En 1982, les socialistes au pouvoir ont procédé à l'acte 1 de la décentralisation, avec, parmi d'autres, deux changements majeurs : la transformation des établissements public régionaux en collectivités territoriales de plein droit avec l'élection du conseil régional au suffrage universel, d'une part et la suppression de la tutelle administrative des préfets sur toutes les collectivités, d'autre part.
Les maires, les présidents des régions, des conseils généraux, des communautés urbaines, communautés de communes ont été émancipés par l'État.
L'acte 2, mené par le gouvernement Raffarin, en 2002/2003, a institué l'autonomie financière des collectivités territoriales et de nouveaux transferts des compétences de l'État. Il a également été inscrit dans la Constitution, la notion de « République décentralisée. »
Aujourd'hui, on passe à l'acte 3, avec la fusion des régions. Cela va-t-il améliorer la vie des Français, réduire le chômage, relancer l'activité économique, renforcer la démocratie ? La réforme n'aborde aucunement ces sujets qui ne semblent pas intéresser qui que ce soit dans notre personnel politique.
Non, pour l'instant, ce qui les mobilise, c'est le choix des nouvelles capitales régionales. C'est déjà la guerre, dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, entre Amiens et Lille. Le chef de l'actuelle région Haute-Normandie plaide, bien entendu, pour Rouen, au détriment de Caen (Basse-Normandie) au prétexte que l'agglomération rouennaise compte plus d'habitants que sa rivale basse-normande, sur le thème « j'en ai une plus grosse que la tienne. »
Que dire de la Lorraine, de la Champagne-Ardennes et de l'Alsace. Là, ça va être une bagarre à trois. Metz, Reims ou Strasbourg ? Ça va être féroce, dantesque !
Une fois les choix faits, va-t-on nous construire, à grands frais, de nouveaux « hôtels de région ? » Bouygues, Vinci et autres rapaces, déjà gavés d'argent public, sont à l'affût.
Gageons que la guerre des égos va leur rapporter gros.