Claude Cherblanc (avatar)

Claude Cherblanc

Retraité du service public de l'emploi

Abonné·e de Mediapart

155 Billets

1 Éditions

Billet de blog 12 avril 2014

Claude Cherblanc (avatar)

Claude Cherblanc

Retraité du service public de l'emploi

Abonné·e de Mediapart

LE MARTYRE DE SAINT FRANÇOIS DE TULLE - épisode 7

Claude Cherblanc (avatar)

Claude Cherblanc

Retraité du service public de l'emploi

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Épisode 7

Samedi 12 avril

La semaine a été riche en évènements. Pour seconder les frères et sœurs nommés au ministère du Catalan, il a bien fallu créer des fonctions de Novices dont Désiré de la Courneuve, en difficulté à la tête du Sanctuaire. On l'a nommé aux affaires européennes où il ne sera point nuisible. Son effacement naturel qui confine à l'invisibilité renforcera l'opacité des machinations que trament la Chancelière de fer et le Fidalgo Barroso. Il saura convaincre la populace que tout ceci ne la concerne pas. L'ignorance totale de Désiré de la Courneuve des rouages complexes du Saint Empire Bruxello-germanique est un gage de réussite incontestable. Ce noviciat européen a toujours été le placard des incompétents et des relégués du pouvoir. Dans l'ombre, la Fraternité Saint Milton de Bruxelles, filiale de celle de Chicago fourbit ses armes...

Quitte à faire le ménage, l'Abbé a décidé de le faire à fond. Il congédie le confesseur général de la rue du Faubourg Saint-Honoré, qu'il recase à la Cassette des dépôts et remises, le bras armé de l'abbaye, afin qu'il ne braie point dans les étranges lucarnes ou à la TSF. Il le remplace par son ami le plus proche, le Parfuge – mot-valise désignant tout à la fois un parjure et un transfuge - lui-même dernièrement à la tête de cette même Cassette. L'homme est proche des riches dont la possible révolte hante le régime. Il servira l'Abbé avec autant de célérité qu'il a servi le prédécesseur de ce dernier, Nicolas Du Racel de Neuilly. Qu'importe le sens du vent, il faut s'inscrire dans le lit de la girouette. L'ostéopathe personnel du Parfuge est réputé dans tout Paris pour rendre souples les échines les plus récalcitrantes. Son tailleur attitré fournit également en vestes reversibles tout ce que le Sanctuaire compte de notables et bien au-delà.

Vers dix heures, l'abbé et le Parfuge se concertent...

L'Abbé laisse percer quelque inquiétude.

- Confesseur, n'avons-nous pas été un peu loin dans ce grand nettoyage ? Les observateurs sont d'une grande férocité à l'égard de ma personne.

- Bien au contraire, mon Père. En encerclant le Catalan de vos plus fidèles soutiens, vous le réduisez à l'impuissance et le condamnez à l'échec. Il ne devrait point-être une menace envers vous en 2017. Son discours a su séduire les libellistes et clore le bec de votre opposition qui s'en est retournée aussi sec à ses guerres internes et ses tracas judiciaires.

- Le Fidalgo et la Margrave nous menacent à nouveau...

- Nous obtiendrons un nouveau délai pour satisfaire à leurs exigences. Le Dépositaire et le Cellier ont eu, lors de leur visite à Berlin, une attitude empreinte de l'humilité suffisante. Comme votre prédécesseur, nous naviguons de délais en délais et avons toujours obtenu gain de cause...

L'abbé, d'un air distrait, finit d'envoyer un texto. Il se tourne à nouveau vers son Confesseur général.

- Le Prieur aurait, hier, consulté toute la journée.

- Oui mon Père. Il a reçu les confédérations de pue-la-sueur pour s'encquérir de leurs avis sur ce qui est déjà décidé sans eux. Leurs divisions sont telles qu'il n'y a rien à craindre de ce côté là. Il a également reçu les corporations de manufacturiers et des banques pour s'informer des meilleures manières de les satisfaire.

- Fort bien. Ça l'occupe et, pendant ce temps, il ne cherche pas à me nuire...

Il est huit heures. Le soleil s'apprête à faire sa nuit. L'heure est venue de la béatitude. L'Abbé remercie le Parfuge. D'un tiroir de son bureau, il sort un téléphone mobile secret. Un bref coup de fil à Kevin, son fidèle scootériste qui l'attend déjà.

Pendant ce temps, sous l'indifférence de la plupart des observateurs, la Margrave du Brandebourg est en visite chez les Héllènes, afin de vérifier si les moutons y sont bien tondus. Dans le Saint Empire Bruxello-germanique, l'ordre doit régner partout, y compris dans ses confins les plus arriérés...

(À suivre)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.