claude CLANET (avatar)

claude CLANET

Professeur émérite Sciences Humaines

Abonné·e de Mediapart

12 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 mars 2010

claude CLANET (avatar)

claude CLANET

Professeur émérite Sciences Humaines

Abonné·e de Mediapart

Hommage à Jean FERRAT…

claude CLANET (avatar)

claude CLANET

Professeur émérite Sciences Humaines

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

(Par Zhora Guerraoui)

"Jean Ferrat est mort!"… C'est mon mari qui m'apprend la nouvelle, ce samedi 13 mars vers quinze heures. Je suis devant mon ordinateur en train de travailler. La terrible nouvelle a du mal à pénétrer mon cerveau. Je la refuse. Je jette un regard noir à mon mari, lui signifiant qu'on ne plaisante pas sur ce sujet. Connaissant mon admiration pour ce poète-chanteur, je pensais qu'il me taquinait… Mais très vite, j'ai compris qu'il disait vrai… Sur l'écran de son ordinateur, sur le site "Rue 89", la nouvelle est inscrite en gros caractères…

J'ai quelques secondes de vide… puis les souvenirs affluent à ma mémoire. Je pense à la première fois où j'ai rencontré cet homme… non pas physiquement mais à travers ses chansons : mon frère venait d'acheter son album "Ferrat chante Aragon". J'ai été conquise. J'avais à peine 16 ans… mais ces textes me parlaient. Oui, va-t-on me rétorquer, mais c'était du Aragon et pas du Ferrat. Certes… mais Ferrat, par sa musique, par sa voix a su les sublimer, les rendre vivants, accessibles… les faire aimer à une adolescente que rien ne poussait vers la poésie. Grâce à Ferrat, j'ai découvert d'autres poètes : Maïakowski, Gracia-Lorca, Desnos, Machado, etc… tout un univers de combats, de résistance, d'engagements… d'espoir aussi en un monde meilleur, de fraternité, de respect et d'amour.

Grâce à Jean Ferrat, j'ai eu envie d'en savoir davantage sur l'histoire de notre siècle : révolution russe, chinoise, guerre d'Espagne, deuxième guerrs mondiale, etc. et à travers cette aventure, c'est ma conscience politique qui émergeait. Nièce de résistants algériens, fille d'ouvrier immigré, je me reconnaissais dans ces combats, dans cette aspiration à un autre monde. Ferrat m'a ouvert d'autres horizons, m'a amenée à m'interroger sur ce monde, à refuser tout asservissement d'où qu'il vienne, à dire non, à m'impliquer dans la vie de la cité. "Potemkine", "nuit et brouillard", "ma France", "bilan"… et bien d'autres titres sont des repères pour moi. Ils symbolisent les drames du vingtième siècle mais aussi la volonté de l'homme de toujours rester debout, dignement, pour faire vivre un idéal.

Merci pour tout cela Monsieur Ferrat. Pour moi, vous êtes une référence et j'espère que mon fils prendra autant de plaisir que moi à vous écouter…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.