit de faire le « beuze » dans les tuyaux cybernétiques et sur les étranges lucarnes. Ça ne coûtera pas un liard. Il suffira de secouer les puces des clercs qui besognent dans les APE – agences paroissiales de l'emploi – afin qu'ils dénichent quelques centaines de jeunes sur les cinq-cent-trente-mille désoeuvrés qui croupissent dans les fichiers pour les expédier promptement en stage d'entrepreneuriat. Pour financer l'opération, nous pomperons dans les cassettes des évêchés qui sont en charge de la formation professionnelle. L'entreprise, c'est dans l'air du temps, non ?

- Oui mais, cela fera-t-il remonter notre cote de popularité ? Les élections au Saint Empire Bruxello-germanique approchent...

Soeur Najat offre au Prieur son sourire le plus éclatant, celui qui fait craquer les libellistes à tous les coups.

- Mille ou deux-mille jeunes en stage sortiront un temps des statistiques du chômage. Je vais de ce pas mettre la pression sur Frère François le Patient, le Ministre du chômage, pour qu'il mette en œuvre ce projet. Demandez-donc à vos conseillers de préparer une communication. Il vous faudra rapidement rendre visite aux premiers stagiaires, pour passer dans les « vingt-heures. » Rappelez-vous ce que disait Jacques la Chirouette : « l'important n'est pas d'agir, mais de donner à la populace le sentiment qu'on agit... »

Pendant ce temps, l'Abbé s'entretient avec le dépositaire. La situation est grave. Alstom, entre-autres fabriquant des mystérieux chaudrons qui procurent chaleur et bien-être au pays, va passer sous pavillon étranger. L'Abbé boit une gorgée de sa tisane et s'adresse ainsi à Frère Arnaud.

- Que pouvons-nous faire ? Pouvons-nous nous opposer au dépeçage d'Alstom ?

- Non, mon Père. Nous sommes impuissants. Vous savez que notre économie, comme celles des autres pays est gouvernée selon les règles de la Fraternité de Saint-Milton de Chicago. La main invisible du marché, la fortune des nantis ruisselle sur les gueux, etc, etc... De plus, l'un des principaux actionnaires d'Alstom, jadis notre allié, Martin de la Bétonneuse nous fait défaut. Il soutient le projet de vente aux Étatsuniens...

- Nous allons rester les bras ballants ?

- Mais non, mon Père. Je vais m'agiter devant micros et caméras pour faire accroire au bas peuple que nous faisons tout ce que nous pouvons pour empêcher ce forfait. Bien sûr, j'échouerai, comme à l'accoutumée....

L'Abbé coupe Frère Arnaud dans sa diatribe.

- Il n'existe aucune autre solution ?

Frère Arnaud réfléchit quelques brefs instants.

- Il y bien une alternative... Il nous faudrait acheter des actions du chaudronnier pour quelques millions et bloquer le processus de vente. La Fraternité Saint Milton de Bruxelles nous traînerait devant les tribunaux pour entrave à la libre entreprise. Dès lors, nous serions déchargés de toute responsabilité dans cette affaire...

(À suivre)

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