Ils pourraient se pencher, s’ils en ont le temps, et que les rédactions leur en donnent les moyens, sur les relations sulfureuses entre le chef d’État d’une démocratie et un dictateur coupable de l’attaque contre le vol Pan Am 103 au-dessus de Lockerbie, en Écosse, en 1988 – 270 victimes - et celle contre le vol UTA 772 au Niger, en 1989 – 170 victimes.
Sarkozy voulait vendre massivement des armes ainsi qu’une centrale nucléaire au criminel Kadhafi. Il faut être sacrément tordu pour envisager, ne serait-ce qu’une seule seconde une telle folie. Pour lui permettre de commettre d’autres attentats terroristes ? Pour massacrer encore plus de Lybiens ? Pour donner à ce salaud l’espoir, comme les théocrates iraniens, de pouvoir nous balancer une bombe atomique sur la gueule ?
Heureusement, ça ne s’est pas fait. Mais Sarkozy n’a pu s’empêcher d’inviter le monstre à planter sa tente dans les jardins de l’Élysée, en décembre 2007, humiliant notre pays. Cette visite a été dénoncée, il faut le signaler, par la Secrétaire d’État aux droits de l’homme de l’époque, Rama Yade. J’ai été bouleversé par cette humiliation. Je précise que, si la Droite et l’extrême-droite française, s’approprient, ignoblement, le patriotisme, sous couvert de nationalisme, ce que je conteste bien évidemment, je précise que je suis de gauche et que j’aime mon pays et que je suis patriote.
Me concernant, j’ai avant tout une pensée pour celles et ceux qui ont subi les agissements du führer de Tripoli, les victimes des deux attentats aériens autant que pour les martyrs lybiens, les emprisonnés à vie, les assassinés, les blessés, les torturés, les disparus, les familles brisées, un peuple assujetti, sinistre bilan de 42 longues années d’un pouvoir abject. « Le ventre est encore fécond d’où surgit la bête immonde » a dit Berthold Brecht. De Poutine à Jinping, en passant par Trump, Milei et Kadhafi, peu importe l’idéologie, politique, économique ou religieuse, le nombre de tarés qui sont au pouvoir augmente de façon exponentielle. J’ai peur. Mais je digresse. Là n’est pas le sujet, quoique...
Pétain a été jugé coupable d’intelligence avec l’ennemi et haute trahison en août 1945. Un peu plus de six décennies plus tard, un Président français décide de faire des affaires avec une crapule de la pire espèce : Kadhafi !
Sarkozy, délinquant condamné à plusieurs reprises, a aussi des antécédents notoires, qui, s’ils ne sont pas pénalement punissables, qualifient bien le personnage. Quand il a trahi sans vergogne son mentor, Charles Pasqua, pour lui piquer la mairie de Neuilly-sur-Seine, en 1983, puis Jacques Chirac, en 1995. Il a même fait tout ce qu’il a pu pour se disculper lors du jugement de l’affaire lybienne en lâchant ses complices, Guéant, Gaubert et Hortefeux. La trahison, chez Sarkozy, est une première nature. Dans la Mafia, il paraît qu’il y a un code de l’honneur. Dans cette histoire, soyons en sûr, il n’y en a pas. La route de Sarkozy vers le pouvoir ne supporte pas le moindre obstacle, surtout quand il est issu de son propre clan.
Menteur, dissimulateur, démagogue, hâbleur, baratineur, félon, fabulateur, magouilleur, il rassemble un nombre remarquable de « qualités » qui font de lui un arriviste et un imposteur de haut niveau, contribuant à entretenir l’opinion publique dans le sentiment du « tous pourris » tout en rassemblant, autour de lui, un nombre impressionnant d’adeptes, tel un gourou, les quelques fanatiques rassemblés pour l’accompagner avant son incarcération à la prison de la Santé nous le démontrent. Beaucoup de nos concitoyens sont prêts à l’instauration d’un pouvoir fort dont ses dirigeants fixeraient les lois auxquelles eux-mêmes ne seraient pas soumis.
Or, l’immense majorité de nos élus, communaux, départementaux, régionaux, parlementaires, ministres, sont honnêtes et leur réputation injustement entachée par les agissements des Fillon, Strauss-Kahn, Cahuzac, Noir, Tron, Balkany, Le Pen, Carignon, Flosse, Guérini, Médecin, Mégret, Tapie, Tévenoud, Tiberi, Sarkozy, etc. Certes, la liste est longue et s’étale sur plusieurs décennies. Mais elle est bien courte en rapport des milliers d’élus, de tous niveaux et tous bords qui s’efforcent d’administrer honnêtement ce pays. Non, je ne fais pas partie des adeptes du « tous pourris ». C’est pourquoi il faut appliquer la loi à celles et ceux qui utilisent leurs fonctions pour l’enfreindre pour se servir et non servir.
Après tout, avec ces cinq ans de prison, l’ancien Président paye l’addition de ses turpitudes en bloc. Ça n’est pas cher payé, quand on y regarde de près. Et 9m2 de béton, c’est suffisant pour l’envergure du personnage.
En conclusion, les médias traditionnels, écoutés et regardés par encore une majorité de français, devraient se pencher à nouveau sur les archives de l’histoire. Celle-ci, quoiqu’on en pense, même s’il paraît qu’elle ne se reproduit pas, reste indispensable pour éclairer l’avenir.