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Billet de blog 27 août 2024

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MA RENTRÉE, ÇA VOUS INTÉRESSE ?

Ça sent la rentrée. Ordinaire, avec son lot habituel de factures obèses, vue qu’elles ne sont pas abonnées à Comme j’aime, les bombes qui tombent un peu partout sauf sur nos tronches, du moins jusqu’à présent, le retour de Cyril Hanouna (mais est-il jamais vraiment parti?), les politiciens qui veulent nous convaincre que ça sera mieux demain sans nous garantir que ça sera moins pire qu’hier.

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Un nouveau copain à dix pattes

Lot de consolation, les chiards retournent à l’école. Bien fait pour eux. Mais pour vous, géniteurs irresponsables, ça n’est qu’un sursis. Ils vont grandir. Comme le disait mon ami Hercule Poivrot : « Les adolescents sont des êtres diaboliques envoyés sur Terre pour châtier les parents d’avoir fait des enfants ». Mais je digresse.

Pour moi, cette rentrée est particulière. Afin de tenir compagnie à mon chien, mon chat et mes quatre poules - Aurore, Sibeth, Brigitte et Marlène, baptisées ainsi parce qu’elle caquètent avec un débit de mitraillette - le sort m’a envoyé un crabe, alors que je n’avais rien demandé à personne. Depuis trois mois, lui et moi faisons du tourisme médical, de scanner en pneumologue, de gastro-entérologue en cancérologue oncologue, d’IRM en coloscopie, etc. Mon crabe et moi sommes désormais du gibier de cabinets médicaux.

Que dire ? Et bien, tous ces professionnels sont aimables et compétents. C’est simple : nous sommes tellement bien suivis que nous en sommes cernés. Pour mes soixante-dix ans et la naissance de mon meilleur ennemi, on nous offre quelque séances de radio et chimiothérapie.

Le pronostic est favorable, si j’ose dire. Détection précoce, cellules farceuses peu nombreuses, sans métastases. Je devrais probablement m’en sortir, à la différence, hélas, du regretté Pierre Desproges.

L’humour est comme le café, meilleur quand il est très noir (B.Cèbe)

J’ai fait rire quelques infirmières, trop jeunes pour avoir connu l’humoriste avec l’une de ses plus hilarantes citations : « Noël au scanner, Pâques au cimetière ». Ce qui est bien avec l’humour, surtout quand il est noir, c’est qu’il détend l’atmosphère et qu’il rassure le personnel médical. Beaucoup plus de patients se devraient de rassurer les blouses blanches. Si, majoritairement elles sont mal payées, elles n’en sont pas moins indispensables à nos vies. Dans le monde capitaliste, la grève des services d’urgence à l’agonie, par exemple, est bien plus dommageable que celle des florissants actionnaires du CAC 40, gavés jusqu’à plus faim.

Les deux manipulatrices radio ont pouffé quand je leur ai cité Jules Romains : « La santé est un état précaire qui ne laisse présager rien de bon ». Elles n’avaient jamais lu Knock ou le triomphe de la médecine. Elles vont peut-être s’y mettre, ça les aiderait à prendre du recul dans l’exercice de leur profession, ce qui leur ferait du bien et, par ricochet, à nous aussi.

La vie est ce qui arrive quand on a d’autres projets (J.Lennon)

Une autre chose qui m’a frappée, c’est que je ne risque plus d’oublier mon patronyme et ma date de naissance. À chaque fois que je pénètre dans un quelconque lieu de savoir médicinal, on me demande de les réciter, ce que je fais consciencieusement sans jamais me tromper. Pour l’instant, l’ami Aloïs croupit en salle d’attente. C’est déjà ça.

En attendant, la solidarité nationale a mis à ma disposition un automédon et son attelage qui me charroient chaque jour au Havre afin que je puisse bénéficier de tous les progrès de la médecine moderne, ce qui est bien le moins dans notre startupnachione.

En résumé, je suis chouchouté et bénéficie enfin du fruit des cotisations patronales durement gagnées à la sueur de mon front pendant des décennies.

En conclusion, j’ai enfin compris que je ne suis pas éternel et qu’à compter de maintenant, la vie a peut-être décidé, dans sa grande bonté, de m’offrir du rabiot. Rabiot dont je compte bien profiter de chaque bouchée avec délectation.

Le 27 août 2024

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