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Billet de blog 18 novembre 2014

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MACRON : CACHONS CETTE GOINFRERIE QUE LA POPULACE NE SAURAIT VOIR...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Emmanuel Macron annonce, aujourd'hui, que le gouvernement « souhaite supprimer les retraites chapeau et les remplacer par un dispositif de droit commun. » Au premier abord, l'intention semble louable. Mais la méfiance est de mise parce que l'hypocrite scénario se produit à chaque fois. En premier lieu, la presse annonce que tel grand patron va toucher le pactole. Aujourd'hui, il s'agit de Gérard Mestralet qui devrait toucher 831.641 euros de retraite complémentaire annuelle. Aussitôt, les responsables politiques de tout bords poussent des cris d'orfraie. La majorité en place annonce qu'elle va prendre des mesures, puis, plus rien, jusqu'au prochain scandale.

Or, les retraites chapeau ne sont que la partie émergée de l'iceberg.

Notre oligarchie, puisque, ça en est une, se répartit en quatre grands corps, liés entre eux par des passerelles qu'ils ont patiemment construites et qui sont interdites au vulgum pecus, à de rares exceptions près et par une solidarité sans faille : la communauté des professionnels de la politique ; le monde de la finance ; les dirigeants de grandes entreprises et l'ensemble de la haute administration. Ces gens représentent une caste verrouillée, veillant jalousement à ses intérêts.

Dans ce monde là, protégé de tous les aléas auxquels sont soumis les Français de base, constitue une sorte de noblesse républicaine. Dans ce monde là, les notions de « droite » et de « gauche » n'ont aucun sens. Seule la cooptation prévaut.

En théorie, chacun peut, à condition qu'il le mérite, devenir inspecteur des finances, député, banquier ou dirigeant d'entreprise. En réalité, c'est faux. Ces corps sont figés et quand renouvellement il y a, il est alimenté de l'intérieur, rarement de l'extérieur, tout ressourcement idéologique étant exclu. Le résultat est que les politiques menées successivement par les socialistes et la droite utilisent les mêmes recettes, avec des différences marginales.

Le débat démocratique en est logiquement éclipsé, d'une part, par les pitreries des acteurs de la politique, véritables professionnels de la langue de bois et, d'autre part, la réduction du bulletin de vote à un simulacre de démocratie, puisqu'il ne sert à rien.

Les médias, à de rares exceptions près, sont soumis ou se soumettent à la pensée dominante et la diffusent aux masses. Il s'agit d'une sorte de dictature « douce. » Pas besoin de police politique ou de forces de répression. TF1 et la grande distribution s'occupent du temps de cerveau disponible.

Certains oligarques feront toute leur carrière dans l'un de ces corps. D'autres navigueront de l'un à l'autre au fil des années, grâce aux passerelles citées plus haut.

Cette élite présente une caractéristique évidente : elle est la seule classe sociale qui échappe au sort commun. Leur revenus sont assurés et en croissance régulière quelque soient les évolutions de l'économie à l'inverse de la population française qui vit les vit concrètement, dont les 9 millions de pauvres, les retraités fauchés et les 5 millions de chômeurs.

Chaque corps décide des avantages dont ses membres bénéficient. Imaginez les chômeurs décider du montant de leurs allocations ! Les retraites chapeau, des salaires hallucinants et des gros bonus pour les uns, des retraites de haut niveau, une protection sociale de luxe et de grosses indemnités pour les parlementaires, les hauts-fonctionnaires, les Financiers battant tous les records, en faisant payer en plus, par d'autres, les errements dus à leur cupidité sans jamais perdre le moindre liard !

Les déclarations de patrimoine des membres du gouvernement sont éclairantes. Certains d'entre-eux qui n'ont jamais ou quasiment jamais travaillé – sauf à considérer que la politique est un métier - ont pourtant réussi, au fil de leurs mandats et responsabilités exercées, à se constituer des patrimoines soumis à l'ISF !

Le fond du problème est que, désormais, cohabitent deux classes sociales : l'immense majorité des Français, d'une part, soumise aux règles communes, celles-ci étant fixées, d'autre part, par cette oligarchie qui s'en affranchit, bien à l'abri dans sa forteresse.

Son cynisme atteint des sommets quand elle se permet de pointer du doigt les salariés et le fameux « coût » du travail ; les immigrés, qui viennent se gaver de prestations sociales ou bien encore, les chômeurs soupçonnés de ne pas chercher de travail. Cerise sur le pompon, la classe dominante a même réussi à convaincre la majorité des Français que c'était vrai grâce aux médias qu'elle possède et/ou contrôle.

Dans les années 30, on parlait des « 200 familles. » En 1789, la noblesse a été renversée, parce qu'une autre classe sociale voulait prendre les commandes : la bourgeoisie.

La question n'est pas seulement de supprimer les exorbitantes retraites chapeau. La vraie question est de contraindre les « élites » à rentrer dans le droit commun, de mettre fin à la noblesse républicaine pour redonner du sens au bulletin de vote. Comment ? Je n'en sais rien. Il y a plein de blogueurs sur Mediapart et ailleurs qui avancent des propositions.

Le problème de ces gens, qui prétendent diriger le pays est, que de temps en temps, « ça se voit un peu trop. » Alors on sert les éternelles pitreries pour faire passer la pilule à l'opinion. C'est ce qui se passe à nouveau aujourd'hui avec l'affaire Mestralet. « Mon cher ami, continuons à nous goinfrer, mais évitons que Mediapart ou le Canard enchaîné ne nous jettent en pâture. »

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