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Billet de blog 17 avril 2014

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LE MARTYRE DE SAINT FRANÇOIS DE TULLE - ÉPISODE 8

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Épisode 8

Mercredi 16 avril 2014

Hier, le Guide suprême des manufacturiers, Pierrot la Sangsue, a exigé qu'il n'y ait plus de salaire minimum pour les pue-la-sueur juvéniles. Même Sainte Laurence des Nantis, sa prédécesseure l'a désavoué, le qualifiant d'esclavagiste.

À l'abbaye, l'ambiance est sinistre, après que le Prieur eût présenté son plan d'économies, à l'issue du conseil monastique de ce mercredi. Il est 17 heures. L'Abbé s'entretient avec le confesseur général, le Parfuge.

- Je crains que la populace ne devienne remuante après ce qui vient d'être annoncé par Frère Manuel... Geler les retraites va dresser les vieux contre nous, Parfuge.

- N'attachez point d'importance à cela, mon Père. Les vieux votent majoritairement pour les troupes du Baron de Meaux et celles de la diablesse de Montretout quoiqu'on fasse en leur faveur ou défaveur. Le vieillard privilégie toujours l'ordre à la justice sociale. C'est inhérent à sa sénilité.

- Et le coup de sabre dans les faveurs accordées à nos nécessiteux ?

- Il y a belle lurette qu'ils ne vont plus à l'urne sacrée. De plus, la majorité de la populace les considère comme des parasites, en particulier les désoeuvrés, taxés de se complaire dans l'oisiveté, et les souffreteux, surtout les vieux qui coûtent cher en pensions et soins.

- Nous allons également nous mettre à dos les intendants des provinces et des bourgs en leur sucrant onze milliards pour l'administration de leurs châtellennies. Une bonne partie d'entre-eux nous était acquise.

- Ils vont maugréer quelques temps et puis ils rentreront dans le rang, comme les élus des temples haut et bas. Certes, ils ont peur pour leur gamelle, peut-être. Certains viennent de mordre la poussière. Mais ceux qui restent ont besoin du sanctuaire pour espérer se maintenir en place. Au besoin, nous les menaceront de ne plus les adouber pour les prochaines votations.

- Vous avez réponse à tout, Parfuge. Mais geler les émoluments de cinq millions de nos commis, dont les votes nous sont traditionnellement promis...

Le Parfuge coupe l'Abbé.

- Les commis viennent de vous lâcher, mon Père. Et n'oubliez pas qu'ils ne représentent que douze pour cent de l'électorat.

L'Abbé consulte son smartphone. Il prend connaissance des ses textos. Un tendre message de sa nouvelle favorite, une vacherie de la précédente et un ultimatum de Ségolène de l'Égotitude qui exige une entrevue sur le champ. Il repose l'appareil et boit une dernière gorgée de sa tisane amincissante.

- Les mesures annoncées par le Prieur sont sans précédent. Il me faut peut-être intervenir sur les étranges lucarnes pour les expliquer à la populace ?

Le Parfuge réfléchit quelques instants.

- Gardez vous-en, mon Père ! Depuis deux ans, vous avez été bien trop présent publiquement. C'est la raison pour laquelle tout le monde vous rend responsable de tout. Vous avez commis la même erreur que votre prédécesseur, Nicolas du Racel de Neuilly, que j'ai fidèlement servi. Tirez donc profit du Prieur ! À lui d'endosser vos reniements, vos trahisons et les décisions impopulaires ! Par votre silence, il sera seul à porter la mître ! En revanche, si quelque bonne nouvelle venait éclairer notre horizon, c'est à vous de la porter à la connaissance de la plèbe. Soutier, tel est le destin du Prieur. Le vôtre est de flatter les masses. Écoutez donc le plus intelligent des politiciens, le Sieur Machiavel : « Les grands hommes appellent honte le fait de perdre et non celui de tromper pour gagner. »

(À suivre)

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